Rock Rock > Jerry Cantrell

Biographie > un ex-Alice In Chains en personne

Alice In Chains est un des groupes les plus importants de la décennie 90, dans l'ombre de Layne Staley, chanteur à la voix si particulière, chantait également et jouait de la guitare Jerry Cantrell. Puis Alice In Chains s'est éteint, Layne a poursuivi son trip et sa dégradation via les drogues. Jerry a alors sorti un album solo, Boggy depot mais 2 ou 3 titres mis à part, cet album de rock était bien terne face aux flamboyances d'Alice. Après une courte reformation (Layne sortait de désintox), le groupe s'était de nouveau séparé, et Jerry bossait toujours dans son coin. 25 chansons sont prêtes en 2001, ils les enregistrent avec deux compères hors pair : Robert Trujillo (Suicidal Tendencies, MetallicA) et Mike Bordin (Faith No More), ça sortira en deux fois... Début 2002, une folle rumeur parcourt le monde, dans plusieurs interviews Jerry Cantrell annonce une probable reformation d'Alice In Chains ! L'excitation monte et le décès par overdose de Layne Staley sera d'autant plus douloureux. Camé, isolé, Layne est parti, a quitté ses chaînes et a libéré Alice à tout jamais. Il nous restait nos larmes pour pleurer et aujourd'hui, à entendre ce Degradation trip, elles ne sont que plus chaudes. Jerry Cantrell a(vait) retrouvé sa fougue, son style, celui qui faisait vibrer les fans d'Alice In Chains, celui qui nous fait toujours vibrer. Continue Jerry, ne nous abandonne pas.

Jerry Cantrell / Chronique LP > Brighten

Jerry Cantrell - Brighten Est-ce un clin d'œil à Jar of flies ? C'est en tout cas vers une mystique vénération de la mouche que nous emmène l'artwork de Brighten, troisième album solo de Jerry Cantrell. Un opus qu'on attendait depuis une quinzaine d'années mais sans cesse repoussé et décalé du fait du retour d'Alice In Chains, pour voir un successeur à Degradation trip, il a fallu attendre... Et même un peu plus étant donné les divers petits soucis connus par le monde depuis 2020.

"Eclaircir" est peut-être le mot qui traduit le mieux le titre, le ciel de Jerry s'est dégagé de ses démons, l'emprise de son ami Layne s'est allégée, c'est le cœur léger et l'âme moins tourmentée qu'il nous livre des chansons très "américaines" voire même "Americana" : du rock avec un peu de folk et la voix chaude du guitariste suffisent à mon plaisir. Car si les morceaux sont bien trop doux pour Alice In Chains, Jerry peut chanter ce qu'il veut, ça fonctionnera toujours avec moi, transi à l'écoute de son timbre si particulier. S'il s'est occupé de tout écrire et que la simplicité semble être un de ses fils directeurs, il a tenu à s'entourer de quelques pointures pour l'enregistrement, on retrouve ainsi, discrètement, Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan) aux chœurs, Duff McKagan (Guns N' Roses) à la basse ou Gil Sharone (Stolen Babies, Team Sleep, The Dillinger Escape Plan...) à la batterie. Une dream team qui transforme chaque titre en pépite et si certains sortent encore du lot ("Brighten" ou "Had to know" judicieusement choisis en singles), c'est bien tout l'album qui nous régale. Si tu cherches de l'électricité dans l'air, écoute "Atone", si tu veux une balade paisible, passe à "Prism of doubt", si tu veux trouver un petit solo pour te réchauffer les doigts, va gratter "Nobody breaks you" et si tu veux partager l'hommage à Elton John, écoute la version épurée de "Goodbye".

Souriant, chaleureux, réconfortant, c'est un Jerry Cantrell vraiment beaucoup plus clair qui se cache derrière cette mouche, rayonnant tel qu'on le revoit sur scène, ça fait plaisir d'entendre sa voix et de le savoir de nouveau heureux car il ne peut pas tricher avec sa guitare. Apaisé, il irradie son auditoire de bonnes ondes, Brighten est pour moi "un disque du dimanche matin", un de ceux que mon père aurait pu mettre sur la platine un de ces week-ends où le temps n'avait pas d'importance, où il fallait juste profiter.

Publié dans le Mag #53

Jerry Cantrell / Chronique LP > Degradation trip

Jerry Cantrell : Degradation trip Cet album de Jerry Cantrell est malheureusement presque prophétique. Degradation trip aurait pu être écrit pour Layne Staley (à qui il est dédié) mais Layne ne nous avait pas encore lâchement quitté que Jerry Cantrell avait déjà enregistré toute sa tristesse et sa rage face aux douleurs de sa vie (les drogues et les séparations en tête). Le lancinant "Psychotic break" donne le ton, Degradation trip est lourd, sombre, vindicatif et plaintif. Et dés le deuxième titre "Bargain basement Howard Hughes", Jerry Cantrell nous remémore les plus belles heures d'Alice In Chains (et que dire de "Castaway" ?), notamment avec son contre-chant si particulier qui, ici, prend les devants. Ses talents de guitariste refont également surface, bien plus aiguisé que sur Boggy depot, il nous gratifie de riffs dont il a le secret ("Chemical tribe"), de solos toujours très travaillés ("She was my girl", "Locked on") et de notes délicates ("Give it a name", "Gone"). Tout au long des 72 minutes de l'album (!), la puissance des compositions de Jerry Cantrell est très largement appuyée et renforcée par un duo rythmique ahurissant : Robert Trujillo à la basse et Mike Bordin à la batterie sont donc pour beaucoup dans la réussite de cet opus ("Spiderbite").
Jerry Cantrell doit nous livrer un autre album, s'il est dans la même veine que celui-ci, on ne fera que regretter davantage la mort de Layne "Now you're gone ... gone away" Staley.