Khoma - A final storm Sorti assez confidentiellement en CD/digital par le très indépendant label scandinave Selective Notes et réédité quelques années plus tard en vinyle par Pelagic Records (le label de The Ocean), A final storm marque à la fois le terme d'une trilogie discographique initiée en 2004 par l'album Tsunami et poursuivit deux ans plus tard avec The second wave ; et le retour à l'indépendance après un détour en mini-major (le deuxième opus long-format des Suédois ayant vu le jour chez Roadrunner). Le tout s'offrant, en l'espace d'une petite douzaine de titres, une nouvelle escapade dans les déserts glacés de leur Scanie natale, avec toujours cette griffe qui est la leur, intense et saisissante, aisément reconnaissable pour celui qui est familier de cet univers.

Très exactement onze morceaux qui s'élancent sur un "Army of one" aussi ombrageux qu'efficace. La basse est ronde, le riffing musculeux mais élégant, il se dégage une impression de puissance velouté et en même temps de mélancolie presque pop, domptée un feeling rock alternatif aux fulgurances post-métallique de premier choix. On en prend moins de cinq minutes de musique mais cela suffit à Khoma pour combler son auditoire invisible. Avec son sens de la dramaturgie sonore parfaitement aiguisé, ses émotions brutes qu'il fait jaillir où on l'attend, quand on l'attend, mais avec une maîtrise invariable de son sujet ("From the hands of sinners"). Et ainsi de l'emmener jusqu'au sommet de cet A final storm dès la troisième piste : l'intimiste et bouleversant "Harvest", véritable petit miracle musical venu du froid. Sublime.

Un peu difficile de faire mieux derrière ça et il est sans doute là le problème majeur de cet album, le fameux écueil qui accueille tous ceux parvenus un peu trop tôt au climax sensoriel de sa création, dès lors qu'il reste encore huit titres à écouler. Evidemment, Khoma fait mieux qu'assurer le minimum syndical, entre un "Osiris" à la mécanique rythmique implacable et aux mélodies habitée, facile mais toujours agréable, un éponyme mêlant fragilité et puissance d'impact avec un savoir-faire certain, ou un "The tide" qui reprend encore une fois les codes de la musique des Suédois pour en proposer une légère variation post-pop-rock enjôleuse. On apprécie mais on attend des éclairs de génie ou cette excellence à laquelle le groupe nous a habitués sur Tsunami puis The second wave. Et celle-ci se fait rare, les scandinaves se contentant un peu trop souvent de se limiter à ce qu'ils savent (certes, très bien) faire sans se réinventer, ni provoquer d'étincelle ("All like serpents", "By the gallows").

On se rassure, tout l'intérêt de l'album n'est pas non plus dans les trois premiers titres et si Khoma déçoit quelque peu, il n'est pour autant jamais mauvais, se limitant à ne pas trop forcer son talent si ce n'est sur les quelques pépites à la beauté ineffable que l'on retrouve au détour d'"Inquisition" ou "In it for fighting". Classe comme toujours, oui, mais un peu trop dans la facilité. Car il ne faut pas se leurrer, ce groupe-là peut aisément mieux faire et atteindre une réelle constance dans l'excellence.