Bourg-en-Bresse et plus précisément le Hall C du complexe à vocation pluridisciplinaire "Ainterexpo" accueillera donc les prestations de Semtazone et des Ogres De Barback devant un public apparemment venu en masse. La scène, montée sous le dôme, fait face aux gradins composés de magnifiques (et confortables) sièges bleus qui ravira bon nombre de quarantenaires (et plus) et à un parterre prêt à recevoir les plus jeunes (et valeureux).
Après une courte annonce du déroulé de la soirée, les Semtazone prennent place et ne tardent pas à envoyer leur répertoire. Mi-rock, mi-chanson et très métissé pour ne pas dire ouvert d'esprit, le set des six apporte son lot de réjouissances, teintées de cuivres, de clémence ("Silence") ou du message d'un certain Cyril ("Requiem pour une conne"). Avant d'enchaîner les morceaux, certains sont présentés au public, pas déboussolé de (re)découvrir des Semtazone en très bonne forme. Un titre bien nerveux glissant vers le ska, une invitation à souscrire au troisième album du groupe en préparation et encore quelques instants en leur compagnie, puis les Mâconnais se retirent et laissent s'effectuer le changement de plateau.
Les Ogres De Barback - Live @ Ainterexpo Moment de flottement, l'occasion de jeter un oeil sur l'assistance et se rendre compte que peu voire pas de fauteuils restent libres alors que le public debout est tout aussi généreusement fourni. Les voix de Daniel Mermet ou Hubert Reeves résonnent via les samples envoyés durant la fin de la mise en place du décor, la pénombre s'installe et Les Ogres ne devraient plus tarder à faire leur apparition...
Seulement troisième date après la pause hivernale, ce passage des Ogres De Barback à Bourg reste fidèle à la réputation du groupe, collectionnant aussi bien les passages en studio que sur les planches. Et même si j'ai déjà contemplé ce spectacle-là des Ogres (lors du Chien à Plumes 2007), c'est une nouvelle fois un réel plaisir d'y assister. Le décor prend une place importante dans le dispositif : trois grues soutiennent des instruments, un écran s'offre en soutien à des vidéos-projections et la scène est jonchée d'instruments divers et variés (de la flûte traversière au tuba en passant par le violon, le piano ou la scie musicale). La sonorisation fait honneur au groupe et les textes (principalement offerts par Fred) trouvent souvent écho auprès des spectateurs. Tantôt à guitares, cuivres ou accordéons, le quatuor Burguière ne cesse de s'activer sur scène soit pour troquer son instrument contre un autre soit pour donner vie à leur prestation par un petit peu de gymnastique (sur les grues) ou renouveler leur passage tous ensemble sur le podium. Vifs et vivants Les Ogres apportent à chaque titre une particularité (l'excellent vélo de Sam sur "Pour me rendre à mon bureau"), Fred s'amuse à raconter l'histoire de la fratrie "mise à la porte il y a un an environ" et à rendre hommage à leur super-grand-mère ! Ne se contentant pas de légèreté et d'émerveiller petits et grands, Alice, Mathilde, Fred et Sam profitent de l'occasion pour bastonner le drapeau national sur les projections entourant "Laissez-nous grandir ici". "Salut à vous" suit la reprise dorénavant obligatoire du "Salut à toi" (toute de rouge éclairée) et au fur et à mesure que le spectacle avance, les installations sont démontées discrètement pour ne laisser que le strict minimum autour des musiciens. Les moments forts sont en bon nombre tout le long du concert mais le groupe marque un grand coup en jouant les instrus de "Rue de paname" et laissant le public en chanter les textes pour (presque) conclure la soirée, des instants de pure magie : bravo ! Sur la scène rendue nue, les frères et soeurs Burguière viennent saluer le public accompagnés de marionnettes au teint mât, dernier clin d'oeil aux enfants de "Laissez-nous grandir ici", menacés d'expulsion.
Cette représentation, illustration-même (du titre) de l'album Du simple au néant, du simple (mais remarquable) au néant (mais émouvant), parfaitement menée par des musiciens aussi acteurs que complices mérite largement le détour ! D'autant plus que les 90 minutes initialement annoncées ont largement été dépassées et que Les Ogres semblent avoir repris la route pour une belle série de dates...