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Biographie > Caius ?

En 1989, John Garcia (chant) Josh Homme (guitare), Chris Cockrell (basse) et Brant Bjork (batterie) décident de former un groupe de rock qu'ils baptisent Sons of the Kyuss. Après avoir enregistré un premier LP éponyme et avoir écumé les bars du désert californien, le groupe est signé chez une filiale de Warner et change de nom pour devenir Kyuss. Entre-temps, Chris Cockrell a quitté le navire, remplacé par un fou furieux du nom de Nick Oliveri.
Deux ans après ses débuts, le groupe sort un nouvel album intitulé Wretch, qui reprend quelques uns des meilleurs titres de son prédécesseur auxquels s'ajoutent quelques inédits. Cet album qui sonne au final assez "metal" ne passionne pas vraiment les foules. On est loin de ce que va être le son de Kyuss un an plus tard avec l'album suivant.
1992, le groupe sort Blues for the red sun, pour beaucoup l'album de référence du stoner, une basse d'une lourdeur incroyable, un groove étourdissant et un zeste de rock psyché hérité des 70's. Résultat des courses, l'album écrase tout sur son passage et le groupe devient l'un des phénomènes rock du moment. Le "Stoner Rock" est né et ce n'est pas le départ de Nick Oliveri qui va mettre en frein à l'ascension météoritique de Kyuss.
Au contraire, Scott Reeder (ancien bassiste de The Obsessed) débarque au sein de la troupe et apporte un son encore plus groove à Welcome to sky valley (1994). Nouvel album et nouveau carton pour les Kyuss, qui auraient alors pu s'arrêter là après avoir mis deux claques monumentales dans la figure des fans, mais non, le groupe se remet au travail (malgré le départ de Brant Bjork vers Fu Manchu et l'arrivée d'Alfredo Hernandez) pour sortir dès l'année suivante... And the circus leaves town.
Au sommet de son art, le groupe peut alors tout se permettre et décide se s'arrêter là, pour terminer sur une bonne note et ne pas décevoir les fans. Deux après la séparation de Kyuss, Josh Homme retrouve Nick Oliveri et Alfredo Hernandez pour former Queens of the Stone Age, LE groupe, digne hériter de Kyuss, qui fera entrer le stoner dans une autre dimension.
Incontournable et inégalable, Kyuss a été à l'origine du mouvement stoner / desert rock, révolutionnant ainsi une partie de l'histoire du rock. Rien que ça...

