Annoncé comme electro-rock, la musique de Juno Lips l'est effectivement, du moins tout au long de ce premier effort, un EP cinq titres paru chez LMG Productions (Alcohsonic, Red Light...). Et de ce point de vue-là, le résultat est plutôt sympathique. Le problème ici viendrait plus de l'usage de la langue de Molière, sur les quatre cinquième de ce MMIX qui aurait certainement gagné à être en anglais. Car ce chant en Français si haut perché, ça passe à peu près sur "Allons enfants" grâce à des textes bien rentre-dedans mais plus du tout sur un "6sex6", vraiment agaçant après une seule écoute (et puis les paroles, là, ça ne vole vraiment pas bien haut quand même). On l'a dit plus haut, on le répète, Juno Lips gagne singulièrement en efficacité lorsqu'il délaisse sa langue natale et le prouve avec un "Big smile", bondissant, dopé par des arrangements bien sentis et une mélodie à l'énergie communicatrice. Un peu à la manière du Placebo des premiers album, le groupe parvient à trouver une vraie identité sur ce troisième titre avant de la perdre de nouveau avec "Léo et les lions". Là le problème est clairement identifié, le point noir du groupe, c'est d'emprunter une partie des sentiers musicaux déjà massacrés par les Noir Désir et autres Luke, sans faire mieux (était-ce pourtant si difficile ?). Saleté de scène rock française à la con quand même. Mais quand bien même on apprécierait le genre (après tout, l'égoût et les couleurs hein...), les Juno Lips ne devraient vraiment pas se sentir obligés de commettre un morceau aussi pathétique qu'"Erose", navrant de niaiserie pré-pubère et bien chargé en guimauve mélodique pour adolescentes en fleur (là quand même ils ont vraiment poussé loin...). Car au final, le constat ne rend pas justice à le groupe qui en veut, c'est une évidence, qui a certainement le talent pour faire quelque chose (la preuve 2 des 5 titres sont plus de facture plus qu'honorable), mais manque cruellement de recul encore pour éviter quelques écueils bien trop encombrants pour être parfaitement crédible.