Kiss the anus of a black cat - Nebulous dreams Le label Conspiracy Records s'est taillé une solide réputation au travers d'un catalogue réunissant un panel varié de groupes (Jesu, Shora, Fear Falls Burning, Nadja : ça en impose non ?) explorant souvent des territoires totalement en marge des sentiers re-battus de la musique actuelle : cette tendance se confirme encore une fois avec un sextet de Gand au nom drôlement évocateur, Kiss the anus of a black cat.
Avec un nom qui focalise les regards, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces belges savent, de manière générale, capter l'attention : une pluie de sons stridents qui interpellent et semblent tournoyer tel un essaim d'abeilles autour d'une proie, une basse à la présence grandissante accompagnant des rythmes martiaux lancinants à la lenteur digne d'un cortège funèbre, des arrangements méticuleusement incrustés, une atmosphère mêlant relents moyenâgeux et le roman de Stevenson dédié à la piraterie, une voix (pas si éloigné de l'organe de Nick Cave) qui se fait savoureusement attendre mais qui surprend par sa théâtralité et sa tension dramatique, son caractère épique et la conviction insufflée : "Between Skylla and Charybdis" étale sa progression en un lent crescendo sur 19 minutes et permet à Kiss the anus of a black cat d'épancher sa soif de musique atypique au travers d'un morceau qui fait figure d'entrée en matière plus que classieuse à Nebulous dreams. La piste suivante, "Dyptich" s'emploie également à rendre plus floue cette frontière entre réalité et onirisme : percussions cadencées sur des rythmes tribaux et chœurs macabres répétés cycliquement, un orgue couvrant de nappes mélodiques en contrepoint, des bruits de bestioles d'un autre monde ça et là, un piano aux interventions rationnées qui vient conclure en beauté le morceau et introduire par la même occasion le plus conventionnel "Miserere" et son duo guitare folk-voix ponctué de chœurs mystiques habités et toujours en addition ces arrangements qui happent et enrobent l'auditeur dans un contexte d'un autre temps. Nebulous dreams offre 3 titres pour une demi-heure d'apnée dans l'univers de Kiss the anus of a black cat et on a tendance à rester sur notre faim tant le contenu est de qualité : ils sont certes doués pour capter l'attention mais ils le sont également lorsqu'il s'agit de ne pas se faire oublier en proposant un album aux ambiances singulières vers lequel on n'hésitera pas à revenir à de nombreuses reprises. Nebulous dreams s'adresse autant aux amateurs de Woven Hand qu'aux auditeurs avides de sonorités originales s'aventurant sur des contrées désolées et inhospitalières. Evidemment chaudement recommandable cet ovni de Kiss the Anus of a Black Cat.