Quasiment deux ans jour pour jour après If wolves, les postrockeurs allemands de Kokomo ont donc remis le couvert avec un nouvel album studio et éponyme cette fois, mais toujours distribué par l'intermédiaire d'un spécialiste européen de la question "post-quelque-chose" soit le label Dunk! Records (Celestial Wolves, Sky Architects, Terraformer), évidemment affilié au festival belge du même nom. Un groupe qui d'entrée de jeu met le couvert en refaisant le coup de son opus précédent en envoyant près de huit minutes d'un premier titre post-rock surpuissant, mélodique à se damner et exécuté à un tempo plutôt soutenu, histoire de chatouiller les conduits auditifs de manière à bien imprimer sa marque.
L'effet est redoutable et les Kokomo occupent le terrain en interprétant leur post-rock lorgnant toujours un peu plus vers les contrées de quelque chose d'un peu plus métallique dont la référence absolue reste encore et toujours Russian Circles. Pas vraiment emmerdé par les formats courts, le groupe appuie sur la touche "intensité" pour libérer un "They seem to be dead set" s'étendant cette fois sur près de dix minutes d'une odyssée musicale aux mélodies stellaires, une symphonie dont la trame comme les motifs harmoniques se révèle extrêmement bien ciselée. Et émotionnellement de toute beauté, à l'image de la suite, toujours aussi classe avec ce "Tauben im gras" dont l'amplitude dépasse allègrement ce à quoi le groupe nous avait habitué jusqu'alors, pour véritablement tutoyer les sommets du genre.
Lequel genre est ici immortalisé par des compositions qui prennent tout leur temps pour dévoiler ce qu'elles ont en elles, parfois un peu trop tant le groupe use de temps en temps de la répétitivité à outrance ("Ein dachs hat zweifel" qui frise tout de même le quart d'heure, ceci expliquant aussi cela) en oubliant un peu de faire progresser sa narration musicale. Plus à l'aise sur des durées raccourcies, en témoigne le sublime "Deconstructure", la cinquième piste de cet opus éponyme, Kokomo se met ici à nu et parvient à trouver un équilibre quasi idéal entre douceur mélodique et densité post-métallique particulièrement incisive, dévoilant ainsi une écriture qui s'est affinée avec le temps mais une puissance instrumentale qui ne se dément pas ("La trieste"). Très classe même si encore trop méconnu...
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Première sortie du label Dunk! Records (on s'est occupé dernièrement de quelques autres mais pas celle-là cf : Kasan, Stories from the Lost, Terraformer), If wolves, c'est le genre de petite pépite que l'on aime découvrir même un peu en retard d'une guerre (une bonne année après tout le monde => correct). La "faute" à un talent trop rare et une maîtrise des codes du post-rock - et de leur renouvellement - comme on en voit rarement. Et en plus, l'objet, un élégant digipack au design plutôt étudié, est une réussite. Oui, certains comme les Kokomo ont décidément un peu tout pour eux, voire même un peu plus.
Et notamment la capacité à embraser l'assistance virtuelle en un seul titre, ce "Kokomo - Go, Mordecai" qui ouvre l'album avec son gimmick mélodique répétitif oui, mais imparable. Sept minutes et quinze secondes plus tard d'une première déferlante post-rock/rock alternatif passionné à la dynamique particulièrement enlevée et fusionnel, les natifs de Duisbourg (en Allemagne) viennent de poser une première mine au beau milieu d'une scène parfois un peu sclérosé par toute une constellation de groupes se contentant de suivre les mouvements initiés par les Godspeed You! Black Emperor, Explosions in the Sky, Mogwai et autres Sigur Ros. Pas de ça ici et même si les influences des figures de marques de la catégorie se font parfois plus ou moins présentes, Kokomo parvient à créer quelque chose qui lui appartient complètement ("91 Meter").
Une identité qui s'affirme dans une écriture savamment ciselée, parfois un peu trop languissante certes, malgré quelques moments de bravoure dont l'incandescence et la puissance déflagratrice flirtent avec un post-metal de premix choix ("Versus silotron"), mais aussi dans le besoin de prendre le temps de développer des constructions instrumentales qui s'épanchent sur la durée. Un seul morceau dure ainsi moins de sept minutes et c'est aussi en ménageant ses effets de la sorte que Kokomo fait pleuvoir un véritable déluge émotionnel sur l'intense et abrasif "Epochs and archives" avant de se sublimer sur le plus court et paradoxalement plus réussi des morceaux de l'album : le petit chef-d'oeuvre qu'est "Arcade Romania". Un monument de post-rock ascensionnel et volubile qui satellise l'auditoire en emmène la musique du groupe dans des sphères seulement fréquentées par les maîtres du genre. Et comme le sixième et dernier titre de cet If wolves est lui aussi une belle réussite (même si en deça de son prédécesseur), on reste littéralement conquis par la classe de ses auteurs...