Le duo de La Jungle a intelligemment géré la période de crise sanitaire, avec une multiplication de divers projets (réédition du premier album, la sortie d'un split-album avec Hyperculte, d'un double-album live, une collaboration avec Arts et Marges, la sortie d'une bière), mais a tout de même été contraint de repousser son nouveau disque d'une année. En effet, Fall off the apex a été mis en boite juste au moment où le premier confinement a été décrété. Pas de bol pour les turbulents Montois et son public de plus en plus nombreux (jusqu'en Russie où le groupe a joué en mai dernier), il a donc fallu attendre le 21 mai pour que le quatrième album de La Jungle puisse voir officiellement le jour.
Enregistré en studio avec Hugo-Alexandre Pernot (producteur de Noyades qui a bossé aussi avec Cats On Trees et Jozef Van Wissem), Fall off the apex permet au duo de renouveler son expérience de transe sonore technoïde qui risque encore de faire brûler les dancefloors et d'hypnotiser les foules par ses ondes électro-acoustiques ardentes. Le contenu de ce nouvel album ne nous apprend pas beaucoup plus sur les intentions de Mathieu et Rémy, La Jungle restant toujours cette entité sonore (sur)vitaminée ayant une base math-rock (qui ne l'est plus beaucoup d'ailleurs, le duo ayant délaissé petit à petit les sonorités rock) et une volonté de (presque) tout miser sur le rythme combiné à des sonorités pleines de diversité et d'effets dont le loop, histoire de faire rentrer l'auditeur dans une transe complétement folle ("Hyperitual" en est le parfait exemple).
Si l'on devait chercher ce qui différencie le mieux Fall off the apex des autres réalisations du groupe, il faudrait alors se pencher à la fois du côté de la production, plus dense et costaude, et des petits détails qui "marquent" comme cette respiration exotique nommée "Marimba" faisant partie des explorations du duo. Tout comme ce morceau final de près de 15 minutes progressif et laissant ainsi aux Montois un champ de liberté créative intéressant, ou bien encore cette interlude percussive ("Interloud") ultra massive. Quoi qu'il en soit, voici donc une livrée réussie qui ne devrait pas laisser indifférents les gens avides de sensations, ce nouveau disque révèle un univers et une expérience unique que vous pouvez d'ailleurs prolonger par les derniers clips du groupe ("Le jour du cobra", "Feu l'homme", "Hyperitual") d'une qualité et d'un style, là encore, renversant ! À quand la suite ?
Publié dans le Mag #48