La Jungle - portrait 1 Tout d'abord, les meilleurs vœux du W-Fenec à La Jungle ! Alors, pour 2017 ? Des résolutions ? des envies particulières ? des challenges ? rien de spécial ?
Rémy : Pareil, bonne année aussi ! Beaucoup de fruit et la santé ! Pour 2017, peut-être essayer de bosser sur un autre album. Ou alors au moins essayer de trouver le temps de composer entre les dates. Et faire un groupe tout seul aussi, avec beaucoup de grosse caisse et beaucoup de caisse claire. Mais ça risque fort de ne pas arriver. On verra !
Mathieu : Faire un meilleur album, défricher de nouveaux territoires en matière de compos. Ça va être ça le challenge, de ne pas se répéter tout en faisant une musique répétitive.

Je me demandais l'autre jour combien de temps ça faisait exactement que La Jungle a commencé ? Avec le recul, et au stade où vous en êtes actuellement, diriez-vous que vous avez atteint ou dépassé vos espérances sur ce projet ?
Rémy : On a commencé à répéter en juin 2013. Le premier concert en février suivant. Pour moi, on a dépassé ce à quoi je pouvais m'attendre. Je pensais pas qu'on aurait la possibilité de tourner autant, jouer autant, bouffer autant de bornes, faire autant de belles premières parties (Ty Segall, Black Box Revelation, Awesome Tapes From Africa ou encore Nisennenmondai) et rencontrer autant de peuple. D'être aussi bien entouré aussi. La Jungle, c'est pas juste deux personnes, il y a quelques gaillards qui bossent et parlent beaucoup pour nous. Les Hommes de l'ombre se reconnaitront...
Mathieu : On a enregistré le premier car on avait besoin d'une démo ou d'un album pour faire écouter aux programmateurs afin de pouvoir dégoter quelques dates. Donc clairement, on ne s'y attendait pas du tout. Tout ce qui peut arriver sera toujours une belle surprise pour nous dans le futur, il n'y a pas de plan de carrière, on est surtout carpe diem. Mais on a cette envie de progresser dans la composition... Ouais, les gens de l'ombre comme le nain Chouffe, l'homme chien au centre de gravité hyper bas, le Gros Rose, le plus large barbu du royaume, le Prince des Ténèbres, le croléfournier, et on en passe...

Le coup de la transe exaltante avec deux instruments, c'était clair dès le départ ? Ou vous avez mis du temps à vous chercher concernant le style ?
Rémy : À la base, je voulais un truc fort rentre-dedans, fort noise. Puis les choses se sont peu à peu précisées, nuancées. Sans se l'être dit, nos envies étaient peut-être assez différentes au départ, ce qui a donné à certains morceaux un caractère plus noise et à d'autres plus de finesses.
Mathieu : Venant de groupes à tendance noise comme Petula Clarck, j'ai voulu avec ce projet faire un truc répétitif, voir trance. Faire sonner la guitare comme un clavier, etc... Maintenant de là à dire que je savais exactement comment cela allait sonner. C'est plutôt vers l'alchimie qu'il faut s'en remettre.

Le nouvel album II a eu de sacrés bon retours, plus que le premier j'ai l'impression. Comment se passe sa défense sur les planches européennes depuis l'année dernière ? Est-ce que le public est toujours aussi dingue ?
Rémy : Quand on a composé et enregistré II, j'avais parfois l'impression qu'on prenait une direction un peu maladroite, trop périlleuse. Et au final, l'album a été assez bien reçu et je me suis vraiment bien éclaté à nos trois release parties. Concernant l'Europe, on a pas encore vraiment tourné à l'étranger depuis la sortie de l'album. On va se pencher là-dessus en 2017.
Mathieu : Disons que le premier a super bien marché lors des lives. Le deuxième étant sorti fin d'année passée. Il reste encore beaucoup de dates européennes à faire. Mais pour celles déjà réalisées, l'accueil était génial. C'est marrant de voir que quelques personnes du public reconnaissent directement certains morceaux.

La Jungle - portrait 2 Dès les premières minutes de II, on se rend compte à quel point sa production est énorme comparée à celle de l'éponyme. Ce qui fait la différence, c'est juste le producteur ?
Rémy : Steve, qui a enregistré II, est un vrai malade de son, de physique et de. solutions ! Enregistrer des morceaux avec autant de boucles et de couches n'est pas une mince affaire. En bref, ce n'est pas le studio qui fait l'album, c'est le gaillard qui est aux commandes. La preuve, c'est que le premier album a été fait en studio, ce qui n'est pas le cas du deuxième.
Mathieu : Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier. Steve Dujacquier.

Quand on sort deux albums à même pas deux ans d'intervalle, le second se tape les idées ou les compos pas finies du premier ? Ou s'agit t-il de deux albums aux étapes d'écriture bien distinctes ?
Rémy : Les étapes d'écritures se sont effectivement parfois confondues. Surtout concernant "Blood watermelon" qu'on traînait déjà avec nous bien avant la sortie de II. Dans le procédé pur et simple, ces longues périodes de composition et de répètes intensives deviennent un peu floues dans mes souvenirs. Je ne sais plus trop.
Mathieu : De ce que je me souviens, ce sont deux sessions distinctes, assez proche dans le temps mais différentes. Par la suite, nous avons commencé à composer "Blood watermelon" qui a donné toute une autre direction pour nous. On l'a très vite jouée en live d'ailleurs. Ensuite, petit à petit, II s'est engendré.

