Rock Rock > The Last Embrace

Biographie > Atmospheric dreams

Lorsque l'on apprend que The Last Embrace est signé chez Longfellow Deeds Records, on se dit que c'est cool qu'il s'agisse pour une fois d'un groupe français qui ait l'occasion de nous foutre une bonne raclée stoner rock solide et sévèrement burnée. Puis on se dit, en toute humilité, que c'est bizarre quand même d'être passé à côté d'un des rares bons groupes hexagonaux sévissant dans le genre (on pense notamment à Glowsun, The Howling, Zoë voire RBO, on s'excuse pour les ommissions...) et qu'il doit y a voir anguille sous roche. Et pour cause, en guise d'anguille, on a droit à une jolie murène, puisqu'à l'instar de Buzzville Records (label partenaire de Longfellow Deeds) qui compte notamment au sein de son écurie stoner/ heavy rock (Gonzalez, Monkey3, Generous Maria, Artimus Pyledriver, Cabron, Cowboys & Aliens...), la formation métal atmosphérique Senjir, The Last Embrace sera l'exception qui confirmera la règle au sein de LDR.
Car, après Honcho, Sparzanza et Rite, nos compatriotes évoluent dans un style musical à cent lieux du stoner caniculaire chez à nos amis scandinaves. En l'occurence, pour faire très court, The Last Embrace, c'est un The Gathering à la française. Et là, où généralement, on se dit que c'est justement le "à la française" qui à tendance à torpiller le truc, Inside, premier album du groupe sorti à la rentrée 2006 nous démontre qu'en France aussi, on sait fait du metal atmosphérique. Un état de fait que les talentueux Aeria Microcosme nous avaient déjà subtilement suggéré et que TLE vient aujourd'hui confirmer.

The Last Embrace / Chronique LP > The winding path

The Last Embrace - The winding path Depuis la sortie d'Aerial, The Last Embrace a encore connu quelques modifications de line-up (départ du second guitariste Laurent et changement de batteur pour Chris) et a travaillé dans la douceur avec un opus acoustique sorti fin 2013 (Essentia), les revoilà donc en mode électrique mais sans oublier la délicatesse qui caractérise leur prog' métal à voix paradisiaque. Si on glause beaucoup sur le chant (et l'éternelle référence The Gathering à entendre sa qualité), ce qui est plus marquant sur cet album, c'est la prise de risques dont a fait preuve le combo en écrivant "The field of minds" où pendant près de 20 minutes, on a le droit à toutes les émotions, à diverses sonorités (y compris des instruments classiques comme le violon) et surtout à un voyage onirique influencée par la démesure des groupes des seventies. Avoir des idées est une chose, en assembler autant de bonnes sur une telle durée exige un travail titanesque et force le respect. Et le plus beau, c'est que ce titre tentaculaire ne fait pas d'ombre aux autres (certains s'imposent aussi sur leur distance), mettant même en valeur encore davantage le travail instrumental ("Let the light take us"). Une grande réussite.

The Last Embrace / Chronique LP > Aerial

The Last Embrace - Aerial Après s'être attiré les faveurs de la critique dite "spécialisée" pour Inside, The Last Embrace revient avec un deuxième album sorti comme le précédent chez Longfellow Deeds Records et répondant au doux titre d'Aerial. Problème pour le groupe qui avait à l'époque su développer une musique évoluant entre rock progressif et metal symphonique, classieuse mais élégante : que faire sinon répéter inlassablement les mêmes gammes et céder aux facilités mélodiques dont se sont récemment rendus coupables les The Gathering ? The Last Embrace semble avoir affuté ses arguments au moment de nous répondre et nous dévoile dès le départ un artwork bien plus réussi que celui de son prédécesseur.
Musicalement, on restera plus mesuré quant au contenu de l'album, notamment lorsque le groupe explore une nouvelle fois les sentiers d'une musique déjà largement balisée par les Néerlandais volants de The Gathering ou Within Temptation et leur escouade de suiveurs obéissants, sans rien apporter de réellement original au genre ("Complete city", l'éponyme "Aerial", "Whirltime"). Par contre The Last Embrace réussit parfaitement son coup lorsqu'il s'essaie à quelque chose de plus novateur, de plus aventureux : les arrangements jazzy et le spoken word obsédant de "Impending dawn", les esquisses mélodiques intimistes et le lyrisme des cordes de "Among them", le recueillement harmonique à la Antimatter sur "Alone"...
Au deux-tiers de l'album, on se dit qu'Aerial est de ces albums qui savent se rendre plus intéressant qu'attendu, à défaut de réellement nous émerveiller sur la longueur. Pourtant, le groupe a pour lui de continue d'oser (l'interlude "Saffron's theatre" au sithar), avant de relancer la mécanique métallique à tendance symphonique de manière plus (et trop) "classique" sur "Nomad wave" ou "Serotonine" avant d'épiloguer avec une ballade romantique "Precious pond" un peu mièvre sur les bords. La jolie voix de Sandy et les mélodies frissonnantes se chargent néanmoins du reste, si la musique de The Last Embrace affiche parfois ses limites, le groupe parvient dans le même temps à tenter de nouvelles choses, souvent réussies, de telle sorte que ce deuxième opus s'écoute non sans un plaisir.

The Last Embrace / Chronique LP > Inside

The Last Embrace : Inside Quelques notes mélancoliques qui courent sur un piano, des arpèges qui semblent se lover dans un gant de velour, des lignes de guitares progressives, The Last Embrace débute les hostilités avec douceur et retenue (l'introductif "Introspection"). "Mother" lâche les cheveaux et le métal atmosphérique déploie ses mélodies puissantes et aventureuses. Les instrumentations sont enlevées, le songwriting travaillé quoiqu'un peu trop classieux et le chant est sans contestation possible l'un des points forts du groupe. Seulement, il y a un bémol à tout cela. On ne peut s'empêcher de penser à The Gathering période Mandylion, et ce n'est pas en faveur de The Last Embrace. Car, dans ce cas, le problème est toujours de passer après une référence. Heureusement, le groupe parvient à s'affranchir de l'influence encombrante de son modèle néerlandais lors des titres suivants : "Lost (Somewhere in the dark rain)" puis l'éponyme "Inside" et le fulgurant "Can you ?". S'y révélant autant inspiré par la scène progressive (Pink Floyd, Porcupine Tree) que le rock/ folk atmosphérique et désenchanté d'Anathema, The Last Embrace parvient à trouver ses marques et à affirmer un peu plus sa véritable personnalité musicale. Et si l'on ne devait retenir qu'un seul titre d'Inside, ce serait sans doute le voluptueux "Broken", où le sextet français se rapproche des titres les plus folk et éthérés de The Gathering (notamment sur Home paru en 2006) sans pour autant souffrir de la comparaison. Là où l'un des guitaristes du groupe cite David Gilmour et Steven Wilson (Porcupine Tree) parmi ses références absolues, Sandy se rapproche naturellement par ses inflexions de voix du travail d'Anneke Van Giesbergen (The Gathering), et c'est là que le mélange des deux prend forme. Car entre metal atmosphérique et rock progressif, les parisiens ne tombent pas dans le poncif du groupe à voix féminine insupportable de grandiloquence (on pense à Within Temptation pour ne pas les citer...) et sans livrer un disque d'une originalité sidérante, nous offre neuf compositions tantôt feutrées ("To dispel inner fears"), tantôt plus puissantes ("It says"), pour un album raffiné et finalement très agréable.