Jack And the Bearded Fishermen - Minor noise Minor noise, troisième album de nos Jack and the Bearded Fishermen adorés. Oui, tu as bien lu, adorés. Car chez les gaziers du W-Fenec, ce groupe fait quasi l'unanimité. Ce qui est assez rare pour être souligné. Mais je m'égare déjà. Donc oui, J&TBF est de retour avec un album explosif, dense, puissant, prenant. Et ce sont les labels Impure Muzik, GPS Prod, Slow Death et consorts qui ont eu le nez fin pour presser cette galette déjà indispensable.

Pour ceux qui n'auraient pas suivi depuis le début, les cinq de Besançon pratiquent un stoner noise rock à trois (!) guitares. L'expérience accumulée sur la route et la réputation de stakhanovistes des salles de répètes font de ce groupe un poids lourd du genre en 2014. Et Minor noise n'en est qu'une preuve (flagrante) de plus. Bénéficiant d'une production puissante et d'une qualité exceptionnelle, les dix bombes délivrées par les "Jack" ne laisseront pas l'auditeur indifférent. Car entamer l'écoute de cet album équivaut à vivre une expérience sonore presque irréelle. "Autumn arrows", déflagration sonore ouvrant les hostilités de l'album, résume parfaitement la situation en trois minutes tout rond : rythmique rageuse, guitares dégueulant de riffs ultra efficaces, excellente complémentarité des voix, composition soignée. Pas mal pour un début. "Low tide", malsain à souhait, "Reminder", compact et destructeur, ne dérogent pas à la règle que le groupe s'efforce sans difficulté à tenir : allier la puissance, les émotions, la rage et la finesse. Le refrain de "Minor noise" n'en finit pas de trotter dans ma tête quand le chef d'œuvre de l'album, à savoir "Inverted queen", déboule sans crier gare avec son intro mélo/noisy débouchant sur un riff de guitares tranchant et dévastateur. Je n'en suis qu'à la moitié de l'écoute de l'album que déjà, les émotions s'entremêlent, tout comme les inspirations stoner, sludge, noise et autres. "Way out" offre le temps de quelques mesures une respiration qui n'est pas de refus dans ce chaos sonore. Le robuste "Wet black papers", massif et mélodique, en impose fièrement, tandis "Tina", crossover noise et punk, est certainement le morceau le plus accessible du disque. La mélancolie s'empare de "White hours", et le dernier brûlot intitulé "Program" est tout simplement renversant. Le prochain qui se demande si je n'exagère pas dans mes propos prendra deux baffes : la première quand il aura enquillé les quarante-deux minutes intenses et massives de Minor noise, et la deuxième quand je lui aurais balancé ma paume dans sa joue.

Jack and the Bearded Fishermen, avec sa rythmique mastoc (cette basse, putain, cette basse !), ses guitares débordantes d'énergie, ses voix énigmatiques et dérangeantes, ses morceaux intelligents et sa puissance de frappe en impose clairement. Minor noise est un bijou de stoner rock teinté de noise et de punk, un album indispensable pour les amateurs de sensations fortes. Et je ne te raconte pas ce que ça donne en live. Je préfère que tu t'en rendes compte par toi même, car tu vas encore dire que j'exagère.