Circus : Salut les GuiGui ! Oui, on vous l'avait promis depuis un moment mais cette rubrique HuGui(Gui) se transforme pour ce numéro anniversaire exceptionnel en HuGui(Gui)(Gui) et l'on accueille avec un plaisir incommensurable mister Guillaume Gwardeath. Pas besoin de le présenter, d'autant qu'il s'est déjà fait tirer le portrait par toi, Gui de Champi dans notre numéro 52 pour Fanzinat (film docu dont il est co-auteur) et dans le 45 pour Hey you ! (bible sur les Burning Heads dont il est également co-auteur). En parlant de promesse, de mon côté j'avais promis que mon prochain tuyau proviendrait de mes pérégrinations floridiennes au festival sobrement intitulé : The Fest. Celui qui a lieu à Gainesville tous les ans lors du week-end d'Halloween, où se mêlent dans le centre-ville des étudiants déguisés (aux States, la fête de la citrouille c'est quelque chose !) et quelques milliers de punk-rockers barbus en teesh noir. La cohabitation se passe toujours très bien et des dires des locaux, c'est même leur week-end préféré de l'année ! Il y a de l'animation, c'est bon enfant et les aficionados du punk-rock de No Idea Records (label qui organise ce fest) sont mieux élevés et bien plus cools et respectueux que les fans de foot américain (ou autre) quand il y a des évènements sportifs de cette ampleur. C'était la 20ème édition en 2022, ma quatrième perso et peut-être celle que j'ai le moins kiffée musicalement. Attention, me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! Un Fest "juste" sympa ça reste malgré tout la meilleure semaine de l'année. "And it feels like summer in october", comme le chante Dillinger Four. Elle l'était malgré tout un poil moins bien qu'en 2010, 2011 et 2016 donc je ne vais pas vous parler d'une découverte de cette année mais pour ne pas trahir ma parole (il n'y a que quand je dis à Oli : « je termine mes chroniques ce week-end sans faute ! » que je m'autorise, à l'insu de mon plein gré, quelques écarts avec la réalité), on va quand même rester sur un bon tuyau déniché en Floride.

Campaign Beetlejuice! Beetlejuice! Beetlejuice! 250-300 groupes sont programmés dans une vingtaine de lieux différents au cœur de la ville. La première année (et les suivantes), il y en avait tellement que je voulais voir ou revoir et j'ai parfois lâché mes camarades de colo punk rawk pour faire cavalier seul. Je ne sais plus si c'est Till ou Frank qui avait repéré ce band en amont mais quand tous les deux, unanimes à 666%, m'ont vanté les mérites de Campaign, j'étais bien dég' de ne pas avoir modifié ma table du temps. Encore plus quand je me suis mis à écouter en boucle ce qui était dispo à l'époque et ils se sont retrouvés sans surprise dans mes priorités en 2011 et 2016, même avec Knapsack en face. Au sens figuré car leurs horaires de concerts se chevauchaient, comme au sens propre puisqu'ils jouaient dans un bar juste en face de la salle où se produisait Knapsack (groupe de Sergie Loobkoff de Samiam pour celles et ceux du fond qui ne suivent pas).
Et Campaign qu'est-ce que c'est, nom de nom ? Un groupe de punk-rock d'Atlanta, déjà. Pas spécialement une ville dont je saurais nommer d'autres bands. Un p*tain de groupe de punk-rock d'Atlanta qui sonne comme un mélange d'Hot Water Music, Turbonegro et The Bronx. Avec ces trois références, ça pose un peu le bouzin. Pour ce qui est de Turbonegro, tu pourras être plus précis, critique, pointilleux, mon cher Gwardeath (en tant que membre officiel Turbojugend) mais à défaut de maquillage et autres excentricités, les gars arborent de bonnes vieilles vestes en jeans à badges et manches coupées, grosses bebar.... Tu valides ? Pour ce qui est d'Hot Water Music et The Bronx, il suffit d'écouter, ça sonne assez vite (et fort) aux oreilles, je pense. Quand certains groupes ont tendance à s'assagir, mettre de l'eau dans leur PBR (Pabst Blue Ribbon, équivalent ricain de la Kro/1664 et sponsor du Fest), eux c'est plutôt l'inverse. Leurs disques bourrent de plus en plus.

