L'histoire de Kula Shaker, groupe de rock britannique psychédélique, ne peut être contée sans passer par celle de son leader, Crispian Mills. Enfant de la balle (fils de l'actrice Hayley Mills et du metteur en scène Roy Boulting), ce blondinet a 17 ans lorsqu'il créé avec son camarade Alonza Bevan le groupe The Objects of Desire tout en tenant en même temps une boîte de nuit psyché à Richmond, près de Londres. Quelques années plus tard, le petit Crispian devenu majeur part à Mayapur en Inde à la recherche d'une quête spirituelle et étudie les enseignements du philosophe Chaitanya qui découlent directement des croyances du mouvement pour la conscience de Krishna, une divinité de l'hindouisme. A son retour au début de l'année 1993, il forme avec Alonza Bevan (basse) le groupe The Kays qui se complète du batteur Paul Winterhart et du chanteur Saul Dismont (cousin de Crispian). La formation sort deux EP et effectue une prestation au festival de Glastonbury la même année sous l'étiquette acid-rock puis elle change son nom en The Lovely Lads ainsi que sa formation (Dismont part laissant le chant à Mills et Jay Darlington arrive au claviers).
En 1995, après une mauvaise expérience avec un label, le groupe se renomme Kula Shaker du nom d'un mystique indien empereur au neuvième siècle, Kulashekhara Varman. C'est à la fin de cette année que les britanniques signent chez Columbia après avoir gagné un concours en maîtrisant l'exercice de la scène avec somptuosité. La major, souhaitant préparer le terrain avant la sortie du premier disque de Kula Shaker, va lancer une série de singles dont le célèbre "Tattva". K voit finalement le jour en septembre 1996 et cartonne dans les charts avec son mélange audacieux de rock psyché et de musique indienne. Les médias anglais n'ont d'yeux que pour ce groupe qui enchaine les dates sans inhibition jusqu'à une certaine boulette médiatique de Mills lors d'une interview avec un journaliste de la NME. En effet, le leader fan de l'Inde explique vouer un culte à la swastika, symbole repris pour l'emblème du nazisme. Malgré des excuses publiques, Kula Shaker se fait alors plus discret et prépare tranquillement son deuxième album. Crispian Mills en profite pour composer "Narayan", une chanson pour The Prodigy se retrouvant sur le cultissime The fat of the land. Les britanniques sortent leur deuxième album, Peasants, Pigs & Astronauts, en mars 1999. La production de ce disque est assurée par Bob Ezrin (qui a collaboré à The wall des Pink Floyd) et rend un hommage plus poussée à la musique indienne à l'instar du titre "Radhe radhe". Toutefois, ce deuxième opus n'est pas à la hauteur des ventes du premier malgré une qualité musical toujours aussi présente. Cela n'empêche pas le groupe de le défendre sur scène mais l'absence de Jay Darlington sur certains concerts fait naître des rumeurs de séparation au sein de la presse. Quelques mois avant le nouveau millénaire, Crispian Mills annonce la fin de Kula Shaker. Il part former Pi puis The Jeevas avec lequel il sortira deux albums. Paul Winterhart joue quant à lui dans le mort-né Thirteen : 13, Jay Darlington accompagne Oasis aux claviers sur scène et en studio et Alonza Bevan rejoint Johnny Marr (The Smiths) sur le projet The Healers. Columbia met en vente en 2002 un best-of, Kollected : The best of Kula Shaker, qui comprend leur ultime morceau, "Ballad of a thin man", une reprise de Bob Dylan. Fin 2005, la formation anglaise se reforme sans Darlington sous le nom The Garcons lors d'un concert surprise. Le retour aux affaires (avec Harry Broadbent, nouveau claviériste) semble bien réel et sera confirmé deux ans plus tard avec la sortie d'un troisième album intitulé Strangefolk puis avec le tout récent Pilgrims progress sorti en juin de cette année et enregistré dans leur studio à Chimay en Belgique.
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Kula Shaker discographie sélective
lp :
K 2.0
...
lp :
Pilgrims progress
...
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Numéro :
Mag #23
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Kula Shaker / Chronique LP > K 2.0
Lorsque j'ai eu vent du retour de Kula Shaker au tout début de l'année et du nom de son nouvel album, K 2.0, je me suis demandé si les mecs avait osé élaborer une version revisitée de K, leur chef d'œuvre, ou si le titre de ce nouveau bébé jouait juste avec le nombre d'anniversaires de l'intéressé précité. Oui, car en parallèle, la formation rock 60'-70's aux fortes sonorités hindouistes capitalisait sur les 20 ans de la sortie de K, en annonçant une tournée à travers laquelle ils ne manqueraient pas de se faire un petit plaisir à rejouer plusieurs de ses morceaux. Un plaisir de courte durée pour moi puisque la date parisienne était déjà complète avant que je clique sur "Mettre dans le panier". Bref, en enfournant ce K 2.0 dans la platine, on se rend compte très vite que Kula Shaker fait du Kula Shaker, une recette empruntée mais inusable visiblement, où seule la qualité et la teneur en émotion des compositions fait la différence d'un disque sur un autre.
