Le leader des cultes Killing Joke a enfin accouché de son projet fou, laisser parler ses envies de diriger un orchestre symphonique ! Jaz Coleman n'est donc pas seul sur ce double album car il a une armée de musiciens devant lui et pas n'importe lesquels car il s'agit de l'orchestre philarmonique de Saint-Petersbourg, ils suivent à la baguette son gigantesque travail pour transformer des morceaux froids et binaires en œuvres presque classiques. Pas à court de mégalomanie, le lascar a sous-titré Magna invocatio : "A gnostic mass for choir and orchestra inspired by the sublime music of Killing Joke". On peut ergoter sur le sublime car au départ tout n'est pas exceptionnel chez son groupe, par contre, oui, c'est une masse (double album) et oui, c'est juste "inspiré" car on a parfois du mal à retrouver quels sont les titres initiaux sans jeter un œil à la tracklist.
Sinon, ça vaut quoi ? Bonne question... Je suis incapable de critiquer de la musique "classique" quant à la technique et aux structures alors je me suis contenté des impressions et l'écoute des deux plaques est assez agréable, on est plongé dans un univers très cinématographique avec de belles envolées et des sons très chaleureux (raaaah, les violons). La binarité quasi industrielle de Killing Joke disparaît totalement, laissant place à de multiples instruments et de larges mouvements qui s'épanouissent dans un monde onirique et ouaté. Si tu écoutes cet OVNI en pensant connaître l'esprit de Jaz Coleman et y trouver une bonne dose de rock orchestral, tu pourrais être déçu, si par contre tu veux vivre une expérience sensorielle hors du commun, fonce.
Publié dans le Mag #43