Kinky Yukky Yuppy - Escape Et si le meilleur album de rock alternatif (forcément indépendant) du moment était français ? Manque de culture, déficit d'inspiration, influence anglo-saxonne omniprésente, choix artistiques raillés, d'ordinaire, les critiques sont légions sur ce genre de groupe tentant de marcher sur les plate-bandes (anglo-saxons) des cadors du genre. Pas ici. Avec son Escape, Kinky Yukky Yuppy démontre qu'il a tout pour lui : riffs entêtants, breaks énergiques, mélodies addictives, un soupçon de rage... une fuite en avant vers les cimes du rock amplifié et une sacrée capacité à aligner les tubes, la classe quoi. Premier titre avec "Ugly" et premier coup de Trafalgar. Second titre avec "Happiness" et verdict similaire. Lorsque la troisième torpille signée KYY, "Slow falling", nous parvient, on se dit que c'est presque trop facile pour eux. Foo Fighters meets Biffy Clyro meets Breaking Benjamin meets Silverchair, l'addition des influences fait des merveilles surtout que le groupe parvient à s'affranchir du cliché "suiveur" pour développer sa propre griffe musicale. A la fois électrique et mélodique, refrains fédérateurs taillés pour le live et une grosse présence instrumentale, Escape est assurément de ses albums qui outre-Atlantique seraient en heavy rotation 24h/24h sur les ondes. Ici, la caisse de résonance sera forcément moindre et pourtant, les gaziers ne s'arrêtent pas à de si basses considérations et enchaînent. "Disco stu" et sa batterie ultra dynamique dégoupille une mélodie tubesque à la Oasis, "H.O.T.S" envoie du lourd, dopé par un son de gratte bien massif et une petite poussée de fièvre sur son climax enragé, break incandescent et groove outrageusement rock = tuerie absolue. Surtout que les Kinky Yukky Yuppy enchaînent avec le ténébreux "Behind your smile" puis "Not the same", dont quelques réminiscences sont à aller chercher du côté d'A Perfect Circle, toujours avec la même efficacité dans le songwriting. Car le groupe maîtrise clairement son sujet, s'offrant quelques incursions plus métalliques sur "I try" et l'énervé "Come to me" quand il ne joue pas la carte de la mélodie power-pop/émo-rock, radiophonique certes, mais redoutablement bien carossée. Calibré oui, mainstream certes mais vraiment bien foutu.