Directeur de la publication, rédacteur en chef et directeur artistique de Culture Cuisine, Jérôme Alberola s'est surtout fait connaître avec son énormissime Anthologie du hard rock en 2009. Ill récidive fin 2010 avec L'anthologie du rock progressif, toujours chez Camion Blanc, un pavé de plus de 800 pages, que je n'ai pas encore entièrement lu, et qui n'est pas moins que la nouvelle Bible consacrée au genre. En général, je pinaille sur le choix de tel ou tel artiste. Ici, impossible, ils y sont tous, et même d'autres qui se rattachent au genre par quelques titres ou albums (Radiohead ou Massive Attack par exemples). Les choix sont expliqués, justifiés, argumentés. Non, pour cette somme sur un style musical, je n'apporterais de critiques négatives que sur l'image. En fait, le bouquin est inattaquable tant il est bien écrit, réfléchi et construit avec intelligence et logique. il n'y a que deux petits trucs qui me chagrinent. Premièrement cette immonde couverture : honnêtement, il n'y avait vraiment rien de mieux pour représenter le rock progressif ? Et cette espèce de vaisseau pour commencer chaque chapitre, sans déconner, ça vient d'où ?. Deuxièmement, si cette somme enquille les chroniques (plus de 160 articles détaillés sur les albums majeurs du genre), les textes sur le pourquoi du comment (contexte politique, musical, culturel, tout y est analysé) et raccroche la musique à d'autres arts, on ne trouve pas la moindre pochette ! Jérôme Alberola consacre de nombreuses pages à nous dire combien elles sont importantes mais nous n'en verrons aucune... Problème de droits ? De place dans le livre ? C'est un gros manque en tout cas. Gros et en même temps le seul car faut-il le répéter, tout y est. Tout. Et extrêmement bien écrit (peut-être trop pour ceux qui ne sont pas doués avec les adjectifs de plus de trois syllabes), clair, précis, avec ce qu'il faut de références, de définitions, d'extraits de paroles, d'anecdotes, de liens, de sources lointaines (le classique), de prolongements (la techno), de listes... L'auteur sait ce que recherche le lecteur et le lui donne. Rarement lire aura donné autant envie d'écouter autant de musique... Et pour ceux qui pensent que le rock prog' est essentiellement un mouvement des seventies (Pink Floyd, Genesis, King Crimson, Emerson Lake & Palmer, Gong, Ange, ...), Jérôme Alberola démontre que les années 80 (avec essentiellement Marillion et Pendragon) et les deux dernières décades ont elles aussi livré bon nombre d'excellents groupes progressifs (Opeth, Porcupine Tree, Goldfrapp, Dream Theater, The Mars Volta, Royksopp...). Bref, un must have pour les jeunes et les moins jeunes amateurs de voyages musicaux... en ailleurs.