Johnny Mafia - 2024 Année du dragon Ce n'était pas évident de remettre le couvert après Sentimental, disque qui avait achevé de consacrer les mafieux sénonais et les avait fait passer un cap, aussi bien artistiquement (je ne suis pas sûr de m'être encore remis du tube "Trevor Philippe"), qu'en termes de reconnaissance (davantage de promo, de concerts, de public, des salles plus grandes). Ils auraient même mérité d'être en couverture d'un W-Fenec Magazine à l'époque ! Et je ne dis pas ça (que) parce que je suis moi aussi né à Sens, capitale du Monde. C'est désormais réparé et chose faite, quelques années après avec 2024 : Année du dragon (et de la remontée de l'AJA en Ligue 1).

Quid de ce nouvel album alors ? Nos quatre jeunes Icaunais ont-ils su gérer la pression et composer à nouveau de bonnes chansons ? Quand on voit leurs bouilles joviales en première page du magazine, nous avons là un indice suffisamment rassurant : Johnny Mafia ne trompe pas le monde, et la pression, c'est donc plutôt à coups de grandes pintes qu'ils l'évacuent, par litres. Le tout est confirmé sans interruption, des premières secondes pied au plancher de "Green eye", aux dernières plus planantes et paradisiaques de "Hammer". Rien n'est à jeter, aucune denrée périssable et le banquet est bien plus alléchant que celui proposé sur la pochette, l'éventuelle seule faute de goût que je pourrais reprocher à ces p'tits facétieux. Encore que je la proposerais bien comme objet d'étude à l'oral d'Histoire des arts de mes élèves. Sinon, musicalement, la formule magique n'a pas changé d'un iota (ou presque), les grands maîtres et groupes références non plus, à savoir la power-pop efficace de Weezer, mélangée à la fougue alternative et parfois surf des premiers Pixies (coucou les 90's !).

S'il n'est pas chose aisée de déterminer lequel des dix titres est le plus tubesque, Johnny Mafia ne s'est pour autant pas reposé sur ses lauriers, ni n'a cédé à la facilité. Derrière leur apparente simplicité (signe de morceaux réussis), si l'on prête une oreille un peu plus attentive, on va déceler de nombreux arrangements inspirés, qui vont des breaks ou roulements de batteries, aux multiples effets de guitares et solos, en passant par quelques chœurs/cris et j'en passe. Le groupe est-il arrivé avec des idées bien arrêtées ou alors s'est-il laissé guider/conseiller par Francis Caste, chez qui il a enregistré ? Toujours est-il qu'il s'est trouvé bien avisé. Allez, s'il fallait vraiment ressortir trois titres, je pencherais pour "Green eye", "Vomit candy" et celui qui est peut-être mon préféré, "Rules bulls bells", en étant bien embêté de ne pouvoir sélectionner le plus punk "Cyanide".

La première fois que je les ai vus en concert, à la sortie de Sentimental, j'avais été très agréablement surpris de constater un public à la fois nombreux, mixte et jeune. Trois conditions que je ne trouve pas assez réunies à mon goût. Malgré son relatif jeune âge, le groupe joue donc dans la cour des grands (frères), avec comme lourde tâche d'impulser, motiver et faire perdurer la scène rock française. 2024 : Année du dragon certes, mais de Johnny Mafia, très certainement aussi.