Six ans que la bande de Crispian Mills n'avait pas pondu de galette depuis un Pilgrims progress assez bon dans l'ensemble mais n'ayant jamais réussi à égaler le niveau d'addiction des titres du début de carrière. Un vrai retour attendu (ou pas, c'est selon, tant le groupe n'est pas trop un champion de la com' et du buzz et qu'il a dû perdre une grosse partie de son public avec le temps...) qui commence par un single sorti plus tôt, histoire d'annoncer l'œuvre. "Infinite sun", sa sitar, son psychédélisme, une belle madeleine de Proust pour tout fan de Kula Shaker et de son K. On se dit qu'on le tient peut-être notre "vrai retour", surtout que le côté brit-pop 90's d'"Holy frame" qui suit n'est pas déplaisant du tout. Et puis, paf, la suite s'essouffle terriblement : "Death of democracy" et "Let love B (with U)", aux rythmes semblables, sonnent beaucoup plus conventionnels. Des morceaux pop "sympathiques" mais qui ne procurent aucun frisson. "Here come my demons" débute sous perfusion puis prend son envol sans décollage réel. La très jolie ballade folk de "33 crows" relève un peu le niveau à la moitié de cet album, Kula Shaker commence à reprendre du poil de la bête avec "Oh Mary", bizarrement au moment où la sitar commence à renaître sur ce disque. Tandis qu"High noon" a ce petit côté western pas déplaisant avec ses effets de surf guitare, qui aurait toute sa place sur une BO d'un film de Tarantino, "Hari bol (The sweetest sweet)" rappelle l'appartenance spirituelle et religieuse de Mills au vaishnavisme. Hare Krishna mes frères ! K 2.0 se termine d'une part avec "Get right get ready", un titre funky rock jovial plein d'énergie, et d'autre part avec "Mountain lifter", qui déploie des variations rock très intéressantes et montre un visage plus libéré de la personnalité de Crispian Mills.
Alors, que penser de ce nouvel album après tout cela ? Le constat est en demi-teinte, ce Kula Shaker n'est pas celui qui nous faisait vibrer de bout en bout il y a 15-20 ans. K 2.0 comporte certes son lot de bons morceaux mais cela ne tient pas sur trois-quarts d'heure. La faute à des tentatives foireuses de pop-song qui ne caractérisent pas tant que cela le combo anglais qui nous avait déjà fait le même coup sur ces deux précédentes sorties. Un peu rageant quand on sait de quoi est capable cet ancien phénomène de la brit-pop anglaise.
Kula Shaker / Chronique LP > Pilgrims progress
Depuis que Kula Shaker s'est officiellement reformé en 2006, toutes les informations les concernant se font plus discrètes qu'auparavant. Le nouveau-né Pilgrims progress, sorti il y a tout juste un mois, n'a pas échappé à la règle, tout du moins en France.
Car c'est bel et bien dans la seconde moitié des 90's que les Britanniques faisaient la une des charts, des journaux et qu'on ne pouvait pas les louper. C'est donc sans trop de pression que Kula Shaker délivre son désormais quatrième album studio, le deuxième depuis sa reformation sans leur claviériste Jay Darlington, parti chez Oasis puis Beady Eye (le nouveau groupe de la tête à claques Liam Gallagher) actif depuis que les deux frangins se sont (définitivement ?) brouillés. Déjà, Strangefolk avait pu nous démontrer que le talent de composition de la bande à Cripian Mills n'avait pas totalement disparu même si il manquait toutefois des titres à la hauteur de leurs tubes (ça... ça ne manquait pas par contre) que l'on chantait à tue-tête voilà déjà plus de dix ans. Je vous rassure, Kula Shaker n'est pas à ranger aux oubliettes car ce nouvel album, au delà du simple intérêt critique qu'il peut susciter, est tout bonnement excellent. Bien que ces adeptes du mysticisme n'aient jamais été des avant-gardistes dans l'âme, ils savent toujours emprunter à leurs prédécesseurs (dont Grateful Dead, The Byrds, The Beatles, Bob Dylan) pour nous servir une musique racée comprenant la pop ("Ophelia"), le folk ("Only love", "Cavalry"), le rock sixties ("Modern blues", "Barbara Ella"), une petite touche psychée ("Winters call") par moments et évidemment, mais à moindre mesure, la musique indienne ("Figure it out"). En effet, Kula Shaker semble s'être peu à peu résigné à évoquer tout ce qui tourne autour de sa croyance (fini les "Radhe radhe", "Govinda", "Tattva", "Namami nanda nandana" et j'en passe), sa marque de fabrique en somme, pour revenir vers une musique plus sobre, moins personnelle et pourtant non moins exquise. Comme quoi, pourquoi chercher à faire compliqué quand on peut faire simple ? Bourré de références dont Peter Pan (sa statue érigée dans Kensington Gardens à Londres fait l'objet de la pochette), ce Pilgrims progress démontre une nouvelle fois le don qu'ont ces Anglais pour créer des mélodies imparables sans tomber dans la facilité. Et rien que pour son final apocalyptique "Pink Floydien" mémorable ("Winter's call"), cet album vaut vraiment la peine que l'on s'y attarde un peu.