Killbody Tuning Au départ il y a un film, titré Dernière chasse et son réalisateur romand (suisse), un moyen-métrage d'horreur psychologique tourné à l'été 2009 par un certain Julien Humbert-Droz, notamment à l'origine de prises de vues figurant sur Videography, le DVD d'ASIDEFROMADAY paru en 2007. Ensuite il y a un groupe de post-rock à tendance expérimentale, suisse aussi et porteur d'un nom de collectif gansta-rap bling bling décérébré : Killbody Tuning. Pourquoi pas. Le premier (JHD) cherche une bande-son, le second (KT) un projet lui permettant de se rapprocher d'un univers cinématographique qu'il essayait déjà d'explorer au sein de son premier enregistrement (l'EP The french hunter, 2008), les deux font naturellement l'affaire et permettent alors à 47°0'40.00"N/6°42'20.00"E (bénie soit la fonction copier-coller du laptop) de voir le jour. Pourquoi pas aussi.

Qui dit post-rock cinématique dit forcément (enfin logiquement...) musique panoramique, génératrice d'images consécutives aux expressions sonores de ses auteurs, "mais" dans le cas présent, le résultat est pour le moins étonnant. Car si Julien Humbert-Droz a souhaité intégrer le groupe très en amont dans le processus de création de son film, celui-ci lui a artistiquement répondu en déclinant les atmosphères du métrage en des compositions originales, si bien que le rendu ne soit pas une simple illustration sonore de la matière filmique mais quelque chose d'à la fois plus complémentaire et en même temps original... Et par là-même assez différent de ce que l'on imagine d'un film que l'on n'a pas vu (malheureusement) mais qui, de part son synopsis, semble assez éloigné des sphères relativement apaisées d'un "Ara ubiorum" ou d'un "Seestrasse", ce-dernier s'offrant néanmoins quelques poussées de fièvre abrasive à l'intensité métallique palpable.

Post-rock métallisé, densité sonore peu à peu amplifiée jusqu'à atteindre des sommets de fougue passionnelle et mélodies puissamment évocatrices ("Porta Capena"), on en prend plein les tympans et Killbody Tuning s'offre de très belles réussites lorsqu'il explore le registre "post-rock" étendu... Mais se montre bien moins convaincant au moment d'incorporer une voix sur "Marker of change" et "Muswell Hill", deux "chansons" aux arrangements post-rock bien effacées et aux effets plus que limitées en comparaisons des morceaux exclusivement instrumentaux. Ou la démonstration pure et implacable que ce n'est pas l'absence de chant qui cause l'ennui mais trop souvent le manque de créativité/talent. Les auteurs de ce 47°0'40.00"N/6°42'20.00"E (merci la fonction copier-coller bis) n'en manquent certainement pas et c'est donc bien là où réside tout l'intérêt de ce disque.