Kerretta - Vilayer Intro toute en bruissement électrique, la saturation qui grimpe progressivement, la tension qui commence emplir l'atmosphère, ligne de gratte aride en duel avec la batterie, basse mise en avant et progression constante : "Sleepers", titre inaugural de ce Vilayer n'a en apparence rien de bien extraordinaire, pourtant c'est un véritable coup de maître que ce premier titre réalisé par le trio néo-zélandais. Quelque part entre post-rock survolté, noise ondulant le long de notre colonne vertébrale et stoner instrumental burné, Kerretta marque d'entrée de jeu son territoire.
Heureux hasard ou simple maîtrise absolue de son art : les kiwis ont du répondant et le démontrent sans sourciller avec "Maven fade". Là, on comprend que ça ne peut pas être deux fois de suite le coup de génie aléatoire qui frappe encore, mais que ce trio là en a dans ses riffs et sous la pédale d'effets. Constat du reste un peu plus confirmé par "The Secret is momentum". La frappe est limpide et alerte, les breaks démoniaques et si le groupe oeuvre dans un registre exclusivement instrumental, on ne peut qu'admettre l'évidence à la découverte de "White lie", une voix serait de trop.
Croisement idéal entre un Russian Circles en plus rock et un Pelican sans ses éléments les plus métalliques, Kerretta n'en demeure pas moins à la fois puissant et vénéneux, troublant dans "Dinshah" lorsque le tempo ralenti et que la musique se veut encore plus mouvante, subtile dans son approche harmonique... ou à défaut très simple, concis et efficace lorsqu'il revient à ses fondations noise-rock ("Nest of spies"). Incandescent lorsqu'il tente t'accoucher d'un single (si si), comme avec "The square outside" (la tuerie de l'album), le groupe conclue son magistral premier album sur un "Born amber reigns" dantesque de maîtrise. Et là, que dire sinon respect. Parce que Vilayer est must-have absolu. Rien que ça.