Le groupe qui double les consonnes et kiffent les "y" est de retour ! Oui, il s'agit bel et bien de Kinky Yukky Yuppy ! Toujours pas facile à dire et à retenir quand on ne connaît pas. Mais si tu te mets leur album entre les oreilles, crois-nous, tu vas vite apprendre et retenir leur nom ! D'autant plus que s'ils ont tout d'un groupe ricain, ils sont de "chez nous" et ça fait du bien d'entendre et du coup de défendre un groupe d'un tel calibre.
Foo Fighters, Biffy Clyro, Silverchair, Oasis ou A Perfect Circle, voilà quelques uns des noms cités par Aurelio lors de la sortie de leur précédent album (Escape) pour essayer de les cerner. Indomptable, je vais rajouter d'autres noms comme Shun pour le timbre ultra cristallin du chant sur certains titres (ce "You're wrong" qui vous transperce), Nihil quand le propos se durcit et se métallise, Bush si la mélodie semble simplissime et imparable ou encore (et surtout) 30 Seconds To Mars pour l'ensemble et en particulier les choeurs (pas toujours à l'avantage des compositions comme sur "Move on" ou "Scalding tears" qui seraient certainement mieux sans...). Au jeu du "ça me fait penser à tel groupe", les Kinky sont très forts, car capables de raviver une foule de souvenirs musicaux aussi divers que variés, le background de chacun faisant le reste. Très rock, Until the sun goes down est aussi un peu pop, un peu métal, un peu électro, certains titres passant par toutes les teintes possibles (le très bon "It's alright"), pour autant, l'amalgame se fait sans forcer, les lascars ayant le sens du rythme tout autant que celui de la mélodie ou du son léché.
Alors que l'animal semble apprivoisé, le revoilà qui se fait sauvage, Kinky Yukky Yuppy nous attendrit pour mieux nous dominer, laissant une impression étrange entre force et fragilité. Un peu comme ce mignon petit hérisson qu'on veut caresser en sachant qu'on risque de se piquer. Cet album magnifique (même avec les quelques choeurs gnan gnan) voit cet adjectif perdre quelques lettres pour devenir magique par moments comme sur "You're wrong" ou "Powerless", deux titres à écouter obligatoirement. Maintenant.
Kinky Yukky Yuppy
Kinky Yukky Yuppy / Chronique LP > Until the sun goes down
Kinky Yukky Yuppy / Chronique LP > Escape
Et si le meilleur album de rock alternatif (forcément indépendant) du moment était français ? Manque de culture, déficit d'inspiration, influence anglo-saxonne omniprésente, choix artistiques raillés, d'ordinaire, les critiques sont légions sur ce genre de groupe tentant de marcher sur les plate-bandes (anglo-saxons) des cadors du genre. Pas ici. Avec son Escape, Kinky Yukky Yuppy démontre qu'il a tout pour lui : riffs entêtants, breaks énergiques, mélodies addictives, un soupçon de rage... une fuite en avant vers les cimes du rock amplifié et une sacrée capacité à aligner les tubes, la classe quoi. Premier titre avec "Ugly" et premier coup de Trafalgar. Second titre avec "Happiness" et verdict similaire. Lorsque la troisième torpille signée KYY, "Slow falling", nous parvient, on se dit que c'est presque trop facile pour eux. Foo Fighters meets Biffy Clyro meets Breaking Benjamin meets Silverchair, l'addition des influences fait des merveilles surtout que le groupe parvient à s'affranchir du cliché "suiveur" pour développer sa propre griffe musicale. A la fois électrique et mélodique, refrains fédérateurs taillés pour le live et une grosse présence instrumentale, Escape est assurément de ses albums qui outre-Atlantique seraient en heavy rotation 24h/24h sur les ondes. Ici, la caisse de résonance sera forcément moindre et pourtant, les gaziers ne s'arrêtent pas à de si basses considérations et enchaînent. "Disco stu" et sa batterie ultra dynamique dégoupille une mélodie tubesque à la Oasis, "H.O.T.S" envoie du lourd, dopé par un son de gratte bien massif et une petite poussée de fièvre sur son climax enragé, break incandescent et groove outrageusement rock = tuerie absolue. Surtout que les Kinky Yukky Yuppy enchaînent avec le ténébreux "Behind your smile" puis "Not the same", dont quelques réminiscences sont à aller chercher du côté d'A Perfect Circle, toujours avec la même efficacité dans le songwriting. Car le groupe maîtrise clairement son sujet, s'offrant quelques incursions plus métalliques sur "I try" et l'énervé "Come to me" quand il ne joue pas la carte de la mélodie power-pop/émo-rock, radiophonique certes, mais redoutablement bien carossée. Calibré oui, mainstream certes mais vraiment bien foutu.