Active depuis 2004, on pourrait imaginer la discographie de Laetitia Shériff longue comme le bras... Mais si on met de côté les EPs, le live et les participations à d'autres projets, Stillness n'est "que" son quatrième album. Autant dire que notre icone française du rock (oui, allons-y franchement) sait prendre son temps pour préparer ses compositions et préfère la qualité à la quantité. C'est bien simple, il n'y a rien de trop sur ces dix nouveaux titres, tous apportent leur truc, vivent leur vie, dévoilent leurs atouts et laissent la place à un autre.
Si elle occupe le devant de la scène, Laetitia n'est pas seule dans cette entreprise, elle est accompagnée de son fidèle Thomas (guitariste de Montgomery) et de Nicolas (batteur Eiffel ou The Married Monk), ainsi si sa voix, chaleureuse ou rocailleuse, porte la lumière, c'est un véritable trio qui construit les titres où aucun instrument n'est mis de côté (Thomas place même un peu de synthé de temps à autres). Il n'y a qu'un titre ("Pamper yourself") où elle semble isolée, il sonne évidemment plus pop/folk que les autres et amène un calme différent des autres plages apaisées (le déchirant "A stirring world", l'orchestré "Go to Big Sur", le pesant "Ashamed"). A l'opposé, on trouve des titres résolument rock avec une grosse dose d'énergie et de saturation pour "Sign of shirking" (digne d'un L7) ou "Stupid march" (pas loin d'un Sonic Youth). Mais qu'elles soient plus douces ou plus électriques, toutes les compositions bénéficient d'un charme indéniable apporté par des mélodies touchantes ("People rise up") ou accrocheuses ("Deal with this").
Quelque part entre la délicatesse de Shannon Wright et l'électricité transmise par Patti Smith, à moins que ce ne soit l'inverse, Laetitia Shériff nous revient avec un bel album sous le bras, en d'autres temps, on se serait réjoui d'écouter toutes ces nouvelles chansons en concert, aujourd'hui, on est plus à regretter de ne pas pouvoir vivre cette expérience, disons-nous que ce n'est que partie remise ...
Publié dans le Mag #45