Les JC Satan sont au taquet. En pleine préparation de leur tournée dont un passage est prévu à Lomme, près de Lille, pour le Tour de Chauffe le 16 novembre, les Bordelais, à travers Romain leur batteur, ont pris le temps de répondre à nos questions. Au menu : retour sur les débuts, le dernier album, Bordeaux et la suite des opérations, à savoir un futur album dont vous en aurez surement les échos si vous faites un petit détour sur une de leur dates.
Pouvez-vous nous rappeler un peu qui vous êtes pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? Votre parcours ?
JC Satan c'est Paula, Arthur, Dorian, Alice et Romain. On fait de la Pop Doom Medieval. On habite tous à Bordeaux mais Paula et Alice sont italiennes. Depuis 2010, on a sorti nos deux premiers albums sur le label américain Slovenly Recordings (Sick of love en octobre 2010 et Hell death samba en octobre 2011), et le dernier (Faraway land en octobre 2012) sur le label franco/belge Teenage Menopause. On a aussi fait plein d'EPs et de splits avec des groupes supers. Ils sont tous écoutables sur notre site si vous voulez... (jcsatan.com)
Quelle est votre propre définition de JC Satan, tant au niveau de l'idée derrière le nom que de l'entité qui se cache derrière ?
Ce groupe est une blague au départ. Ca a commencé sous le nom de Satàn. Paula et Arthur avec l'aide de Dorian avaient enregistré des chansons pour se marrer et les avaient mises sur myspace. On a rajouté JC après la sortie du premier EP parce que c'était impossible de trouver nos chroniques de disque sur Google. Et puis JC Satan ça claque quand même pas mal. Pour notre pote Pierre, JC Satan c'est un guerrier intergalactique fan de bon gros Hip Hop à l'ancienne et qui vient coloniser la planète Terre...
Votre troisième et dernier album, Faraway land, est sorti l'année dernière. Quel est son bilan en terme de vente et en retour du public et de la presse ?
On doit en être au niveau « disque de calcaire » là au moins. Tu sais, tous nos disques ont été produits en mode DIY total et l'argent qu'on se fait en vendant des disques nous sert surtout à payer les péages et l'essence. Je crois que Faraway land a été représsé une troisième fois ce qui veut dire qu'on a du vendre entre 1000 et 1500 vinyles. Pour les ventes de CD et digital on en a pas la moindre foutue idée et on s'en tape un peu. On s'est démerdé pour défendre un peu plus notre dernier disque en France mais c'est tout. C'est surtout les lives qui nous permettaient de vendre des disques jusqu'à maintenant.
Son artwork est assez énigmatique, on a l'impression de voir La Joconde ayant un Christ sur ses genoux telle une Pieta italienne de la Renaissance. Je note aussi un côté bondage évoquant la suprématie de la femme qui enroule avec ses nattes le cou de l'homme. Qui a réalisé ce dessin qui ne passe pas inaperçu ? Et quelles ont été les influences ?
C'est Elisa Mistrot, une peintre de Bordeaux qui a peint la toile originale. C'est Paula qui gère les artworks en général et là elle voulait une peinture moyenâgeuse pour illustrer le coté épique de l'album, l'histoire de chevalerie qu'il y a derrière. On a donné quelques indications à Elisa et elle s'est inspirée de l'imagerie de cette époque. Au départ Arthur voulait être un mini chien à tête humaine tenu en laisse sur les genoux de Paula.
Je pense que beaucoup de personnes vous ont découvert avec votre dernier album, qu'est-ce qu'a cet album que les autres n'ont pas ?
C'est juste le premier album à avoir eu une vraie promotion en France. Le son est surement mieux produit et l'ambiance générale du disque a peut-être été plus pensée que les deux précédents. Mais bon, on aime énormément Sick of love et Hell death samba qui sont sortis sur un label américain et qui du coup sont un peu passés inaperçus. On est plusieurs à préférer l'album Hell death samba par exemple.
Vous disiez dans une interview l'année dernière que pour vendre des disques, il fallait faire de bons concerts. Que conseillez-vous à ceux qui font de bons concerts mais qui ne vendent pas ou peu de disques ?
Heu... tu veux dire des groupes comme nous en fait ??? La plupart des groupes qu'on côtoie ne font pas des ventes mirobolantes. Ca dépasse très rarement les 10 000 disques je pense, et encore en faire 5000 c'est déjà bien bien fat. Donc heu pour le conseil ben « démerdez-vous ! », je ne sais pas ...