Votre matériel a t-il évolué entre le premier et le second disque ?
Rémy : J'aime pas le matos. Il n'y a d'ailleurs, à mon sens, rien de plus chiant que le matos neuf (et les sessions d'enregistrements). Je préfère user les choses à fond jusqu'à la limite de l'inutilisable. Ça donne un caractère et une vraie sonorité à ce que vous faites. J'ai changé trois fois de caisse claire en trois ans. À chaque fois, ce fut pénible car le matériel neuf ne me correspondait pas. Il faut le temps de le façonner, de lui attribuer une texture personnelle. Sinon, j'ai changé deux trois trucs au fil des mois de concerts et tournées, mais ça n'a rien d'intéressant.
Mathieu : Toujours le même clavier d'enfant, toujours la même guitare, les mêmes pédales, même s'il a fallu en racheter, l'usure. Sinon quelques trucs par-ci, par-là, pour améliorer le son de la voix dans les pédales..

Je trouve l'artwork drôle et réussi, c'est votre idée ? Qui est ce Gideon Chase ?
Mathieu : Gideon est un dessinateur de San Francisco. Je l'avais repéré via un blog artistique et avais récupéré un de ses visuels, les palmiers. Il bosse terriblement bien. Maintenant il a son propre dessin animé avec un pote sur Cartoon Network. Il a dit oui tout de suite pour II, on lui envoie des tee-shirts, des vinyles, etc...

De quelle manière trouve t-on des titres de chansons à son album quand on fait de la musique instrumentale ?
Rémy : Je me fous des titres. Souvent, c'est Mathieu qui les trouve.
Mathieu : Donc, je dois bien trouver quelque chose. Ça arrive souvent comme une évidence, quelque chose, un riff, une ambiance qui te fait penser à quelque chose. C'est surtout pour pouvoir savoir après de quelle chanson on parle lors des futures répètes. À force d'utiliser ce nom, il en devient l'officiel.

À qui vous compare-t- on le plus souvent ?
Rémy : "Un mélange entre Battles et Lightning Bolt".
Mathieu : Beak>, Nissenenmondai...

C'était quoi vos coups de cœurs musicaux en 2016 ? Sur disque mais aussi en live ? J'imagine que vous avez du découvrir un paquet de groupes en tournée ?
Rémy : Ça dépend, c'est peut-être plus rarement le cas qu'on ne pourrait le penser. J'ai rarement découvert des groupes qui me plaisaient en tournée, sans prétention, aucune. Mais on a vu des trucs vraiment canon : les nouveaux set live de The K, Electric Electric, Usé, Ropoporose, L'Effondras, nos copains d'Animal Youth, Gendarmery, Mont-Doré. On a ouvert pour Ty Segall aussi, fierté totale ! Sinon, en dehors de nos périples, j'ai découvert Why The Eye en live, un des groupes de Damien, batteur du Wild Classical Music Ensemble. C'est juste beau, autant visuellement que techniquement. Ils bidouillent leurs instruments et leurs masques eux-même. C'est vraiment fou.
Mathieu : Baya Computer, The Three-Brained Robot, Regis Turner, It It Anita, etc... mais en fait, il y a plein de top 2016 sur tous les webzines et en presse. Je vais pas encore en rajouter un. Allez voir des concerts, voilà !

La Jungle - portrait 3 Avez-vous déjà joué dans des endroits insolites ou improbables ?
Rémy : La grange à -20° en plein hiver du coté de Namur, c'était un peu épique. Dans le genre cadre bien prestigieux, le Magic Mirror à Nancy. Dans un couvent à Berga aussi, en Espagne. Et à Valence dans une fête de la Paëlla... dans mon top 3 sur nos 160 concerts ! Au rayon des improbables, on trouve le festival Contre-Jours à Clermont. La programmation était essentiellement electro, notre concert fut une sorte d'attentat peut-être pas forcément le bienvenu.. mais l'after était fort bien !
Mathieu : Le brûlage de culotte d'un pote. On a fait 3 rappels, Rémy a terminé en caleçon, moi à poil carrément avec 20 personnes du public totalement à poil aussi. C'était le deuxième concert de la journée, une belle journée bien éprouvante qui se termina en feu d'artifice. La bamboule, la vraie.

Avez-vous des projets hors cadre "album-tournée" avec La Jungle ? Des collaborations artistiques pluridisciplinaires par exemple ?
Rémy : On va essayer un truc avec Arielle Dombasle. Mais rien de sûr encore. Sinon, Les Monstres, qui ont bossé sur notre premier clip scénarisé, vont tenter deux trois trucs en compétitions. Le clip arrive. wait and see !
Mathieu : Héhé, un projet de split pour le printemps. Mais ça...

Dernière question : vous allez tourner continuellement durant l'année 2017 ? Vous avez prévu de commencer à composer pour le 3ème disque ?
Rémy : Oui et oui ! À fond ! C'est l'idée :)
Mathieu : Trouver le sentier, oui.