la_phaze_miracle.jpg Non, contrairement aux apparences, La Phaze ne s'est pas dénaturé(e) avec le temps. Le combo, évoluant maintenant en trio, a fait fructifier ses savoir-faire et évite soigneusement de sombrer dans une quelconque redite, déjà (ré)entendue.
Les thématiques du groupe demeurent des messages censés, ô combien louables. Des priorités malheureusement pas évidentes pour tout le monde. Du taillage de costard en bonne et due forme de la Sarkophilie ("Miracle") à l'avenir (écologique) de notre bonne vieille planète bleue ("Climax") en passant par l'industrie du disque ("La cause") et ses valets, les vers de Damny ne font qu'une bouchée. Si les slogans à y laisser ses tripes font force le long de l'album (C'est à croire qu'on a tous pécho la rage, c'est le chant des bombes pour les âmes en sursis, Immigration sélective, la fièvre de l'exil, pour les sans-voix, on ouvre les hauts-parleurs ...), il est aussi bon de souligner des passages en équilibre, plus virtuoses (consommation, c'est le piège à cons / tout est saccage, saccage et destruction à l'entrée de "Climax", c'est la langue qui traîne, c'est l'argot du XI°, c'est la main du mendiant qui réclame la tienne, sur "La langue", morceau tout en retenue). Et pour donner résonance à ses textes, La Phaze s'incruste volontiers sur un terrain rock'n'roll, un rock salvateur, véritable exutoire à toute ces dénonciations ("Le chant des bombes", "Peine de vie"), quitte à les formuler en anglais ("Devil game", "Roof on fire"). Mais Damny et les siens n'ont pas pour autant enterré leurs envies de métissage. C'est ainsi que des clins d'oeil "punglistiques" voient le jour aux détours d'un clavier ("Devil game") ou que le groupe ose l'harmonica ("Peine de vie", "Roof on fire"). Aussi, La Phaze en appelle au reggae pour soigner son groove ("Little face"), la proximité avec Tagada Jones ("Ensemble", "Colère noire" en chanson et en soirée-manifeste) produit "A table", une claque pour fortes têtes et projette "No backyard", brûlot punk d'une quarantaine de secondes ! Jamais rassasié de rencontres et d'innovations, le groupe offre un micro à des invités de choix : Keny Arkana vient poser son tonique flow hip-hop sur "La cause" et Eugène (Gogol Bordello) assure une présence remarquée lors de "Fièvre de l'exil (we comin' rougher)".
Après Pungle roads, album-révélation et une Fin de cycle marquant un tournant dans sa carrière, La Phaze signe un album suintant le Rock tout en conservant ses intentions premières. Un vrai Miracle !