Vous vivez à Bordeaux, quelles connexions avez-vous avec les nombreux groupes s'y trouvant ? Est-ce qu'il y a une entraide entre vous, un esprit de solidarité chez les Bordelais ?
Un esprit de solidarité, le terme est peut-être quelque peu exagéré mais plusieurs scènes et Assos occupent tous le même terrain et ça se passe plutôt bien. Avec Satan, on fait parti du collectif Iceberg (avec des groupes comme Lonely Walk, Petit Fantome, Crane Angels, Lispector, Botibol...), on participe à mixer un peu les genres en organisant des soirées, en faisant des compiles et des méga tombolas. La ville est petite donc les gens squattent à peu près les mêmes endroits.
Avec votre expérience, notamment après avoir signé sur un label américain, quel est votre regard sur le monde de la musique tant au niveau des labels que des tourneurs et surtout de la diffusion de votre musique ?
Comme on t'a dit, on est pour l'instant sorti sur des « micro labels » qui n'avaient pas de moyen. Pas le genre de label qui te donne de l'argent pour enregistrer ou pour faire de la comm pour ton groupe. On bosse vraiment avec des gens proches de nous. ZooBook nous a pris dans son roster pour la tournée depuis cette année, on bosse aussi avec Fred Vocanson d'Animal Factory ou Romain Bordes de Holy Soakers. Grâce à leur boulot et grâce à nos lives, on a été amené à jouer sur de plus grosses scènes et à faire pas mal de gros festivals cet été. On découvre tout juste l'environnement qui peut exister autour de certains groupes, leur entourage et on trouve ça assez marrant. On n'a jamais vraiment cherché à évoluer dans ce genre de milieu ... il y a des trucs qui nous débectent, d'autres qui nous font saliver.
Où en êtes-vous à l'heure actuelle, un nouvel album est-il en préparation ?
Tout à fait. Arthur est en train d'enregistrer des premières versions des morceaux qui seront retravaillées pour l'album. On prend un peu plus le temps, il y a des deals entre mecs influents du show business qui sont en train de se goupiller dans notre dos donc on attend. Et puis on a joué beaucoup, on a eu moins de temps pour enregistrer. On est un peu déçu de pas pouvoir sortir notre album en octobre cette année, on avait toujours fait ça pour l'instant, un album tous les mois d'octobre. On sortira surement pas le prochain avant le printemps 2014. Par contre on va sortir fin novembre un split EP avec le groupe Regal, sur Azbin Records et surement d'autres trucs dans le genre avant l'album.
Avez-vous déjà une idée de ce que pourra donner votre prochain album en terme de sonorités, d'évolutions de styles ?
Oui mais non.
La dernière fois qu'on a pu vous voir en live, c'était à l'occasion du festival de Dour. Quels souvenirs en gardez-vous ? Jouer après Converge à une heure tardive sur une scène dédiée au métal, ça ne devait pas être évident à appréhender.
Si si ça va. On a eu de meilleurs lights qu'eux qui ont eu droit à du rose pendant tout leur show.
Le 16 novembre, vous jouez dans le cadre du festival Tour de Chauffe, organisé par un dispositif qui encadre les jeunes musiciens amateurs. Est-ce vous avez déjà bénéficié de structures ou d'aides pour vous aider à vous développer ? Et de votre côté, est-ce que vous aidez à votre manière de jeune groupe amateurs à se produire en les invitant à jouer avec vous ?
En effet, on a un petit groupe de personnes proches avec qui on bosse. Il y a aussi le Krakatoa à Bordeaux qui nous permet de bosser nos lives dans leur salle. Et quand on a la possibilité de faire jouer des groupes avec nous, comme ça a été le cas à la Flèche d'or en octobre ben on fait venir des potes. Pas forcément des jeunes, juste des groupes qu'on aime. Amateur/Professionnel, je ne sais pas trop ce que ça veut dire. Je crois que tu te fais un peu des idées sur le monde de la musique. Les meilleurs groupes ne sont pas forcément ceux qui gagnent du pognon ou qui vendent beaucoup de disques aujourd'hui ...
Pour terminer cette interview, je vous laisse imaginer le meilleur concert que vous puissiez faire, lâchez-vous !
Ceux de 2014, quand on aura pu acheter tout le matos qu'on veut pour la scène... Gros lâchage t'as vu !
JC Satan par Pierre: jpg (171 hits)
Merci à Anne du Tour de Chauffe et Romain pour sa disponibilité.
Photos : Greg Calvache (haut gauche) + Oli (Dour 2013)