Kula Shaker - K2.0 Lorsque j'ai eu vent du retour de Kula Shaker au tout début de l'année et du nom de son nouvel album, K 2.0, je me suis demandé si les mecs avait osé élaborer une version revisitée de K, leur chef d'œuvre, ou si le titre de ce nouveau bébé jouait juste avec le nombre d'anniversaires de l'intéressé précité. Oui, car en parallèle, la formation rock 60'-70's aux fortes sonorités hindouistes capitalisait sur les 20 ans de la sortie de K, en annonçant une tournée à travers laquelle ils ne manqueraient pas de se faire un petit plaisir à rejouer plusieurs de ses morceaux. Un plaisir de courte durée pour moi puisque la date parisienne était déjà complète avant que je clique sur "Mettre dans le panier". Bref, en enfournant ce K 2.0 dans la platine, on se rend compte très vite que Kula Shaker fait du Kula Shaker, une recette empruntée mais inusable visiblement, où seule la qualité et la teneur en émotion des compositions fait la différence d'un disque sur un autre.

Six ans que la bande de Crispian Mills n'avait pas pondu de galette depuis un Pilgrims progress assez bon dans l'ensemble mais n'ayant jamais réussi à égaler le niveau d'addiction des titres du début de carrière. Un vrai retour attendu (ou pas, c'est selon, tant le groupe n'est pas trop un champion de la com' et du buzz et qu'il a dû perdre une grosse partie de son public avec le temps...) qui commence par un single sorti plus tôt, histoire d'annoncer l'œuvre. "Infinite sun", sa sitar, son psychédélisme, une belle madeleine de Proust pour tout fan de Kula Shaker et de son K. On se dit qu'on le tient peut-être notre "vrai retour", surtout que le côté brit-pop 90's d'"Holy frame" qui suit n'est pas déplaisant du tout. Et puis, paf, la suite s'essouffle terriblement : "Death of democracy" et "Let love B (with U)", aux rythmes semblables, sonnent beaucoup plus conventionnels. Des morceaux pop "sympathiques" mais qui ne procurent aucun frisson. "Here come my demons" débute sous perfusion puis prend son envol sans décollage réel. La très jolie ballade folk de "33 crows" relève un peu le niveau à la moitié de cet album, Kula Shaker commence à reprendre du poil de la bête avec "Oh Mary", bizarrement au moment où la sitar commence à renaître sur ce disque. Tandis qu"High noon" a ce petit côté western pas déplaisant avec ses effets de surf guitare, qui aurait toute sa place sur une BO d'un film de Tarantino, "Hari bol (The sweetest sweet)" rappelle l'appartenance spirituelle et religieuse de Mills au vaishnavisme. Hare Krishna mes frères ! K 2.0 se termine d'une part avec "Get right get ready", un titre funky rock jovial plein d'énergie, et d'autre part avec "Mountain lifter", qui déploie des variations rock très intéressantes et montre un visage plus libéré de la personnalité de Crispian Mills.

Alors, que penser de ce nouvel album après tout cela ? Le constat est en demi-teinte, ce Kula Shaker n'est pas celui qui nous faisait vibrer de bout en bout il y a 15-20 ans. K 2.0 comporte certes son lot de bons morceaux mais cela ne tient pas sur trois-quarts d'heure. La faute à des tentatives foireuses de pop-song qui ne caractérisent pas tant que cela le combo anglais qui nous avait déjà fait le même coup sur ces deux précédentes sorties. Un peu rageant quand on sait de quoi est capable cet ancien phénomène de la brit-pop anglaise.