Kaviar Special - #2 Dans ce monde extraordinaire du revival musical, le garage-rock psyché tient une place de choix, surtout depuis son regain de popularité au début de 2000 et encore plus depuis ces dernières années. Pas seulement aux États-Unis où The Black Angels, Ty Segall, Fidlar ou Black Lips, pour ne citer qu'eux, tiennent le haut du pavé en ce moment. En France aussi, nous avons de bons énergumènes qui n'ont pas à rougir de ce qu'il se passe outre-Atlantique, comme les inénarrables JC Satàn (qui eux, vont au delà du genre avec le temps), les inévitables Hushpuppies, l'explosion sonore Catholic Spray ou tous les groupes d'un label qui commence à faire parler de lui, Howling Banana Records, dont font partie les Rennais de Kaviar Special. Ces derniers ont sorti un deuxième album au mois d'avril dont on se devait de vous parler vu le buzz et les bons retours qui se font autour de #2.

Pour ceux qui s'en foutent des actus et tendances musicales comme de l'an quarante, Kaviar Special c'est 25 ans de moyenne d'âge, une activité assez soutenue avec deux albums (dont le premier en 2013 qui a bien été accueilli) et un EP en trois ans, quatre tournées européennes et des festivals dont le local et plutôt respectable Transmusicales. Voilà pour les présentations, passons maintenant à l'album. Bizarrement, j'ai presque envie de dire que Kaviar Special ne ressemble pas totalement aux groupes précités, même si c'est le même noyau. Et c'est tant mieux ! La configuration est peut-être plus pop, plus mélodique et moins sonique. Du moins dans l'intention. Quand j'écoute des titres comme "Mind fuck", "Come on" ou "Yolove", je vois d'emblée The Libertines, le couple guitare-batterie de "Starving" m'évoque un peu les Arctic Monkeys mais pas que, ce ne sont pas ici des cas isolés évidemment et puis le travail de personnalisation du son des Rennais est tel qu'on ne peut le confondre avec un autre. Enfin, presque.

En effet, la production est belle, moderne, granuleuse, fuzzy, bourrée de réverbération pour garder ce côté perché-psyché, le mix et le mastering se tiennent sur toute la ligne pour donner une homogénéité à un contenu qui navigue entre pop, garage, surf, punk et rock psyché. Du coup, l'énergie brute des morceaux concis et efficaces du combo n'est pas dénaturée et évite au groupe de ne pas se foutre dans la merde quand il s'agit de jouer devant un public. C'est quand même important de le signaler car pas mal de groupes sont incapables de jouer correctement leurs albums sur les planches, la faute souvent à la surproduction. Live ou studio, Kaviar Special maîtrise les deux, et même leur artwork, très coloré et psyché jusque dans la typographie, qu'ils ont confié à l'illustrateur belge Elzo Durt. Ce dernier a déjà conçu des visuels pour La Femme, Le Prince Harry ou... Thee Oh Sees. Tiens, encore une belle référence que j'aurais pu placer dans la liste au-dessus.