Kouma - Aibohphobia Kouma : un trio lyonnais de "free rock" que j'avais découvert par hasard il y a plus de cinq ans au CCL à Lille lors d'une première partie de Joy As A Toy. Je me souviens qu'ils avaient remporté la palme du show de la soirée avec leur rock totalement tarabiscoté. J'avais été surpris à l'époque de voir que la basse était assurée par un sax baryton, la guitare elle aussi était baryton d'ailleurs, tout ça n'est pas commun du tout, mais c'était assez pour avoir déjà retenu mon attention. Depuis, je n'ai plus trop eu de nouvelles jusqu'à ce que Dur et Doux me propose la chronique de leur troisième et dernier disque en date, Aibohphobia.

Ce palindrome dont la définition serait la "peur des palindromes" interpelle, et les deux titres de la même durée de la galette, nommés tout simplement "Aller" et "retour", intrigue encore plus. Le trio serait-il assez fou pour nous proposer une version inversée type "rewind" du premier morceau ? La réponse n'est pas totalement négative, puisque les Kouma nous expliquent que cet opus est : "Une bande son au caractère réversible d'un trajet quotidien. L'aller constitue la face A ; tellurique, chaud et ancré dans le son guitare/sax/batterie familier au trio. Son négatif, inscrit sur la face B, est plus synthétique et vaporeux et emmène le trio vers d'autres perspectives [...] ces deux pièces sont donc basées sur un concept d'écriture en miroir où une phrase musicale est identique à son symétrique. Un palindrome musical en quelque sorte. La deuxième face est ainsi le miroir de la première."

Alors, au premier abord, ça ne saute pas du tout aux yeux tant le rendu général sonne comme une pièce très dense soigneusement écrite, limite imbuvable puisque rien n'est codifié sur les 13 minutes de chaque morceau, on est baladé de mouvement en mouvement sans vraiment comprendre ce qu'il en ressort. Et oui, Kouma n'est pas un groupe d'indie-rock ! La recherche musicale fait visiblement partie intégrante des ambitions du groupe, un peu comme le fait Jojo Mayer avec sa batterie, mais cela ne nous empêche pas de prendre un certain malin plaisir à se délecter des travaux de Romain, Damien et Léo, et par la même de titiller nos deux hémisphères au casque. Techniquement, c'est d'ores et déjà une réussite, pour le reste, c'est à vous de juger.