Jeniferever - Silesia Artwork très classe pour le troisième album des suédois de Jeniferever qui, comme à leur habitude, soignent tout particulièrement l'esthétique visuelle de leurs disques pour mieux mettre en relief leur musique. Parce qu'ils ont compris que le disque d'aujourd'hui, ce n'était pas seulement un contenu, mais un objet de désir, que le collectionneur veut profiter réellement de ce qu'il acquiert et qu'on ne peut plus tricher avec lui. Et çe constat, les scandinaves l'ont depuis longtemps à l'esprit, eux qui ont confié la réalisation des très belles éditions vinyles de leurs albums (Choose a bright morning, Spring tides) au label Denovali Records, sans doute la référence du genre sur le vieux continent. Encore faut-il que le contenu soit à la hauteur du contenant. Mais avec eux, il l'est forcément...

Mélange de pop new wave et de rock indie à haute teneur émotionnelle, quelques nappes de post-rock ascensionnel et un soupçon de shoegaze électrique en guise de nappage, l'éponyme "Silesia", ouvre l'album en mettant le groupe sur orbite et l'auditeur avec lui. Dominant la scène européenne du haut des sommets enneigés esquissés sur la pochette de ce troisième effort long-format, les Jeniferever multiplient les offrandes indie-pop aux mélodies savamment ciselées et arrangements scintillants, ces "Waifs and strays", "The beat of our own blood" et autres "A drink to remember" qui résonnent comme autant de pépites aux allures de tubes imparables. Loin des grosses machines made in "majors" calibrées, les nordiques restent dans sphères indépendantes (ils sont signés depuis Spring tides chez l'anglais Monotreme Records) pour affiner la sensibilité de leur songwriting comme l'élégance glacée de leurs instrumentations. Et c'est du reste, assez logiquement, ce qui leur sied le mieux.

Ce qui ressort de l'écoute répétée de morceaux qui, à l'image d'un "Cathedral park" majestueux ou d'"Where the hills fall towards the ocean" tout en retenue pudique et parvient à révéler mille nuances et petites finesses au fil des minutes, suit cette logique. Imparable. On aurait alors pu se dire que, malgré ses qualités d'écriture évidente et un vrai travail d'orfèvre réalisé sur les mélodies, ce Silesia manquait peut-être un peu de nerfs. "Deception pass" vient effacer cette vague impression naissante en laissant s'abattre sur la platine un déluge de décibels, une tornade électrique dense et ravageuse qui emporte tout sur son passage pour mieux imprimer sa marque dans la mémoire de l'auditeur. Une réussite absolue qui permet au groupe de changer de rythme l'instant d'après, pour ne jamais refaire ce qu'il a déjà fait quelques instants plus tôt. On a ainsi droit à la petite ballade bucolique avec "Dover" ou à la magnifique conclusion qu'offre "Hearths" à cet album, sans la moindre fausse note. La grande classe.