Ozzy Osbourne : du cauchemar à la réalité Le Camion Blanc, référence des éditeurs en terme de biographie rock 'n' roll, a une nouvelle fois frappé dans le mille en publiant la biographie non officielle mais tellement complète d'Ozzy Osbourne, écrite par Jean-Charles Desgroux, journaliste rock français et fan absolu du "Prince des Ténèbres". Je connaissais très peu Ozzy. Disons un minimum tenant en quelques fait : chanteur des cultissimes Black Sabbath, ayant à son actif une carrière solo, son propre festival "Ozzfest" et première rock star à avoir participé à la télé réalité dans "The Osbournes" sur MTV la chaude. Un peu mince me direz vous ? Je suis d'accord. C'est pourquoi j'ai parcouru avec intérêt et une grande curiosité ce bouquin qui, en un peu plus de 500 pages, raconte tout, tout, tout. Jean-Charles Desgroux annonce tout de suite la couleur, c'est un fan convaincu du Ozz', et crevons l'abcès tout de suite, cela se ressent dans l'écriture. Bon point dans le sens où le mec écrit avec ses tripes son amour du chanteur tout en faisant un véritable travail de recherche (les précisions concernant certains faits sont impressionnantes) mais, revers de la médaille, les éloges semblent peut être parfois exagérées, et quand l'auteur s'en prend à critiquer certains faits de la carrière d'Ozzy, il semble ne pas s'attarder sur ces rares points négatifs de la carrière du monstre sacré qu'est Ozzy. Mais dans l'ensemble, ce livre est passionnant et sacrément instructif.
Le décor est planté, place au bouquin en lui même. Comme indiqué précédemment, tout y est : de la naissance après guerre à Birmingham, Angleterre du petit John Michael d'une famille pauvre, à une adolescence quelque peu perturbée, un passage en prison pour forger le caractère, puis la naissance de <rubriqueBlack Sabbath qui permettra à Ozzy et sa bande de découvrir le succès à travers toute l'Angleterre, puis en Europe et aux États Unis, véritable eldorado pour ce jeune quatuor désireux de découvrir une nouvelle culture. Le Sabb' sortira des albums cultes, des chansons inoubliables pour tout fan de rock qui se respecte ("Iron Man", "War Pigs", "N.I.B.",... et bien sûr "Paranoid"). Les tournées incessantes s'enchaînent dès qu'un album sort, et une fois que le périple d'un tour du monde durant lequel le groupe arpentera inexorablement les planches pendant plusieurs mois s'achève, le management du groupe n'accorde à ce dernier qu'à peine quelques jours de repos pour relancer la machine de la composition et enregistrer un nouvel album qu'il faudra défendre sur scène ! Ajoutons à cela des excès en tout genre (alcool, drogues à outrance, femmes consommées sans modération) et une tension de plus en plus affirmée entre Ozzy et le génial mais mégalo guitariste de Black Sabbath, Tony Iommi, et c'est le clash à l'aube des années 80 quand, après dix années dédiées à l'un des groupes majeurs du heavy metal, Ozz' se fait débarquer par ses collègues. S'en suivra une période doute, la rencontre avec sa manageuse qui deviendra peu de temps après sa femme (basée sur une relation plus que fusionnelle), le lancement d'une carrière solo qui connaîtra un succès phénoménal, renvoyant l'ombre de Black Sabbath qui n'est plus que le jouet expérimental de Iommi en arrière plan et consacrant définitivement Ozzy. Ce que l'on sait moins, c'est qu'Ozzy s'avère être un être touchant, avec beaucoup de coeur, bien que la consommation de drogues à des quantités industrielles et d'hectolitres de bibines de toutes sortes rendent le personnage dépressif et noir. C'est aussi un découvreur de talent, aussi bien dans son backing band (le guitariste fantastique Randy Road et le sudiste Zakk Wylde), ayant joué avec les meilleurs (Trujillo à la basse, Mike Bordin de Faith No More, Slash, et biens d'autres). Les albums s'enchaînent pour le désormais artiste solo, les tournées se suivent avec leur lot de scandales et de rock. On se passionne pour le personnage qui devient sympathique au fur et à mesure de la lecture. On apprendra également quelques anecdotes savoureuses, comme les deux représentations données à l'invitation de la Reine d'Angleterre et du Prince Charles, lui qui avait au début des années 80 arraché avec ses dents devant une assistance médusée la tête d'une colombe (incident relaté médiatiquement et qui boostera la popularité du chanteur en peine de reconnaissance à cette époque). On apprend également avec intérêt que l'incroyable succès du cirque itinérant "Ozzfest" emportant avec lui bon nombre de groupes dits métalliques n'est dû qu'au refus de Perry Farrel (Jane's addiction, responsable du festival Lollapalloza, d'intéger à sa programmation le "vieux et croulant" Ozzy. Vexé, le couple Osbourne lancera son propre festival qui connaîtra un succès incroyable et donnant part belle à une programmation composée de monstres du genre et de nouveaux talents en devenir. Croustillant. L'auteur évoque également le succès de la série "The Osbournes" qui captivera des millions de téléspectateurs et qui ne montre pas la star Ozzy dans ses meilleurs jours...
Je ne vais pas vous raconter tout le livre, faut pas déconner non plus. J'ai juste voulu reprendre quelques faits de la carrière d'un homme qui a vendu des dizaines de millions de disques, qui a connu le succès et la déchéance physique et mentale, au cours d'une vie synonyme de scandales, de déceptions, de coups durs et de rock 'n' roll. Même si, comme moi, vous aviez un a priori sur le personnage et que les disques enregistrés durant sa carrière solo ne font pas partie de votre discothèque, la lecture de cet ouvrage complet et efficace vous fera découvrir un homme qui a joué un rôle de parrain du heavy metal. Et si vous souhaitez agrémenter votre culture "rock" personnelle, vous aller en prendre une bonne tranche avec ce livre bien foutu et bourré d'informations et de faits étonnants sur un mec qui a créé des vocations et influencé bon nombre de groupes de tous genres.