La discothèque parfaite de l’odyssée du Rock La première édition ayant été sujette à débat, revendications, plaintes et suppliques, Gilles Verlant et Thomas Caussé ont revu leur copie et après leur top200 passent aux "300 meilleurs albums" qui composeraient, selon eux La discothèque parfaite de l'odyssée du Rock. Les auteurs sont aussi animateurs sur la radio Oui FM, une radio connue pour être une radio ... euh ... parisienne. Après un petit tour sur leur site je découvre le top10 de leur playlist et, sans déconner, le 7 janvier à 10h50, dans ce top 10 on trouve dans l'ordre : Benjamin Biolay, Charlie Winston, Green Day, Indochine, JP Nataf, Lily Allen, Muse, Olivia Ruiz, Revolver et Vanessa Paradis. Pour une radio "Plus libre plus Rock", ça fait peur, (au moins) 80% de déchets dans le top10, c'est impressionnant. Mais bon passons, on s'intéresse aujourd'hui à l'écrit et au pavé de prés de 400 pages sur le Rock.
Après une belle introduction sur les racines du rock, la discographie parfaite (sic) commence en 1963 avec Bob Dylan, chacun des 299 disques suivants (dans l'ordre chronologique de sortie) a lui aussi le droit à une page avec une sorte de chronique qui mêle habilement contexte de l'époque, influences, informations sur le style, détails sur la vie du groupe, ... avec la pochette, le track listing et en bonus deux cadres dans lesquels on retrouve un encart sur une anecdote ou un fait para-musical ou non : par exemple pour Nevermind, on a l'histoire de la photo choisie par Nirvana. Excellente idée. L'autre plutôt bonne, c'est la petite liste "Ca devrait vous plaire" qui donne quelques autres disques à écouter soit du même groupe, soit de leurs voisins, soit de leurs leurs précurseurs, soit de leurs succésseurs, encore une bonne idée même si parfois on peut s'étonner de certains choix (comment préférer faire la retape de No code sur la page Versus de ces mêmes Pearl Jam plutôt que de parler du cultissime Temple of the Dog ?). Mais c'est de la musique et c'est forcément discutable, et c'est ça qu'on aime aussi... De temps en temps, les auteurs nous donnent des pistes pour en connaître plus sur un style en particulier "Par où commencer ?", pas mal aussi quand le duo parle de ce qu'il connaît. L'odyssée se termine en 2009 avec M. Ward mais le bouquin continue avec 5 coffrets indispensables (James Brown, Clapton...) et se termine (avant les index assez utiles) avec les "3000 classiques du rock à télécharger", la vache, 3000 morceaux, de quoi ravir tout le monde, non ? Et bien non, ou en tout cas, pas moi... Les auteurs traitent assez bien du Rock en général (je n'ai pas lu de grosses erreurs si ce n'est The bends premier album de Radiohead sur l'article consacré à Origin of symmetry de Muse, double faute donc car Showbiz est certainement plus marquant ("Sunburn" n'est même pas dans les 3000 !) et oublier Pablo honey est impardonnable ! Revenons à notre mouton, le Rock, malgré l'extension à 300 disques (et 3000 titres !), il y a encore de gros oublis, il n'y a rien sur le post rock, alors certes Godspeed You! Black Emperor ne passe pas à la radio mais les oublier et avec eux les Mogwai, Mono et autres Explosions in the Sky, c'est un peu fort de café... Même pas un petit titre parmi 3000... Rien non plus sur quelques vieilles légendes (Ten Years After, Jethro Tull, Rory Galagher, Eddy Mitchell, Gérard Manset...) et le prog rock est gravement snobé (King Crimson, Gong, Porcupine Tree...) voire raillé. A ce propos, certains pics sont bien sentis dans les articles et que l'on soit d'accord ou pas méritent d'exister. Rien non plus sur la pop belge, même les plus populaires (nada sur Deus ou K'S Choice !), encore et toujours rien sur un des mecs qui incarne le rock depuis 10 ans : Jonah Matranga (Far, OneLineDrawing, New End Original, Gratitude). Dommage. Et dés que le jeu se durcit un peu, il n'y a plus grand monde non plus, les auteurs nous renvoient sur un ouvrage parallèle sur le métal se contentant de disserter sur quelques monstres sacrés (Led Zeppelin, Black Sabbath, Motorhead, Metallica) et en zappant totalement Slayer, Sepultura, KoRn, Tool, les Deftones, Lofofora ou Mass Hysteria jusque dans leur liste de 3000 titres alors que l'on trouve de la lecture sur SOAD ou RATM pour deux titres de Faith No More... Question de choix ? Et pour l'indus, chroniquer NIN, d'accord mais ne pas lister Ministry, Godlfesh, les Young Gods, Atari Teenage Riot ou Rammstein, c'est étrange non.
C'est donc la principale remarque négative à faire sur La discothèque parfaite de l'odyssée du Rock, certes il faut faire un tri et passer certains à la trappe mais avec une liste de 3000 morceaux, les oublis devraient être moins flagrants... Fallait-il lister 65 chansons des Beatles, 29 de Bowie et 27 des Rolling Stones ? Il n'y avait vraiment pas moyen d'en virer quelques unes pour donner un peu de places à d'autres qui méritent pourtant d'avoir une place dans votre discothèque.