Jeniferever - Spring Tides LP Après avoir conquis son monde avec son premier album (Choose the bright morning NDR), Jeniferever revient avec ce Spring tides qui s'annonce comme étant porteur d'une responsabilité autrement plus ardue à assumer pour le collectif Suédois. Car auprès avoir séduit, charmé, subjugué, il lui faut maintenant savoir durer, maintenir l'équilibre qui fait naître la magie d'une relation dans le temps. Pour ce faire, les natifs d'Uppsala déposent délicatement sur notre platine, dix nouvelles compositions pour une heure de musique. Mélange de pop-indie et de post-rock, la musique du groupe évite invariablement l'écueil de la mièvrerie de l'une sans pour autant céder aux facilités inutilement démonstrative de l'autre. Le résultat est aussi euphorisant qu'une longue ballade romantique aux abords d'un fjörd scandinave par une douce matinée d'hiver. Une petit soupçon de dream-pop embrassées par des des textures shoegaze elles-mêmes enchevêtrées dans des constructions harmoniques ouvertement post-rock, c'est avec des titres de la trempe de "Green meadow island" ou "Concrete and glass" que Jeniferever tisse sa toile. Avec une aisance hors du commun.
Et lorsqu'ils décident de se sublimer, là, les Suédois semblent intouchables comme lorsqu'ils nous offrent le magnifique "Ox-eye", avant d'enfiler les pépites avec une régularité confondante : "St Gallen", "Nangijala". Clavier enjôleur, cordes délicatement frottées, voix perchées sur les hauteurs, ambiances new-wave, le groupe met tout ses atouts au service d'une musique rêveuse et intimiste, véritable invitation à l'ataraxie émotionnelle. Navigant les yeux fermés au coeur d'une véritable constellation d'astres mélodiques (à l'image de son artwork d'ailleurs), Jeniferever converse avec les cieux et se laisse porter dans la stratosphère par ces nappes ambiantes doucereuses qui viennent envelopper "Lives apart". Un album comme Spring tides a sans doute besoin de quelques tubes pour pouvoir exister par lui-même. Alors le groupe s'exécute et commet sous nos yeux un double hold-hup avec "Sparrow hills" et "The hourglass" enfin de disparaître de la scène, par un habile tour de passe-passe électrique dont lui seul semble avoir le secret ("Ring out the grief"). A l'écoute de cet album, on se dit que Jeniferver est assurément de ces groupes, rares, qui savent faire l'unanimité autours d'eux. Et à ce titre Spring tides n'est sans doute pas loin d'être leur chef d'oeuvre.