Simple As Pop et Carp sont amis, signés sur le même label et font une musique assez proche, leur poser les mêmes questions (sans qu'ils le sachent) est une idée pas forcément neuve mais toujours bonne... Ici, on pousse le vice en ajoutant Landscape dans la partie ! Certaines questions sont un peu étranges mais il fallait pouvoir parler d'un peu de tout sans rentrer trop dans les détails... Bonne (triple avec interview au cube (Simple As Pop) et interview au cube (Carp)) lecture ! Ici, c'est Guillaume, au clavier chez Landscape qui nous répond...
simple as pop : live a lille
Commençons par votre nom, il n'est pas trop dur à porter ? Qui en a eu l'idée ?
Pourquoi dur à porter ? Non, au contraire, il est assez simple. Lors de la composition du 1er album, j'ai cherché un nom pour le projet qui définirait bien l'esprit, le climat des morceaux. Landscape (paysage) était le titre provisoire du morceau "Must", assez vite, je me suis dit que le groupe s'appellerait comme ça, ça fonctionnait bien et en plus, c'était assez facile à retenir...
Les musiciens aiment rarement les tiroirs où on les range alors, votre musique, c'est quoi ?
La presse nous a mis directement dans la case "post rock", à cause du nom, du visuel de l'album, de la musique, très instrumentale et des influences que l'on peut ressentir à l'écoute du disque (Sigur Ros, Mogwai...). J'écoutais beaucoup ces groupes durant la composition, donc, je ne vais pas contredire les médias, et pour couper court à cela, j'ai même remercié Sigur Ros, Radiohead, Mogwai et Godspeed You! Black Emperor dans les crédits de la pochette, ça me paraissait normal, ils m'ont influencé, c'est vrai. Mais pour moi, le disque ne se résume pas à cela. Ce n'est pas du post rock comme pourrait le faire Gospeed ou Silver Mt Zion, ou les plages sont très longues, avec souvent des murs de guitares à la fin. Landscape a un format plus pop, plus court, c'était aussi une volonté de ne pas tomber dans le cliché du post rock... Mais ce n'est pas si facile ! Avec du recul, on se dit toujours qu'on aurait pu faire les choses différemment. Enfin, le deuxième album, tout en respectant la continuité du premier album sera assez différent, avec plus d'arrangements, plus de chant, peut être plus folk aussi.
L'Amérique du Nord semble avoir une influence importante, quelles sont vos racines musicales ?
C'est vrai que les Canadiens et leur label Constellation (Godspeed You! Black Emperor...) font partie des influences indéniables. D'autres, Américains (Jeff Buckley, Velvet Underground, Tool) ou Islandais (Björk, Sigur Ros) ont aussi beaucoup d'importance. Mais les groupes dont j'admire le plus le travail sont en fait souvent Britanniques : Radiohead, Mogwai, The Beatles, Portishead, Divine Comedy, Massive Attack, Blur, David Bowie, pour ne citer qu'eux... Ils sont vraiment talentueux, ils ont la culture de la pop dans le bon sens du terme : la musique "populaire", mais toujours classe... Après, on pourrait parler des Australiens (Nick Cave), des Français (Gainsbourg) et des musiciens classiques (Mozart, Bach...), mais là, on y passerait des heures !
Vous semblez apporter beaucoup d'importance au visuel, tu peux nous parler de l'artwork ?
Dans un monde où il est de plus en plus difficile de vendre des disques, il nous parait important de respecter notre publique en lui proposant un objet qui ai du sens, où l'univers graphique va rejoindre celui de la musique. Le vinyl, c'était encore mieux pour ça ! Il faut que l'auditeur ai envie d'avoir l'objet chez lui, qu'il puisse se représenter la musique. C'est pour cela que nous ne sommes par très fan du numérique. En plus, dans une pochette, il y a les crédits, les remerciements, personnellement, j'aime lire tous ces petits détails. C'est Alan Charron qui réalise les visuels. Il a réalisé la pochette du disque de mon premier groupe The Misadventures Of... que j'avais en commun avec son frère Steffen. Pour la pochette du premier album de Landscape, One, c'est une photo issue d'une toile de Jouy qui se trouvait dans la maison d'un copain. On était parti sur l'idée d'aller faire des photos de paysages dans la campagne. A la fin du week end, on n'avait rien qui nous plaisait. 5 minutes avant de repartir sur Paris, il est allé dans une chambre et a pris ce dessin en photo. 2 jours après, il me l'envoyait par mail en me disant : "pourquoi pas ?" C'était beau et simple..." Je lui ai dit ok... Un gros coup de chance au final ! Depuis, on a toujours travaillé ensemble. Il réalise des vidéos également, on a filmé toutes les séances d'enregistrement du deuxième album, un petit film est prévu...
