Rock Rock > Joe Bonamassa

Biographie > un ex-Black Country Communion

A l'âge de 11 ans, Joe Bonamassa faisait les premières parties de B.B.King. Le maître de la Gibson « Lucille » considérait déjà le jeune guitariste comme un prodige. Membre fondateur de Black Country Communion, il enregistre deux albums aux côtés de Glenn Hughes (ex-Deep Purple, ex-Black Sabbath), Jason Bonham (fiston du batteur de Led Zeppelin) et de Derek Sherinian (ex-Alice Cooper, ex-Dream Theater). A deux reprises, il collabore avec la chanteuse de blues rock Beth Hart faisant un duo guitare voix des plus réussis. Mais son activité la plus florissante est sans aucun doute possible sa carrière solo : seize années ornées de douze albums studio et quatorze live. Dernière petite perle en date : Live at the Greek Theater sorti en DVD le 23 septembre 2016. Là-bas - tout près de Los Angeles - le guitariste rend un hommage vibrant à trois monuments : Freddie King (1934-1976), Albert King (1923-1992) et B.B.King (1925-2015).

Joe Bonamassa / Chronique LP > Royal tea

Joe Bonamassa - royal tea Le premier album solo de Bonamassa (A new day yesterday) vient de souffler ses vingt bougies. Le musicien ne se contente pas de regarder en arrière. Cette année débute d'abord avec l'apparition d'un nouveau projet : The Sleep Eazys. Un album instrumental avec les copains pour le plaisir de reprendre quelques influences. Quant à sa carrière solo, elle poursuit sa trajectoire avec la sortie d'une quatorzième opus : Royal tea.

La tasse de thé en avant, le guitariste américain se présente par une pochette au graphisme So British. Il n'est donc pas étonnant de constater que Bonamassa choisit d'enregistrer sa nouvelle galette dans un lieu très connu de la culture pop rock : les studios Abbey Road. Cette endroit avait été rendu célèbre par les Beatles (Abbey road en 1969). Clin d'œil aux quatre garçons dans le vent, Joe Bonamassa se présente guitare à la main sur le passage piéton qui avait lancé les rumeurs sur la mort de Paul McCartney. Bref, c'est un lieu chargé d'histoires et de mythes. Le bluesman vient donc poser une pierre sur l'édifice.

Royal tea est enregistré en janvier 2020 sous la houlette de Kevin Shirley (Iron Maiden, Black Country Communion, Beth Hart...). Cet album est directement inspiré par le mouvement du blues rock à l'anglaise. Pour autant, les premières notes de "When one door opens" tiennent un instant de la musique classique ajoutant une impression de grandeur. Les guitares ne tardent tout de même pas à prendre le relais avec un jeu plus ronflant mais toujours délicat. Les instruments tiennent le morceau dans une forme de symphonie. Une musique idéal à mettre dans le décor d'un vieux western. "When one door opens" trouve un nouveau souffle dans sa seconde moitié. Le guitariste lâche complétement les chevaux. Toujours très important dans ses albums, les chœurs renforcent l'envolée. Le titre éponyme est un blues que Joe Bonamassa a bien installé sur les rails. Tous les ingrédients sont précieusement réunis. "Why does it take so long to say goodbay" a - outre un titre dix fois trop long - le bénéfice de présenter de beaux passages solos du guitariste. "High class girl" est un blues prit à la source mis en scène par l'accompagnement d'un synthé. Encore une fois, les chœurs jouent un rôle primordial sur le relief de la chanson. Rythme bien plus soutenu, "I didn't think she would do it" servira à la perfection ceux qui voudraient se lancer à virevolter sur un bon vieux rock des familles. Il faudra toutefois avoir le pas bien assuré quand la guitare de Joe rentrera dans la danse. "Beyond the silence" se pose là dans le feutré malgré quelques explosions sur le refrain que les musiciens feront ensemble et sans défaut. "Lonely boy" est à nouveau un rock endiablée particulièrement mis en mouvement par les cuivres et le piano.

