Mötley Crüe. Synonyme de glam rock, de Harley Davidson, de l'amérique des années 80. Précurseur. Ravageur. En écoutant leurs disques aujourd'hui, on ne se rend pas forcément compte du "truc" que ça a été à l'époque. J'ai découvert Mötley sur le tard, au milieu des années 90's. Pas vraiment intéressé dirons nous. La maturité musicale aidant, je me suis replongé il y a quelques années dans leur discographie et quelques vidéos de l'époque. Un grand cirque. A cette même période, j'apprends qu'une biographie écrite par le groupe lui-même et les proches du quatuor diabolique vient de paraitre aux Etats-Unis, et que ladite biographie, The Dirt, fait scandale. On y parle de débauche, de franches rigolades et de l'expérience ultime d'un groupe de rock dont les membres sont prodigieusement encore vivants. J'ai personnellement scruté une éventuelle sortie française pendant un bon bout de temps, jusqu'à ce qu'il y a quelques mois, les éditions du Camion Blanc décident de sortir le fameux bouquin traduit dans la langue de Molière. Chouette...
Je n'irai pas par quatre chemins : cette biographie est ultime. Elle dépasse tout ce qu'on peut attendre de ce genre de bouquins. Evidemment, des histoires croustillantes d'un groupe de rock excessif et tumultueux, chose qu'on pourrait éventuellement entre-apercevoir sur les pochettes ou les photos des magazines de l'époque. Mais pas seulement : The Dirt est aussi une grande leçon de vie, où comment à la base, quatre copains se défoncent pour faire des concerts, sortir éventuellement un disque et pourquoi pas avoir un peu de notoriété. Et surtout comment ces quatre individus vivent dans la défonce, l'alcool, les filles, les fans, et passent d'un succès planétaire à un oubli presque pathétique. On comprend au fil des premières pages que si ces mecs sont torturés et complètement cinglés, c'est qu'il s'est forcément passé un truc dans leur enfance. Troubles, errance, coktail détonnant pour faire des êtres humains pas vraiment biens dans leur tête. Puis vient la création du groupe, les premiers squats pour survivre alors que les premiers sons sortent des guitares, les premiers succès, les innombrables excès en tout genre, hectolitres d'alcools, quantité déraisonnable de drogues en tout genre, baise dans tous les coins alors que le sida n'a pas encore pointé son poil de barbichette, et les parties scandaleuses. Puis les conflits, les bastons, je t'aime moi non plus, un nouveau chanteur, les fans qui se lassent, la prison pour violence, l'oubli. 584 pages pour découvrir des anecdotes sulfureuses (les rails de fourmis quand la coke vient à manquer ; les prostitués par dizaines en une seule nuit pour un seul musicien, j'en passe et bien sur des plus trashs !), des mecs pas bien dans leur peau (Mike Mars qui souffre d'une maladie des os depuis toujours, Vince qui a un vrai problème avec l'alcool, Niki Sixx sorte de Rémi sans famille, et Tommy Lee, bah Tommy Lee quoi !) et l'illustration de ce qu'était à l'époque, bien avant Guns 'n' Roses, Slipknot et autres, le groupe le plus dangereux et le plus crétin du rock 'n' roll. Ajoutons à ça que ce sont les musiciens eux-mêmes qui causent (on apprend des trucs qu'ils ne se sont jamais racontés entre eux), le tout amené par une traduction efficace, et vous obtiendrez l'une des biographies les plus vivantes et les plus extravagantes qu'il m'ait été donné de lire. Et que l'on soit afficionado du groupe ou simple curieux des mondanités du rock, ce bouquin enchantera petits et grands, de 6 à 666 ans. Rock on ! Et bonne année !