Vous êtes signés sur un micro-label, c'est presqu'une "famille", comment vous vivez avec les 2 autres "entités" (même si une est humainement "semblable") ?
Le label Square Dogs a été monté par Alan, Steffen, leur père et moi, autour des projets Simple As Pop et Landscape, on a ensuite tous décidé de signer Carp pour leur filer un coup de main, parce qu'on aimait beaucoup ce qu'ils faisaient. Donc, on est libre de faire ce qu'on veut, ça se passe très bien aussi bien humainement qu'artistiquement !
Square Dogs prend pour modèle Constellation, on peut imaginer un nouveau groupe mélangeant des membres de Landscape/Simple As Pop à ceux de Carp ?
Oui, sans problème ! C'est d'ailleurs déjà un peu le cas puisque les musiciens de Landscape et Simple As Pop sont les mêmes et c'est aussi en route avec Carp, puisque Benoît, le chanteur, apparaît sur 2 titres du prochain album de Landscape. Il y aura j'en suis sur encore d'autres collaborations dans le futur.
A part un label, qu'ont ces trois groupes en commun ?
Sans parler à la place des autres, je pense qu'on a la même conception de la musique, les mêmes influences, les mêmes envies de faire une musique qui nous représente sans tomber dans le commercial pour vendre à tout prix des disques, si on faisait ça, on arrêterait tout de suite ce label, ça n'aurait plus aucun sens. Mais c'est avant tout une histoire d'amitié entre Steffen, moi et les musiciens de Landscape/Simple As Pop. Les Carp sont aussi devenus des amis, on a même passé notre réveillon du jour de l'an ensemble ! Ça va donc plus loin que la musique, c'est une aventure humaine...
Pas de langue de bois, quel est ton groupe préféré entre Landscape et Simple As Pop ?
Forcément Landscape, puisque c'est ma musique, elle me parle plus, même si j'ai du mal à écouter l'album ! Mais la question était plutôt entre SAP et Carp, je pense. Dans ce cas-là, sans langue de bois et Steffen le sait, ça serait Carp, je mettrais d'ailleurs Carp avant Landscape. Mais au final, il n'y a pas de groupe préféré, nous avons tous nos différences, notre intérêt, il y a des choses présentes dans SAP qu'on ne peux pas trouver dans Landscape ou Carp, la musique de Steffen va plus loin dans la recherche. Disons que des 3, celui que je prends le plus de plaisir à ré écouter, c'est Carp. Peut-être aussi parce que je suis complètement extérieur au projet, je ne suis pas impliqué musicalement.
J'étais au concert de Lille à La Malterie, l'ambiance était très particulière, à la fois très chaleureuse bien que discrète sur le plan humain et très respectueuse sur le plan artistique, c'est toujours comme ça ?
Disons que nous jouons souvent devant un public assez restreint, donc forcément, c'est plus difficile de faire du bruit à 50 que 500 ! Mais je préfère jouer devant 50 personnes attentives que 2000 qui ne nous écoutent pas vraiment, d'une oreille distraite en buvant un verre tout en discutant de ce qu'ils ont fait la veille... comme ça peut arriver sur d'autres projets, lorsqu'on accompagne Sébastien Schuller ou Emilie Simon... Le public qui vient voir Landscape, SAP ou Carp est un public averti, à l'écoute de ce qui se passe...
Quelle relation avez-vous avec le média internet ? Vous semblez assez actifs de ce côté-là...
C'est le premier média avec lequel nous avons travaillé, le seul qui nous diffusait au tout départ, nous avons donc tissé un réseau assez fort à ce niveau-là. De plus les personnes qui lisent les webzines ou écoutent les podcasts sont des chercheurs de musique, de choses originales, qui s'intéressent à ce qui se fait dans l'indé, à ce qui n'est pas médiatisé, c'est tout à fait le publique susceptible d'aimer notre musique. Nous essayons tant que possible de répondre aux interviews et autres demandes sur internet, même sur un tout petit Blog qui n'a pas beaucoup de lecteurs, ça nous semble un juste retour des choses, ce sont ces gens là qui sont venus nous chercher, nous aider quand on essayait de vendre nos premiers disques ! Après, c'est sur qu'il n'est pas toujours facile de répondre à toutes les demandes car nous nous occupons de tout (label, composition, promotion, enregistrement, booking...) sans compter les projets parallèles (tournées...), nous manquons parfois de temps...
Merci
Merci à vous !
Ces interviews n'auraient pas été possibles sans Lara donc merci Lara ! Merci aux 2 groupes qui en font 3.
Photos : Oli (La Malterie, Lille, 2006)