Review Festival : Kyuss, Dour 2011

Review Festival : Kyuss, Eurocks 2011

Kyuss / Chronique LP > Blues for the red sun

Kyuss - Blues for the red sun 1992, il y a de cela un an, Kyuss a sorti Wretched, second LP de l'histoire du groupe, un album sonnant assez "metal" et qui au final n'a pas vraiment fait un carton auprès du public. L'heure est maintenant au changement, de style, de feeling, d'approche de la musique pour être plus clair, les Kyuss préparent la bombe qu'ils vont lâcher au beau milieu de la scène rock du début des 90's : Blues for the red sun, l'album qui est à l'origine du mythe, le disque avec lequel le quartet a inventé le stoner rock.
Quelques nappes hypnotiques, un riff de gratte qui tourne en boucle pendant une cinquantaine de secondes, Kyuss élague le terrain et prépare l'auditeur à la déflagration "Thumb". Entrée de la batterie, puis de la basse, celle-ci d'une lourdeur incroyable, et enfin du phénoménal John Garcia au chant. Un seul mot vient alors à l'esprit : monstrueux ! "Thumb" est une énorme claque rock au groove étourdissant. Pendant 4'40 on en prend plein les mirettes, effarés parce qui vient de sortir des enceintes. Un morceau hallucinant, la quintessence de ce qu'est le stoner rock en un seul titre. Et, non contents de nous avoir mis sur les rotules, Kyuss en remet une couche avec "Green machine" puis "90 millions year trip". Une constatation s'impose, le Kyuss version Blues for the red sun, est, musicalement, différent du groupe qui a composé Wretched. Entre "coolitude" et riffs de gratte décomplexés signés Josh Homme, Kyuss se lâche et rend des titres de stoner ultimes tels que "Thong song" ou "Writhe", entre lesquels les apôtres du desert rock livrent quelques instrumentaux aux lignes de gratte inspirés et au rythmiques terriblement efficaces ("Apothecarie's weight", "Caterpillar march"). Du jamais vu, ni avant... ni après. Si certains titres instrumentaux tels que "800", ou "Capsized" restent plus dispensables, ils sont plus des interludes permettant d'aérer un peu l'album avant d'attaquer les trois derniers morceaux de ce Blues for the red sun.
"Allen's wrench", puis le déjanté et prophétique "Mondo generator" (Nick Oliveri s'en ira fonder un groupe du même nom après avoir été mis à la porte de Queens of the Stone Age bien des années plus tard) se chargent, fort bien d'ailleurs, d'exécuter la sentence d'assommer définitivement l'auditeur. Pour le dernier morceau de cet album, Kyuss dispose encore d'un dernier as dans sa manche et l'abat avec le surprenant Yeath, un titre de 18''... de silence (sic) qui permet au groupe de conclure Blues for the red sun en sortant l'auditeur de la torpeur cotonneuse dans laquelle il avait été plongé. Au travers d'un seul album, Kyuss synthétise ce que doit être le stoner rock, à savoir, plus qu'un simple style musical, un feeling, une manière de ressentir le rock. Influencé par le désert, l'alcool, les femmes... Blues for the red sun est un album qui se passerait presque de commentaire et reste, quinze ans après sa sortie, un disque incontournable pour tout bon amateur de rock. A écouter en pleine chaleur, une bière fraîche à la main, allongé dans un hamac.

Kyuss / Chronique LP > Welcome to Sky valley

Kyuss - Sky Valley Blues for the red sun, l'album précédant Welcome to sky valley, est considéré par la plupart des amateurs du genre, comme LE meilleur album de stoner jamais écrit et il faut reconnaître qu'ils ne doivent pas être loin de la vérité. Difficile donc pour ce Welcome to sky valley de passer derrière l'énorme vague déferlante qu'à été Blues for the red sun., d'autant que pendant les deux ans qui séparent les sorties des deux disques, le groupe a enregistré le départ du fantasque Nick Oliveri, et pourtant, Kyuss a réussi avec cet album à faire largement aussi bien qu'avec le précédent.
Là où Kyuss nous avait envoyé l'énorme "Thumb" en pleine face pour débuter Blues for the red sun, cette fois, le quartet nous offre un "Gardenia" moins brut de décoffrage, mais plus complexe dans sa structure, alors même que les riffs de grattes sont toujours aussi inspirés. Un titre long de 6 minutes 50 qui reste comme l'un des sommets de la discographie du groupe. D'autant que, surprise, l'arrivée de Scott Reeder au sein de la formation n'est pas vraiment ce qui aurait pu lui arriver de pire. Le bassiste, ex-membre de The obsessed, n'est pas là pour imite le style de jeu de Nick Oliveri (défi évidemment difficile à relever), mais pour apporter son approche de "doomeur" au son de Kyuss. Titre instrumental à la froideur clinique, le troublant "Asteroid" nous montre une autre facette du groupe, un côté un peu plus expérimental dissimulant une volonté de se renouveler et de ne pas produire deux fois le même album. Alors que "Supa scoopa and mighty scoop", "100 degrees", puis "Space cadet" se succèdent sur la platine et que la batterie de Brant Bjork claque une précision hors du commun, Scott Reeder creuse son trou au sein du groupe et assure le show en nous gratifiant d'une ligne de basse démentielle ("Space cadet").
"Demon cleaner", "Odyssey", "Conan troutman"... les morceaux s'enchaînent et Kyuss ne connaît jamais de baisse de régime. Novatrice, psychédélique, paradoxalement légère malgré la lourdeur de la basse, la musique du quartet californien est envoûtante et crépusculaire. L'artwork de Welcome to sky valley, nous invite à embarquer avec Kyuss à travers le désert, pour un voyage initiatique aux confins du rock tout au long des dix titres que recèle cet album. enfin, onze plus exactement si l'on compte la ghost track délirante et à prendre au 360 degré qui le conclue. Preuve encore une fois que le quartet ne se prend pas vraiment au sérieux, seul le plaisir de jouer de la musique comptant ici. Kyuss nous avait offert un chef-d'œuvre avec Blues for the red sun, le groupe nous en offre un second deux ans après, tout aussi magistral bien que différent et plus complexe. un album qui force le respect.

