joe bonamassa - live at carnegie hall Rien n'est trop grand pour la musique de Joe Bonamassa. Après s'être offert The Greek Theatre de Los Angeles, il investit un autre bâtiment d'exception : Carnegie Hall. Cette salle de concert new-yorkaise située en plein Manhattan se révèle être un lieu très prisé pour sa beauté mais aussi pour son acoustique. La légende prend sans doute encore de l'importance avec des concerts devenus célèbres comme ceux de Bob Dylan, des Beatles ou encore des Pink Floyd. C'est dans ce décors que Bonamassa se présente avec un naturel déconcertant.

Il faut dire qu'il est bien épaulé. Au violoncelle, c'est Tina Guo. Habituée des sonorités traditionnelles chinoises, elle manie avec intensité le violoncelle comme l'Erhu et donne des virées orientales au blues du célèbre guitariste. Sa qualité de musicienne fait qu'elle n'a pas a rougir de se tenir à côté de Joe Bonamassa. Plus d'une fois les artistes se renvoient la lumière l'un à l'autre en faisant briller leur talent dans des exercices miroirs. Le public retient sa respiration et au moindre blanc se lève et gronde pour manifester son admiration. Modestement, Tina Guo s'incline et puis repart de plus belle. Plus discret, le multi-instrumentaliste Eric Bazilian - connu pour avoir composé pour Scorpions de 2004 à 2010 passe de la mandoline, à la flûte à bec ou encore au banjo sans même ciller.

Du haut de ses 70 piges, Reese Wynans (John Mayall, Buddy Guy) est le pianiste qui a participé à l'enregistrement Different shades of blue de Joe Bonamassa. Cinq titres du live viennent de cet album ("This train", "Drive", "The valley runs low", "Livin'easy", "Get back my tomorrow") mais il n'est pas un instant déboulonné par le reste. Le vieux monsieur aux cheveux blancs sort de son piano une musique claire, belle et rapide ; un truc à peine croyable. Côté rythmique, les pointures ne sont pas en reste. Ayant assuré la batterie dans les années 80 pour Kiss, Anton Fig bosse avec Joe Bonamassa depuis 2007. Hormis "So, it's like that" et "Woke up dreaming", il a participé à l'enregistrement de tous les titres joués pendant la soirée. Aux percussions, c'est Hossam Ramzy qui a notamment collaboré en 94 avec Jimmy Page et Robert Plant pour un live dans le cadre des MTV Unplugged. Avec les deux hommes rassemblés, il y a de quoi être serein sur la rythmique. Les choristes quant à eux assurent largement la prestation avec quelques interventions en solo particulièrement impressionnantes.

Live at Carnegie Hall est un superbe voyage dans la discographie de Joe Bonamassa avec des titres de So, it's like that (2002), Blues deluxe (2003), Black rock (2010), Dust bowl (2011), Driving towards the daylight (2012), Different shades of blues (2014) et Blues of desperation (2016) soit plus de la moitié de ses albums. Comme si cela ne suffisait pas, Joe Bonamassa reprend en plus Bette Midler, Jimmy Page (Led Zeppelin) et son ancien groupe Black Country Communion. Et cerise sur le gâteau avec l'interprétation "How can a poor man stand such times and live" dont la première version sonna en 1929 à... New York.

On peut toujours chercher la petite bébête, le pet de travers ou le petit accro qui fait le bémol. Mais avec Bonamassa, ça n'existe pas. Sa musique est non seulement très propre mais en plus, elle culmine dans le monde du blues. Ce live a dû secouer ses spectateurs qui à la fin du spectacle se sont levés comme un seul homme pour célébrer une musique unique. Une légende de plus pour Carnegie Hall...