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Interview : Laura Cox, Laura Cox au Hellfest (juin 2022)

Laura Cox / Chronique LP > Head above water

Laura Cox - Head above water Quand on rédige des articles ou qu'on donne son avis, faut faire gaffe aux biais cognitifs, on se fait vite une idée et il est parfois difficile de s'en dépatouiller, alors quand c'est juste quelques lignes sur un album, c'est moins grave que sur une épidémie, un vaccin, la réforme des retraites, et tous les sujets qu'on évite lors des réveillons, mais quand même. Parmi ces redoutables biais, il y a le biais de raisonnement ou celui de confirmation, je vais chercher à prouver ce que je crois être la vérité en amplifiant ces éléments et en en minorant d'autres.

Ici, mon premier contact avec le nouvel album de Laura Cox, ce fut la découverte de la photo de la pochette, du rouge et une Laura posée, la guitare en bandoulière mais l'image est aussi figée que notre rockeuse. Alors que l'album précédent, Burning bright, évoquait le feu, l'énergie avec une guitare héroïne en action, cheveux dans le vent et inondant de lumière un monde gris, on se retrouve avec une ambiance tamisée, chaude certes mais très "calme", la tête hors de l'eau, tranquille, les yeux qui regardent au loin plutôt qu'en direction de sa 6 cordes. Je vais donc écouter Head above water avec cette idée en tête, il sera moins fougueux, moins énergique mais plus cosy que son prédécesseur. Peut-être est-ce la réalité mais peut-être pas, mes écrits, c'est mon ressenti, ma perception, et elle est forcément biaisée. Il y a bien quelques titres très rock ("One big mess", "Fever") et un ultra groovy ("Swing it out") mais sur cet opus, Laura Cox fait surtout la part belle aux racines du rock, celles qui sont prises dans le Sud des États-Unis, d'ailleurs le titre "Head above water" qui donne son nom à la galette est un bel exemple de tout ce qu'elle aime : une basse chaude et ronde, une guitare tout en retenue et un refrain assez punchy mais sans excès. On croise des influences country/folk ("Before we get burned", "Glassy day") et blues ("Wiser") et le tempo se ralentit même encore un peu plus pour "Old soul" ou "Seaside" que l'on imagine plus aisément entendre autour d'un feu de camp que sur la mainstage du Hellfest. Si la guitare accompagne sagement la plupart des compositions, elle prend la lumière de temps à autre ("Set me free", "So long") électrisant ainsi l'auditeur comme l'atmosphère.

Head above water est un album très chaleureux, assez posé, plus tranquille que son grand frère... Je le savais, la pochette l'annonçait ! Enfin, l'idée que je m'en faisais... Et donc j'ai cherché à confirmer ma première impression parce que je ne suis, bien sûr, pas du genre à me planter et à remettre en cause, voilà le biais cognitif en action. Et toi qui n'a pas encore écouté l'opus mais qui vient de finir ses lignes, tu es piégé, tu vas l'écouter en te disant que tu connais déjà la tonalité du disque et tu y retrouveras ce que je t'ai dit d'y retrouver. À moins que tu n'aies l'esprit de contradiction mais c'est une autre affaire.

Publié dans le Mag #54

Laura Cox / Chronique LP > Burning bright

laura cox - burning bright Non, Laura Cox n'est pas uniquement la meuf qui fait des covers de solo en débardeur ou en TShirt sur son canapé sur Youtube. Ça, c'était juste pour le fun et si la demoiselle n'a pas renié Dire Straits ou les Guns 'N Roses, elle joue désormais dans la cour des grands et pour son deuxième album a mis les petits plats dans les grands. Direction les Studios ICP de Bruxelles (Robert Plant, les Cure, Noir Désir, Louise Attaque...) pour enregistrer et l'Amérique de Howie Weinberg (Aerosmith, Nirvana, Jeff Buckley, U2, Deftones, PJ Harvey, The White Stripes, The Strokes...) pour masteriser. Dans ces conditions-là, pas question de se rater sur les compositions alors Burning bright joue la sécurité avec une solide assise "classic rock", des racines blues, un peu de hard, des mélodies punchy, une rythmique qui groove (ce n'est pas parce que la tête d'affiche est guitariste que la basse doit se cacher, il y a bien un vrai groupe derrière son nom !) et quelques solos de derrière les fagots pour enflammer la scène et voilà Laura Cox dans son élément. À l'heure où les "guitare héros" ronronnent (même Danko Jones n'excite plus Gui de Champi), les Parisiens varient les influences, les plaisirs, explosent les cases dans lesquelles on voudrait les enfermer et font un peu de tout et toujours très bien. Laura Cox est certainement la plus américaine des frenchies, sa musique est universelle et a suffisamment de qualités calorifuges pour qu'on passe l'hiver au chaud à l'écouter et dans de bien meilleures conditions que sur le tube...

Publié dans le Mag #40