Kyuss / Chronique LP > ...And the circus leaves town

Kyuss : ...And the circus leaves town A peine plus d'un an après avoir marqué l'histoire du stoner et du rock pour la seconde fois, Kyuss revient sur le devant de la scène avec ce ...And the circus leaves town à l'artwork magnifique. Après deux albums qui sont des références pour tout amateur du genre, le groupe n'a plus rien à prouver et peut donc tout se permettre...
La tornade "Hurricane" et le groove monstrueux d'un "One inch man" incroyablement heavy lancent ce 5e album studio des Kyuss sur les chapeaux de roue. Si le groupe a, depuis Welcome to sky valley, perdu son batteur, Brant Bjork parti sous d'autres cieux (Fu Manchu), son remplaçant Alfredo Hernandez fait mieux que simplement assurer la relève. La preuve ? L'instrumental "Thee of boozerony", troisième titre de ce disque, qui décrasse les tympans avec sa rythmique monstrueuse et ses lignes de basse exceptionnelles signées Scott Reeder.
Plus personnel que les deux albums précédents, sans doute plus expérimental aussi ...And the circus leaves town marque une nouvelle étape dans le besoin des Kyuss de toujours se remettre en question et se diversifier. Plus gras, plus heavy que sur Blues for the red sun et Sky valley, le son de cet album, signé Chris Goss (déjà producteur des précédents opus) met en valeur ce style inimitable qui a fait la marque de fabrique du groupe : un groove, des rythmiques lourdes et un zeste de rock psychédélique hérité des 70's. Ballade rock psychée tantôt planante, tantôt heavy, "Photocropic" et encore plus l'hymne au désert qu'est "El rodeo" sont des tubes absolus. John Garcia prenant le temps de souffler l'espace de quelques minutes sur l'instrumental "Jumbo blimp jumbo", Kyuss enchaîne avec "Tangy zizzle" et son intro décalée doublée d'une énergie contaminatrice. Puis c'est au tour d'un "Size queen" d'exploser les enceintes. Dantesque! Encore une fois, Josh Homme, toujours aussi inspiré, signe des riffs d'anthologie pendant que John Garcia assure une performance vocale de très haute volée. "Catamaran", cover des Yawning Man, chantres d'un desert rock psyché qui a sans doute influencé Kyuss à ses débuts, est l'un des morceaux phares de ...And the circus leaves town. Une ballade élégante et mélodique à travers le désert, entre sentiment de langueur et liberté absolue. "Catamaran" est un morceau qui préfigure de ce que va être le final de cet album : "Spaceship landing". 11 minutes de pur stoner rock comme seul Kyuss sait nous un offrir. Brillant et forcément jouissif... A noter qu'à l'instar de Welcome to sky valley, l'album ce conclue sur une courte mais magnifique ghost track (après 30 minutes de silence tout de même...), une rêverie pop à l'ambiance cotonneuse bien éloigné de ce qu'à fait le groupe auparavant. ...And the circus leaves town, le rideau tombe, le cirque quitte la ville et Kyuss quitte la scène rock après l'avoir définitivement marquée de son empreinte. Des dizaines de groupes (Fu Manchu, Hermano, Unida et bien évidemment les Queens of the Stone Age pour ne citer qu'eux) poursuivront l'héritage musical que le groupe laisse derrière lui. Avec la fin de Kyuss, c'est toute une page de l'histoire du rock qui se tourne... Chapeaux bas !