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Biographie > Le Labyrinthe de (Sao) Polo

Labirinto est né en 2003 à São Paulo, Brésil. Après quelques EPs et des multiples participations à des compilations, le groupe sort Anatema en 2010 : une oeuvre qui conjugue musique et images.

Labirinto / Chronique Split > Labirinto | Thisquietarmy

Labirinto | Thisquietarmy Quand les pépites brésiliennes de chez Labirinto et le petit prince de l'ambient/drone/shoegaze expérimental canadien thisquietarmy joignent les forces artistiques pour produire un split sorti en CD et LP sous la houlette de labels belge (ConSouling Sounds), brésilien (Dissenso Records) et américain (Pirate Ship Records), on se dit que parfois quand même, la mondialisation a aussi du bon. En encore plus que les Brésiliens se mettent en place sur "Tahrir" (désolé) pour délivrer un post-rock aux arrangements à cordes d'une élégance incomparables. Si ? OK, d'accord, comparable à Godspeed You! Black Emperor alors, mais en mieux (en tous cas que la dernière production du groupe). Un envoûtant mélange d'ambient et de post-rock au service de mélodies flottant en dans la stratosphère, les Sud-Américains sont en apesanteur sur cette pièce inaugural avant de redescendre sur la terre ferme avec le plus massif "Dilivium".

On naviguait jusqu'alors sur des courants post-rock veloutés et aériens, voici la facette la plus "lourde" de Labirinto mais pas tout de suite. L'intro est en effet d'une rare (mais très belle) douceur intimiste et laisse insidieusement mais inexorablement la pression monter jusqu'à ce que les guitares n'entrent en scène et ne déposent une véritable mine post-rock électrique et organique qui enflamme les coeurs fragiles comme les enceintes. Un climax redoutable et la confirmation d'un groupe qui sait décidément y faire en respectant les codes du genre à la virgule près, tout en développant ambiances et motifs mélodiques de premier choix. Mais pas que. Car c'est au moment-même où on les devine capables de livrer un troisième titre apocalyptique (pour le genre), que les Brésiliens décident d'emmener l'auditeur vers des profondeurs ténébreuses... avant de s'offrir un nouveau sommet électrique aux vibrations telluriques enfiévrées.

Qui contraste (mais pas trop non plus) avec les nappes brumeuses et autres bruissements électriques magnétiques de la réponse nord-américaine apportée par thisquietarmy ("Eclipse"). Un distillat sonore qui, comme à son habitude avec le projet d'Eric Q, se meut dans un univers aux contours incertain, aux atmosphères presque aqueuses, prégnantes ("Paths to illumination") oscillant entre clair et obscur, dans une mouvance shoegaze vaguement dronisante qui ravira les inconditionnels du genre. Surtout quand il monte dans des pressions sonores plus amples et oppressantes ("World protest"), jusqu'à lui conférer un caractère épique cadencé par une rythmique presque martiale et hypnotique, avant de céder à la résignation sensorielle sur un "Abandonment" à la noirceur âpre et dépressive. La plongée en apnée dans l'univers du one-man-band canadien est décidément toujours aussi fascinante.

NB : en prime, l'objet livré en CD dans un élégant digifile est plutôt extrêmement classe (même si on ne peut qu'être surpris par l'étonnant ressemblance de son artwork avec celui de l'album All we love we leave behind de Converge).

Labirinto / Chronique LP > Anatema

Labirinto - Anatema Autant l'avouer tout de suite, le post-rock, mis à part les deux-trois cadors du genre (Godspeed You! Black Emperor, Mogwai, Explosions In The Sky), c'est vraiment pas la tasse de thé de votre serviteur. Beaucoup de groupes finissent inéluctablement par te proposer un voyage qui a déjà été emprunté à maintes et maintes reprises. Dès lors, l'intérêt pour les chercheurs de singularité que nous sommes devient vite caduc. Avec les Brésiliens de Labirinto, le postulat est somme toute assez différent bien qu'ils usent des mêmes ingrédients : des plages longues, des cordes, des montées de tension qui finissent par exploser... Au jeu des comparaisons, c'est à Godspeed You! Black Emperor que l'on songe le plus, tout en arrivant à s'accaparer le supplément d'âme du groupe de Constellation. C'est d'ailleurs là que le groupe séduit mais aussi par un travail assez méticuleux dans les atmosphères : des accalmies très empreintes du savoir-faire d'Ennio Morricone par-ci, des notes de banjo (depuis Sixteen Horsepower, on en est totalement accro' de cet instrument) toujours savoureuses par là, des phases plus ambiantes laissant l'auditeur face à un vide vertigineux, des passages plus anodins mais dont on doit admettre la maitrise...Preuve s'il en est que le Brésil, c'est pas seulement des favelas, des travelos, des gonzesses en bikini et des footballeurs de génie avec un dentition pas tout à fait orthodoxe, c'est aussi et surtout, en ce qui nous concerne, le terreau de groupes particulièrement doués.
Il faut également noter que l'album a été mixé par Greg Norman (Programme, Pélican...) dans le fief de Steve Albini (Electrical audio studios à Chicago) et que le résultat est plutôt très convaincant, il fallait le préciser, ne serait-ce que pour identifier le degré de professionalisme de cet album.

NdR : L'album est en téléchargement libre mais ce n'est pas une raison pour ne pas l'acheter... Car comme le dit notre grand Pascal N., si tu l'écoutes plus de 4 fois, il y a un moment où il faut lâcher ton blé !

[br] labirinto-anatema2010.zip (330 hits)  External  ]