Royal tea touche à sa fin et c'est un grand album. Bonamassa devient sans conteste possible un patron du blues rock. Sa discographie s'étoffe chaque année. Sa musique est toujours techniquement pointue et très bien orchestrée. Son blues est grand et vient du fond des âges. Il est donc difficile de s'en lasser.

Publié dans le Mag #46

Joe Bonamassa / Chronique LP > Live at the Sydney opera house

Joe Bonamassa - Live at The Sydney Opera House Avec de longues années encore devant lui (enfin faut espérer), Joe Bonamassa a déjà une discographie longue comme le bras. Que se soit avec Black Country Communion, Rock Candy Funk Party ou Beth Hart, ses expériences en groupe donnent lieu à de nombreux disques. Mais c'est en solo que le guitariste fait exploser les compteurs avec treize albums studio et dix-sept live (rien de moins !). Le dernier mis sur bande est sorti le 25 octobre. Son nom : Live at the Sydney opera house.

Enregistré sur la tournée de Blues of desperation (2016), le concert propose neuf morceaux avec seulement un d'entre eux en dessous des sept minutes. Après quelques notes au piano, c'est le rock de "This train" qui se lance sur la piste. Joe Bonamassa emmène ses musiciens dans un morceau dynamique. Batterie, piano, chœurs, guitares, cuivres et j'en passe... le feu d'artifice est dense et complet. Toujours très rock "Mountain climbing" met plus en avant la guitare de Joe Bonamassa. Comme pour faire baisser le rythme sans dissoudre l'intensité, c'est "Drive" qui se propose ensuite. Les premières minutes sont avancées dans une texture douce et nostalgique. Tout semble dériver dans la nuit. C'est la batterie qui va délicatement relever le morceau vers une parenthèse. Amorcé par un trompettiste de haute voltige, l'instant est sublimé par le solo de Joe Bonamassa. Le thème retombe ensuite sur ses pattes avec une logique déconcertante. Tout coule de source. Le guitariste fait l'intro de "Love ain't a love song" (2014 - Different shades of blue). Alternant les ambiances funk et rock, le morceau met aussi bien en valeur les chœurs et le clavier qui réalisent une énorme prestation sur ce concert. Point culminant de l'album, "How deep this river run" prend la puissance d'un orchestre rock. L'Opéra de Sydney, lieu de spectacles d'exception n'a rien de trop grand pour la musique de Joe Bonamassa. Sans laisser de respiration à la redescente, le musicien enchaîne sur "Mainline Florida" de Eric Clapton (1974 - 461 ocean boulevard). Le guitariste se fait largement plaisir dans la reprise. Un bonheur pour les oreilles de ceux qui affectionnent le blues rock à l'ancienne. Après la ballade tranquille de "The valley runs lows", le concert se poursuit sur "Blues of desperation". Suite à une entrée plutôt sombre, le titre prend - à l'instar de "Mountain climbing" - une allure explosive. Les lumières se tournent sur "No place for the lonely" qui offre un généreux solo de guitare en guise d'au revoir.

Amateurs de blues rock, si Joe Bonamassa n'est pas dans les rangs de votre bibliothèque musicale, laissez le rentrer ou mourez dans l'ignorance. L'homme est un génie à la hauteur d'Eric Clapton et de Led Zeppelin. En 2017, Live at Carnegie Hall m'avait déjà laissé une impression de grandeur. C'est ici plus que confirmé.

Publié dans le Mag #40

Joe Bonamassa / Chronique LP > Redemption

JOE BONAMASSA - Redemption Joe Bonamassa continue sa course folle. 2018 est déjà bien rempli pour l'artiste. En janvier, Black Coffee confirmait encore une fois son duo avec Beth Hart. En mai, c'était la sortie du live British Blues Explosion. En septembre, il signe son 13ème album studio avec Redemption.

