Nirvana In utero - Palem Candillier Parce qu'une chronique de disque (même celle de In utero [Réédition]) ne permet jamais d'aller aussi loin qu'un bouquin, les éditions Densité ont créé la collection Discogonie qui permet de revivre des albums cultes par la lecture plutôt que par l'écoute, dans cette série qui compte déjà de jolis noms comme The Cure (Pornography), Radiohead (OK computer) ou Rage Against the Machine (éponyme), tu peux ajouter le In utero de Nirvana. Pourquoi pas Nevermind plus emblématique ? Question qu'il faudrait poser à l'auteur qui présente le dernier album du combo de Seattle comme une synthèse de tout ce qu'ils savaient faire.

Pour ce genre de travail, le choix de l'auteur a de l'importance, ici, il s'agit de Palem Candillier, musicien bien connu de nos services puisqu'on l'a vu à l'œuvre dans différents groupes (So Was The Sun, The Bree Van de Kamp's...) et en solo, il sait donc ce qu'est une pédale de distorsion, un ampli à lampes et le mastering. Il est fan de grunge depuis toujours mais a quand même bossé et relu ses classiques (Michael Azerrad, Everett True, le journal de Cobain...) pour nous livrer moults détails sur chacun des titres de l'album. Quand ont-ils écrit, de quoi traitent les paroles, comment peuvent-elles être interprétées en fonction de la vie de Kurt, faut-il y voir des signes annonciateurs de la suite, quel a été l'apport d'Albini, pourquoi autant de frictions après les prises de son, à quels autres morceaux peut-on les comparer, existe-t-il une anecdote sympa à raconter, que dit le clip ou la pochette du single... chaque piste est décortiquée en plusieurs pages (et c'est écrit petit !) et nous plonge au plus près de la musique. C'est très détaillé, très précis, pas trop technique (ou alors bien expliqué), ça se lit assez vite et on a forcément envie de réécouter l'opus en même temps.

Seul petit reproche, mais c'est peut-être une volonté de l'éditeur, c'est le premier livret de cette collection que je lis, c'est le côté un peu clinique de l'opération, Palem Candillier s'efface totalement derrière Nirvana, j'aurais apprécié qu'il mette davantage de lui-même, qu'il transmette ses émotions, qu'il nous narre un peu de sa vie au travers de souvenirs ou d'expériences liées à ces morceaux. La nostalgie d'une époque fait qu'on a tous des choses à partager en rapport avec la musique, en particulier celle-là. Mais les aventures de Palem n'étaient pas le sujet, cet ouvrage ne se concentre que sur In utero et lui ouvre le ventre de fort belle manière.