LANE-Where things were J'ai repoussé au maximum l'échéance de l'écriture de cet article consacré à Where things were, sorte d'album posthume de LANE. Oui, LANE, cette formation vue à l'origine comme un supergroupe (deux Daria et deux Thugs) mais qui s'est révélée être un quintet imposant, assez rapidement d'ailleurs, sa propre identité. Un rouleau compresseur avide de mélodies, de puissance et d'expériences sonores en tout genre. Oui, j'ai repoussé au maximum la rédaction de cette chronique. Les mauvaises langues (et mon rédacteur en chef) diront que je me complais à rendre mes papiers au dernier moment. Bon, c'est pas exactement vrai, mais pas tout à fait faux. Mais pour Where things were, c'est surtout que je savais pertinemment qu'au moment de rédiger ces lignes, l'impression de rendre un dernier hommage funeste à ce groupe qui m'aura profondément marqué me serait insupportable. Putain, que c'est dur.

Bizarrement, je n'ai pas eu l'occasion de voir la formation angevine en concert, et je le regrette amèrement. Je me console donc en écoutant (et réécoutant encore et encore) les disques du groupe, et notamment ce petit dernier qui est en fait l'accouchement dans le local de répèt des pré prod du futur troisième album. Alors, plutôt que de jeter ces 10 compositions aux oubliettes, le groupe, épaulé par leur fidèle label d'origine Twenty Something, a choisi de publier Where things were pour laisser une dernière trace pour les nostalgiques (et les amoureux) du quintet.

C'est d'autant plus rageant que les dix plages de Where things were sont d'une qualité irréprochable. Rien que ça. Enregistré et mixé par Camille Belin, puis masterisé par Dan Coutant à New York, ce petit bijou réitère la formule magique concoctée avec passion dans les précédents exploits discographiques : des mélodies à foison, une voix qui fait frissonner, des guitares affutées et une solide rythmique comme base solide de toutes ces réjouissances. Les tubes se succèdent et les refrains se greffent dans un coin de nos têtes, alors que mon morceau préféré de ce disque se révèle être ce formidable instrumental qu'est "Charlie Brown", véritable déflagration noise aux mélodies imparables. Rien n'est à jeter, tout est à apprécier à sa juste valeur avec, cerise sur le gâteau, des versions brutes et sans concession d'une série de tubes en puissance. L'alchimie entre les cinq musiciens est parfaite et même si l'aventure est terminée, LANE restera, et pour longtemps, une référence majeure de la scène rock indé en France.

Et maintenant ? Les frangins Belin remettent prochainement le couvert avec Do Not Machine et Daria, Félix est embarqué dans l'aventure Fragile, et les frères Sourice s'apprêtent peut-être à faire vivre de nouveaux projets musicaux. À la bonne heure. La vie continue, mais rien ne m'empêchera d'avoir les larmes aux yeux quand je lancerai "Sunday night" ou "Elliot bay" sur la platine. Oui, ce n'est que du rock, mais quand même. Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous, messieurs.