"Evil mama" fait l'entame. Quelques éléments façon Led Zeppelin sont disséminés dans le morceau. Rien d'étonnant quand on connaît le goût de Bonamassa pour cette formation. En 2006 sur You & me, il en avait fait une démonstration avec la reprise de "Tea for one" (1976 - Présence). Enfin bref, revenons à nos moutons. "Evil mama" lance tout de suite une dynamique intéressante avec la résonance d'un bon paquet de cuivres. En gros, ça bouge grave ! "King Bee shakedown" enchaîne avec un rock n'roll au rythme très soutenu. Un truc impossible à danser sans avoir deux ou trois paires de poumons. "Self-inflicted wounds" fait retomber l'énergie du disque avec une mélodie nostalgique repoussant les limites du blues. Vient ensuite la magie de "Pick up the pieces". Un truc qui swing' à mort, qui sent bon la fumée et le whisky et que l'on peut s'écouter sans modération. Capable de puiser ses influences sous tous les horizons, "Just'cos you can don't mean you should" prouve qu'il sait revenir en un éclair aux racines du blues (et aussi qu'il peut trouver des titres de chansons vachement long). "I've got some mind over what matters" rempli encore les deux mêmes critères dans une atmosphère plus sautillante malgré des paroles qui semblent l'être un peu moins. Globalement, c'est d'ailleurs un peu le thème de Redemption. "Stronger now in broken places" est la petite balade sur laquelle on peut imaginer l'artiste dans le noir sous le feu d'un seul projecteur. Les spectateurs briquet en l'air n'auraient qu'à se suspendre à l'air qui passe paisiblement dans leurs oreilles pour doucement pousser la complainte. "Love is a gamble" fait une dernière relance sous un blues dynamique afin de faire tomber le rideau.

Quel que soit le boulet que se traîne l'artiste à son pied, cela n'entache en rien ses compositions. Son blues est d'autant plus profond et intense. Douze titres originaux pour le prouver sur Redemption avec "Pick up the pieces" pour en signer la plus belle surprise.

Publié dans le Mag #35

Joe Bonamassa / Chronique DVD > Live at Carnegie Hall

joe bonamassa - live at carnegie hall Rien n'est trop grand pour la musique de Joe Bonamassa. Après s'être offert The Greek Theatre de Los Angeles, il investit un autre bâtiment d'exception : Carnegie Hall. Cette salle de concert new-yorkaise située en plein Manhattan se révèle être un lieu très prisé pour sa beauté mais aussi pour son acoustique. La légende prend sans doute encore de l'importance avec des concerts devenus célèbres comme ceux de Bob Dylan, des Beatles ou encore des Pink Floyd. C'est dans ce décors que Bonamassa se présente avec un naturel déconcertant.

Il faut dire qu'il est bien épaulé. Au violoncelle, c'est Tina Guo. Habituée des sonorités traditionnelles chinoises, elle manie avec intensité le violoncelle comme l'Erhu et donne des virées orientales au blues du célèbre guitariste. Sa qualité de musicienne fait qu'elle n'a pas a rougir de se tenir à côté de Joe Bonamassa. Plus d'une fois les artistes se renvoient la lumière l'un à l'autre en faisant briller leur talent dans des exercices miroirs. Le public retient sa respiration et au moindre blanc se lève et gronde pour manifester son admiration. Modestement, Tina Guo s'incline et puis repart de plus belle. Plus discret, le multi-instrumentaliste Eric Bazilian - connu pour avoir composé pour Scorpions de 2004 à 2010 passe de la mandoline, à la flûte à bec ou encore au banjo sans même ciller.

Du haut de ses 70 piges, Reese Wynans (John Mayall, Buddy Guy) est le pianiste qui a participé à l'enregistrement Different shades of blue de Joe Bonamassa. Cinq titres du live viennent de cet album ("This train", "Drive", "The valley runs low", "Livin'easy", "Get back my tomorrow") mais il n'est pas un instant déboulonné par le reste. Le vieux monsieur aux cheveux blancs sort de son piano une musique claire, belle et rapide ; un truc à peine croyable. Côté rythmique, les pointures ne sont pas en reste. Ayant assuré la batterie dans les années 80 pour Kiss, Anton Fig bosse avec Joe Bonamassa depuis 2007. Hormis "So, it's like that" et "Woke up dreaming", il a participé à l'enregistrement de tous les titres joués pendant la soirée. Aux percussions, c'est Hossam Ramzy qui a notamment collaboré en 94 avec Jimmy Page et Robert Plant pour un live dans le cadre des MTV Unplugged. Avec les deux hommes rassemblés, il y a de quoi être serein sur la rythmique. Les choristes quant à eux assurent largement la prestation avec quelques interventions en solo particulièrement impressionnantes.

