En préambule, je voudrais dire qu'intituler un album Adios amigos comme ont pu le faire les Ramones est une marque de bon goût. Voilà, c'est dit. Passons à la suite. Krokus, formé en Suisse au milieu des années 70 et surnommé "le AC/DC européené (le chanteur avait même laissé entendre qu'il était disponible pour prendre le poste de chanteur au décès de Bon Scott), a décidé à la fin de la dernière décennie de raccrocher les gants et de proposer à ses fans une ultime tournée d'adieu. Tournée malheureusement interrompue par cette satanée Covid. Du coup, et histoire de marquer le coup, le groupe (dans une configuration à trois guitaristes !) propose dans un double digipack CD/DVD un peu trop à l'ancienne (artwork réalisée avec Paint, absence de livret) le concert enregistré au Wacken Open Air un après-midi d'août 2019 (juste avant AC/DC Airbourne). 72 minutes de sueur et de fureur restituées dans leur intégralité tant pour l'audio que pour la vidéo.
Le groupe tire donc sa révérence, mais il en a encore sous le pied ! Preuve en est avec ce concert dont la puissance est assez bien restituée sur les deux supports. Le groupe maîtrise la scène et connaît les ficelles pour enflammer son auditoire, et propose une set list piochant dans l'âge d'or du groupe (les imparables années 80) en agrémentant le show de reprises bien senties ("American woman" de The Guess Who avec une intro rappelant "We will rock you" de Queen, "Rockin' in the free world" de Neil Young et "Quinn the eskimo" de Bob Dylan, les deux dernières figurant dans la tracklist de leur album de reprises Big rocks paru en 2017). Aucune retenue donc, et aucun complexe de s'inspirer des meilleurs, Airbourne et AC/DC en tête ("Long stick goes boom", "Hellraiser") ou la scène heavy metal anglaise des 70's ("Easy rock" connoté Maiden, "Headhunter" communiant avec le Priest), pour un résultat qui détonne plutôt qu'il étonne. Mais quand le boulot est bien fait, autant le reconnaître, non ? Car Krokus ne fait pas semblant quand il s'agit d'envoyer de généreux chorus de guitares ou d'enflammer les planches. Le groupe pourra partir avec le sentiment du devoir accompli et laissera une trace live d'un groupe généreux et passionné. It's only (heavy) rock 'n' roll, but we like it, pas vrai ?
Publié dans le Mag #47