Dans la série "bon les copains, les trips avec les guitares saturées à max qui me font saigner les oreilles, la batterie qui m'explose la cage thoracique, la basse qui rentre en résonance avec mon palpitant et moi qui suis obligé de gueuler comme un veau pour me faire entendre, ça me saoule ! j'ai besoin de calme, chanter avec ma guitare, un peu de nature, plus d'acoustique. Je vais faire un album perso et je reviens !", voilà Jim Lindberg, frontman du mythique Pennywise (que je ne prends même pas la peine de présenter tellement c'est une des références de punk-rock US) qui prend la tangente pour la jouer en mode solo.
Pour ce premier LP personnel, et contrairement à ce que pourrait laisser entendre l'artwork, Jim Lindberg n'est pas parti à dos de mule, et s'est mis à écrire seul, avec sa guitare, au milieu du Canada, dans le bled paumé, ...pardon, la ville d'Helkhorn et ses 461 habitants. Accompagné de Marc Orrell, guitariste des Dropkick Murphys, de David Hidalgo Jr, batteur de Social Distorsion et de Joe Gittleman, bassiste des Mighty Mighty Bosstones, Jim Lindberg s'assied autour du feu de bois avec ce joli petit monde pour plus de 40 minutes de rock folk relativement convenu. Balades plus ou moins enjouées, single "The palm of your hand" ou "I feell like the sun", très youpi content, titres plus épurés et plus mélancoliques comme "Hello again" ou "Long way to go", voire folks comme "On fire". Les arrangements sont variés (ici un violon, là une trompette...), les guests nombreux. Il faut dépasser le titre introductif un peu trop entendu et gentillet pour apprécier vraiment l'album (sauf si tu fais partie de la fanbase punk-rock de Pennywise et que tu espérais un nouvel About time, alors là, même pas la peine de tendre l'oreille, non, non, n'essaie surtout pas). En bref, dans la série des chanteurs de bons groupes rock en mode solo qui découvrent la campagne, après le Cold as a clay de Greg Graffin et le superbe Into the wild d'Eddie Vedder, voici la vision de Jim Lindberg avec peut-être un semblant d'optimisme, de joie en plus, et de la folie en moins (mais passé 55 ans, on arrive peut-être moins facilement à hurler "Fuck autority").
Publié dans le Mag #50