Live at Carnegie Hall est un superbe voyage dans la discographie de Joe Bonamassa avec des titres de So, it's like that (2002), Blues deluxe (2003), Black rock (2010), Dust bowl (2011), Driving towards the daylight (2012), Different shades of blues (2014) et Blues of desperation (2016) soit plus de la moitié de ses albums. Comme si cela ne suffisait pas, Joe Bonamassa reprend en plus Bette Midler, Jimmy Page (Led Zeppelin) et son ancien groupe Black Country Communion. Et cerise sur le gâteau avec l'interprétation "How can a poor man stand such times and live" dont la première version sonna en 1929 à... New York.

On peut toujours chercher la petite bébête, le pet de travers ou le petit accro qui fait le bémol. Mais avec Bonamassa, ça n'existe pas. Sa musique est non seulement très propre mais en plus, elle culmine dans le monde du blues. Ce live a dû secouer ses spectateurs qui à la fin du spectacle se sont levés comme un seul homme pour célébrer une musique unique. Une légende de plus pour Carnegie Hall...

Joe Bonamassa / Chronique DVD > Live at the Greek Theater

Joe Bonamassa - Live at the Greek Theatre Le concert commence en enchaînant six reprises de Freddie King. "See see baby" fait sonner les saxophones sur le rythme entraînant du blues rock. Dès ce premier titre, Joe Bonamassa pose son premier solo et fait preuve une fois de plus d'une technique impressionnante. "Some other day, some other time" permet à l'autre guitariste et au pianiste de passer à leur tour sous la lumière des projecteurs. Hallucinant autant l'un que l'autre, ils sont la preuve de la qualité des musiciens engagés. "Lonesome whistle blues" et "Going down" fait l'objet d'un nouveau solo qui me permet de comprendre l'oncle qui me disait : "J'ai vu Led Zep', je crois que Joe Bonamassa, c'était encore mieux !".

Quand c'est le moment de reprendre Albert King, Joe Bonamassa change de guitare pour un style moins classique dans le blues. Mais qu'importe, le guitariste en costume noir maîtrise l'instrument sans aucune difficulté. Le groove est là, qui tient juste au bout de ses doigts. Nouvelle apparition de l'autre guitariste sur "I'll play the blues for you" qui ne passe pas inaperçue. Puis, Joe Bonamassa reprend naturellement les devants. Tout est propre et net, pas une seule faute au tableau. Un seul visionnage de "Angel of mercy" et c'est la fracture nette de l'œil devant cette interprétation qui sublime tout. Les applaudissements américains grondent devant ce jeu.

Comme on garde toujours le meilleur pour la fin, Joe Bonamassa termine son concert avec des morceaux du grand B.B.King. C'est "Let the good times roll" qui ouvre le bal. Chanteuses, cuivres et batteur font de superbes performances. Belle communion entre Joe Bonamassa et ses choristes sur "Old time religion" qui n'est autre qu'un gospel traditionnel chéri par B.B.King. Enchaînement aussi doux que tranquille avec "Nobody loves me but my mother". Un titre à jouer dans la pénombre d'un café jazz dont l'atmosphère est ici à la fois conservée et amplifiée. On sort de l'ombre avec un bon vieux boogie qui fait secouer le popotin. Dernier morceau du live, "Riding with the kings" rappelle l'album du même nom sortit en 2000 : fruit d'une collaboration entre B.B.King et Eric Clapton. Un disque qui fait référence en matière de blues traditionnel. Parfait pour réaliser la sortie d'un live dans lequel Joe Bonamassa s'est présenté en digne héritier des Kings.