Jack & The Bearded Fishermen - Playful winds 8 ans que nous étions sans nouvelles de Jack et ses pêcheurs barbus. C'était beaucoup trop ! Enfin pas exactement puisque les Bisontins avaient tous les cinq profité pour naviguer sur d'autres barques, explorer d'autres contrées, au gré du vent. Certains avaient pu mettre les voiles sur la route de l'electro indus avec Horskh, de l'indie rock avec Go Spleen et Mercury Hill ou encore de l'indie punk avec Red Gloves. Et à chaque fois avec un talent plus qu'insolent. Si tu n'as pas encore écouté ces différents groupes, tu peux foncer tête baissée, pas besoin de garantie ni de SAV.

Les vents étant plus favorables, pour ne pas dire plus ludiques (Playful winds), les voilà qui se sont finalement retrouvés avec encore plus de plaisir (et le nôtre par la même occasion). Alors certes, il y a un virus qui est venu mettre son grain de sel marin dans leur GPS et les a contraints à modifier quelque peu leurs plans, pour donc à nouveau embarquer ensemble après un petit retard à l'allumage. Et on ne va pas s'en plaindre. Ça leur a permis de peaufiner minutieusement leur attirail, bien lustrer la coque afin de s'aventurer au large, fendre les vagues sans encombres et revenir à bon port avec dix belles pièces. Oui, ici on privilégie la qualité à la quantité. Pas de pêche au gros, en mode chalutier qui détruit et pollue tout sur son passage. Les gars plongent en apnée, à mains nues et ont adopté la tendance écolo, circuit court, local... Pour preuve, non seulement ils ont refait confiance à Flavien Van Landuyt qui avait enregistré Minor noise, leur précédent effort, au Studio Zèbre à Besak mais ils lui ont aussi confié le mix et le master s'est fait au même endroit. D'ailleurs, dans la famille DIY on n'est jamais mieux servi que par soi-même (et ses potes), ce disque sort bizarrement en cd digipak en autoproduction mais je me suis laissé entendre dire qu'une version vinyle était dans les rouleaux. Tant mieux, notamment pour voir cette chouette pochette, bien plus colorée que ce à quoi ils nous avaient habitué, en grand format.
Il faut savoir qu'une virée avec les Jack c'est une expérience. C'était déjà le cas sur les précédents albums mais Playful winds s'appréhende, s'écoute vraiment dans son intégralité. On appuie sur play et on part en voyage, en immersion sonore indie / noise / heavy rock complète. Les morceaux s'enchaînent, les nappes de guitares se superposent sans se marcher dessus (le groupe en compte trois quand même !) et au milieu de tout ça, la basse se fraie un chemin, balisé par la batterie. Quelques intros ou morceaux instrus ("Periscope", "Playful winds") permettent quelques sas de respiration, décompression, avant de repartir de plus belle. Difficile de faire ressortir une chanson plus qu'une autre tellement l'ensemble forme un bloc mais si on me titille un peu, "Atlantide" et "Silent firms" sont celles sur lesquelles mon attention se fait plus précise. Ah et puis "Beware of birds" aussi, qui ouvre l'album. Ah et puis aussi... toutes en fait.

Jack is back et n'est pas là pour enfiler des perles d'huîtres. Non, son retour est bien plus précieux (mon camarade Gui de Champi lui a même décerné la note de 20/10) et quand on sait que c'est sur scène que le groupe est encore plus impressionnant, on a bien hâte de croiser leur chemin.