Kaolin - Un souffle sur la roche Malgré le retour d'Edith Fambuena à la prod' (elle avait bossé sur le très bon Mélanger les couleurs), les Kaolin ne sont pas totalement revenus en arrière et traînent encore avec eux des relents de variétoche dans leurs titres. Certes, Un souffle sur la roche est bien plus audible que le Kaolin paru il y a deux ans, mais on n'y retrouve pas l'étincelle qui (re)mettra le feu dans nos coeurs. L'ensemble est très pop, très propre, ajusté pour ne pas blesser et alors que le groupe nous propose un souffle, une légère brise, on aurait davantage apprécié quelques bourrasques pour emporter notre adhésion.

Le premier titre, "Fondamentalement", résume assez bien cette impression, que ce soit en son clair ou avec un peu de distorsion. Les riffs sont lancinants mais vite ennuyeux et l'énergie ne passe pas alors qu'on peut penser qu'il y avait mieux à faire avec ces textes et cette mélodie. Heureusement, quand l'ensemble est peu plus rythmé, il fonctionne davantage ("Sans toi") mais une ambiance hawaïenne à la guitare plombe un peu le tempo. Encore raté (on a les mêmes idées et donc la même sentence pour "J'ai du partir"). Ca attaque un peu plus fort avec "Almeria" et même si le morceau s'éclaircit assez vite, ça reste un bon moment, une des rares plages (ahah) où je retrouve le Kaolin auteur de tubes imparables. A la douceur de "Le décor", pourquoi pas une ballade, s'oppose le fugueux "Plonger" qui suit, plus électrique et en apparence désordonné, l'amalgame se fait difficilement même si les idées et la volonté de faire quelque chose de différent sont forcément louables. Le retour au basique et à la monotonie n'en est que plus rude, "Evidemment" n'apporte rien, pas plus que "Je ne m'y fais pas", la magie n'opère plus et les artifices ajoutés sont inopérants (mais d'où viennent ces choeurs et ces petites envolées ?). Les ambiances ouatées de "Sur tes lèvres" ou un poil électrisantes de "Particules de rêves" ne viendront pas bousculer l'impression générale laissée par Un souffle sur la roche, Kaolin est devenu bien trop sage pour transformer ces fines compositions en tubes absolus, les ingrédients sont toujours à portée de main mais la sauce ne prend pas...

Au moment de conclure, je me demande alors si le groupe n'est pas victime de son succès foudroyant : si le génial éclair Mélanger les couleurs n'était finalement qu'un album exceptionnel et que depuis, on ne jugeait plus le reste qu'en fonction de celui-ci, étant de fait obligatoirement déçu ? Kaolin n'est peut-être au final qu'un créateur de mélodies pop sympatoches, à qui on ne peut pas demander de décrocher la lune à chaque fois...