Kerretta - Pirohia Trois années se sont écoulées depuis la sortie de Saansilo et voilà que Kerretta refait surface. Certes, les kiwis ont sorti des titres en digital pour préparer le terrain à ce Pirohia, mais comme ils sont amateurs de jolis artworks et de digipaks soignés, tenir l'album entre ses mains en plus de l'avoir dans les oreilles, c'est quand même autre chose.

Même si le ciel et la mer sont au coeur des jolies photos de l'artwork, les riffs et les distorsions lourdes et sombres sont gravement telluriques, à l'écoute de cet album, c'est bien le sol qui gronde, la terre qui se craque et nos pieds qui tremblent. L'attraction terrestre granuleuse et sa pesanteur poussiéreuse se trouvent contrebalancer par des petites notes claires qui font sourire les oreilles et allument le feu dans les yeux, outre la guitare, les ajouts de percussions font aussi beaucoup à contraster l'ensemble et le rendre facilement audible. Si les kiwis n'étaient qu'en mode vrombrissements de basse, on saturerait aussi vite que leur guitare, là, les nombreuses petites éclaircies aérent le tout, le rendent dynamique et parfois même entraînant et hypnotique ("Sister, come home"). C'est d'ailleurs dans ce genre de morceau où les contrastes sont poussés au maximum que je prends le plus mon pied à me laisser emporter par leurs idées, quand ils ajoutent des changements de rythme ("The roar"), on atteint même des sommets. Et ce, ultra rapidement car le groupe ne s'étend jamais vraiment (les titres tournent tous autour des 5 minutes), il va à l'essentiel et ne se perd pas dans ces circonvolutions tant appréciées chez les tenants du post-rock. D'une grande cohérence, tout l'album se déguste d'une traite, à peine remarque-t-on ce "Kawea tatou ki nga hiwi" qui incorpore un chant tribal maori, une voix qui est ici un instrument au service d'une ambiance plus qu'un transmetteur de message, on est bien plus proche du shamanisme que d'une "chanson", Kerretta honore ainsi les racines d'une nation à l'identité très forte.

Si quand on te parle de rock et de Nouvelle-Zélande, tu penses à The Datsuns ou Die! Die! Die!, c'est que tu n'as pas encore écouté Kerretta parce que s'il fallait n'en retenir qu'un, ce serait eux.