Hum Hum est un duo de pop rock électro formé de Sophie Verbeeck (textes et chant) et Bernard Tanguy (musique). Ce dernier est plus connu sous le nom de BT 93 mais avait délaissé à la fin des années 1990 la musique pour le cinéma. C'est sur un tournage que les deux se rencontrent et donnent naissance autour du piano d'un hôtel à Hum Hum. Un premier EP est né dans cette collaboration au premier trimestre 2019 et a permis au groupe de se faire une renommée dans le monde de la musique indé. Le groupe était donc attendu au tournant pour transformer l'essai de l'album.
Le disque s'ouvre sur une introduction chantée "La revanche de la louve" qui fait écho à la pochette du premier EP. Le premier titre s'envole sur les paroles "je suis partie prenante à des rêves clandestins" et sur dès lors, nous sommes embarqués par la voie de Sophie et les mélodies de Bernard et il semble que la magie opère comme sur l'EP. Le duo mélange à merveille leurs influences qui parfois divergent. Le creuset "Traversant" permet de retrouver tout ce qui fait le charme du groupe avec le choix qui alterne entre spoken word et parties chantées que ne renieraient pas Morcheeba. Mais il y a également un côté nouvelle vague à la française avec une Françoise Hardy, un Etienne Daho ou un Daniel Darc qui semblent accompagner les volutes vaporeuses des différents titres. Frédéric Lo qui avait réanimé Daniel Darc est également présent aux manettes ce qui donne une cohérence parfaite aux différentes chansons. Le chant alterne français et anglais, douceur et racolage comme sur le titre "King Kong show", chanson où le duo se renvoie la balle entre chant anglais et chant français. Le duo pousse même le vice à intituler une chanson "La ballade des gens heureux" qui n'a aucun rapport la chanson de variété du même nom. Un riff extrêmement accrocheur et un refrain entêtant qui aurait mérite à faire oublier la première. Ce qui frappe c'est la cohérence de l'album alors que le duo alterne différent styles. Frédéric Lo a tout compris des noirs et blancs qui constituent des jeux de lumière du yin et du yang de ces deux voix hors genre. Traversant ou comme cette lumière de sous-bois qui au fur et à mesure des déambulations éblouie ou nous plonge d'un coup dans l'obscurité. "Une sur un million" lorgne vers l'univers gainsbourien alors qu'une comme "Poor little thing" trahit l'amour des deux pour les Stranglers. C'est avec joie que l'album se termine par "Blueberries" une chanson tout en douceur qui nous replonge dans les premiers émois que nous avions eus à l'écoute de leur premier EP.
Publié dans le Mag #49