Kyuss - Blues for the red sun 1992, il y a de cela un an, Kyuss a sorti Wretched, second LP de l'histoire du groupe, un album sonnant assez "metal" et qui au final n'a pas vraiment fait un carton auprès du public. L'heure est maintenant au changement, de style, de feeling, d'approche de la musique pour être plus clair, les Kyuss préparent la bombe qu'ils vont lâcher au beau milieu de la scène rock du début des 90's : Blues for the red sun, l'album qui est à l'origine du mythe, le disque avec lequel le quartet a inventé le stoner rock.
Quelques nappes hypnotiques, un riff de gratte qui tourne en boucle pendant une cinquantaine de secondes, Kyuss élague le terrain et prépare l'auditeur à la déflagration "Thumb". Entrée de la batterie, puis de la basse, celle-ci d'une lourdeur incroyable, et enfin du phénoménal John Garcia au chant. Un seul mot vient alors à l'esprit : monstrueux ! "Thumb" est une énorme claque rock au groove étourdissant. Pendant 4'40 on en prend plein les mirettes, effarés parce qui vient de sortir des enceintes. Un morceau hallucinant, la quintessence de ce qu'est le stoner rock en un seul titre. Et, non contents de nous avoir mis sur les rotules, Kyuss en remet une couche avec "Green machine" puis "90 millions year trip". Une constatation s'impose, le Kyuss version Blues for the red sun, est, musicalement, différent du groupe qui a composé Wretched. Entre "coolitude" et riffs de gratte décomplexés signés Josh Homme, Kyuss se lâche et rend des titres de stoner ultimes tels que "Thong song" ou "Writhe", entre lesquels les apôtres du desert rock livrent quelques instrumentaux aux lignes de gratte inspirés et au rythmiques terriblement efficaces ("Apothecarie's weight", "Caterpillar march"). Du jamais vu, ni avant... ni après. Si certains titres instrumentaux tels que "800", ou "Capsized" restent plus dispensables, ils sont plus des interludes permettant d'aérer un peu l'album avant d'attaquer les trois derniers morceaux de ce Blues for the red sun.
"Allen's wrench", puis le déjanté et prophétique "Mondo generator" (Nick Oliveri s'en ira fonder un groupe du même nom après avoir été mis à la porte de Queens of the Stone Age bien des années plus tard) se chargent, fort bien d'ailleurs, d'exécuter la sentence d'assommer définitivement l'auditeur. Pour le dernier morceau de cet album, Kyuss dispose encore d'un dernier as dans sa manche et l'abat avec le surprenant Yeath, un titre de 18''... de silence (sic) qui permet au groupe de conclure Blues for the red sun en sortant l'auditeur de la torpeur cotonneuse dans laquelle il avait été plongé. Au travers d'un seul album, Kyuss synthétise ce que doit être le stoner rock, à savoir, plus qu'un simple style musical, un feeling, une manière de ressentir le rock. Influencé par le désert, l'alcool, les femmes... Blues for the red sun est un album qui se passerait presque de commentaire et reste, quinze ans après sa sortie, un disque incontournable pour tout bon amateur de rock. A écouter en pleine chaleur, une bière fraîche à la main, allongé dans un hamac.