It It Anita - Mouche Toujours dans un esprit bienveillant et pour perpétuer la fameuse tradition des noms d'albums donnés à des proches (en général leurs ingés-son), les belges d'It It Anita ont cette fois-ci rendu hommage à leur mascotte, un golden retriever nommé Mouche. C'est ce chien, recueilli par le bassiste pendant deux ans, qui prend la pause sur la pochette de leur quatrième album. Une nouvelle sortie l'année de leur dixième anniversaire, quoi de mieux pour fêter cela ? En tout cas, c'est un très beau cadeau que nous offre les Liégeois avec cet arsenal rock digne des meilleurs groupes de la scène noise/punk américaine des années 1990 (The Jesus Lizard, Shellac, Fugazi, Cop Shoot Cop...) sans compter ses inspirants et non moins excellents rejetons (McLusky, Pissed Jeans, Part Chimp...). Une bombe sonore qui a été façonnée une nouvelle fois par Amaury Sauvé, déjà responsable de la prod' de Sauvé, sorti un an et demi auparavant.

Passé en trio depuis le départ en 2022 de Damien, leur guitariste-chanteur, It It Anita réalise donc son premier disque sous cet aspect-là. Faut-il en conclure subitement que Mouche est moins percutant que ses prédécesseurs ? Rassurez-vous, les Belges n'ont pas abandonné leurs envies d'envoyer des riffs qui tabassent (ceux de "Disgrace" et "9 lives" en sont de très beaux exemples) et leur noise pêchue et harmonieuse. En revanche, le groupe a néanmoins fait bouger ses lignes sur le format de ses morceaux, plus directs, en privilégiant le couplet/refrain. Et puis, en écoutant Mouche, on s'aperçoit qu'It It Anita s'est permis quelques petites nouvelles folies, à l'instar de ce chant rappé dans un "Psychorigid" qui s'octroie une partie finale punk-hardcore, comme un hommage évident aux Beastie Boys. Ou encore "Giving/Taking", morceau ambivalent et interloquant de six minutes, qui alterne accélérations et lenteurs.

Sous ces airs un peu aventureux, Mouche brille par l'équilibre de ses différentes teintes de couleurs et de ses énergies. Contrairement aux albums précédents, ses chansons paraissent également moins poussiéreuses/voilées, comme pour mieux faire passer ses messages aussi divers et variés que les soirées arrosées qu'on regrette, les galères d'un groupe de musique en tournée, ou encore ces gens qui te proposent de gagner de l'argent sans rien foutre. Rendre plus clair l'ensemble pour éviter les redites, et échapper de son passé pour mieux voir l'avenir ? Seuls les Belges ont la réponse. Dans tous les cas, on apprécie déjà fortement ce nouveau duo de voix entre Michael et Elliott qui se complète super bien. Est-ce qu'It It Anita nous aurait pas lâché là son meilleur album ? À défaut, il s'agit du plus cohérent de toute sa discographie.