Les disques, parlons-en. Je te sais fervent collectionneur et acheteur compulsif, Gui de Champi, mais même si on est en pleine période de Noël quand je rédige ces lignes, ce n'est pas vraiment un cadeau que je te fais là. Victoria me remerciera. Campaign a commencé par sortir trois EPs en K7 (mais quelle idée saugrenue !), dont l'excellent, mon préféré, Beetlejuice! Beetlejuice! Beetlejuice! (2011), puis d'autres en 45t, en digital, en CD-R et un album, Enemies, trop bien, en 2014 ! Personnellement, j'ai fait mes emplettes sur leur stand de merch les deux fois où je les ai vus (concerts toujours hyper wild et fun) et tu pourras te consoler en chopant quasi tout gratos ou pour quelques bienheureux $$ sur leur Bandcamp Itlikestoparty (à part le premier EP, H1N1). Si tu tapes Campaign, ça fonctionne aussi, pas de souci. Y avait un site du même nom mais je viens de vérifier, il semble down. Faut dire que ça fait bien 5 ans que les gars ne donnent plus signes de vie et ils n'étaient pas présents cette année au Fest. Dommage. Sur l'intégralité de leur discographie dont je dispose, 35 titres pour 1h22, il y a évidemment un peu de redondance mais si j'ai deux disques à vous conseiller, ce sont donc l'EP Beetlejuice dont j'ai parlé plus tôt avec un de mes morceaux préférés : "Old haunts". Il y a tout ce qu'il faut dans cette chanson : un chant bien éraillé (et pas toujours juste mais on s'en balek, enfin moi, oui) et un autre encore plus criard, une rythmique solide, de l'intensité, un petit trick cool à la guitare au milieu, des wow-oh wow-oh que t'as envie de scander et des paroles « Old records, cheap wine [...] this is my medication » qui me parlent. J'aime aussi énormément l'album Enemies, sûrement leur disque le mieux produit, qui reprend les bonnes recettes énoncées précédemment, démarre sur les chapeaux de roue avec "Don't wanna keep fallin' down" et comprend d'autres titres bien efficaces comme "Old friend", "Chorus of defeat" ou "Better off alone".

Alors certes, il vaut parfois mieux être seul que mal accompagné mais ce n'est pas le cas avec vous, mes GuiGui. J'espère avoir été de bonne compagnie et de bon tuyau avec Campaign et j'attends vos retours avec impatience. Et j'ai cité ces morceaux, mais si vous me poussez un peu je pourrais rajouter "Slums" dans leur Black album (EP où ils sonnent le plus comme The Bronx) ou encore (too old to) "Die young" ou... Bref, quand j'ai un p'tit coup de mou, je balance n'importe quel titre et je suis direct chaud pour une bonne séance de renforcement musculaire. Ça vous fait le même effet ?

Champi : Salut les gars et bonne année, hein ! Bah oui, la fan base de HuGui(Gui) les bons tuyaux (qui grossit de jour en jour, preuve en est l'engouement engendré par notre fanzine dont moitié de mon stock est à ce jour écoulée !) ne manquera pas de découvrir ces bonnes lignes dès la parution du W-Fenec Mag #54 en ce 18 janvier 2023, date anniversaire du quart de siècle du web devenu magazine aux grandes oreilles ! Que le temps passe vite ! Donc, salut les gars, bonne année et d'ores et déjà, mon cher Circus, MERCI ! Merci pour tes bons mots, merci pour ton tuyau et merci d'être aussi beau... ah merde, je m'enflamme là ! Car, encore une fois, tu as tapé dans le mille avec Campaign, et pourtant, ce n'était pas gagné. Mais avant de me jeter à cœur ouvert dans ton tuyau, j'en profite pour remercier ce cher Guillaume Gwardeath de nous accompagner dans cet épisode un peu spécial. Déjà qu'en duo, ça claque, alors en trio, je n'ose imaginer le résultat. Guillaume Gwardeath, effectivement interviewé dans les numéros 45 et 52 du W-Fenec Mag, mais aussi dans le numéro 14 d'août 2014 dans la passionnante rubrique "Dans l'ombre" dans laquelle, toi aussi mon bon Circus, tu as répondu à nos questions. Qui aurait alors imaginé que vous vous retrouveriez tous les deux à écrire huit ans plus tard dans NOTRE rubrique ? Car oui, Gwardeath, en tant que personne fêtée le 10 janvier de chaque année, cette rubrique est aussi la tienne. D'autant plus que tes goûts et ton écriture sont deux atouts de choix ! Avec toi, pas question de naviguer à vue ! Exit le périscope, à fond les ballons, toutes !

Maintenant que notre invité est à l'aise, je vais vous faire part de mes impressions concernant Campaign. Au départ, ce n'était pas prévu, l'idée étant que nous soumettions chacun à G(uillaume) G(wardeath) un tuyau. Mais comme souvent avec mon compagnon de rubrique, c'est un peu freestyle et il a absolument souhaité avoir mon avis sur sa trouvaille d'antan. Alors, je vais te le donner mon avis. Quand j'ai ouvert Deezer et après être tombé sur un artiste de RnB du même nom, j'ai lancé au hasard un skeud de nos ricains. Je suis tombé sur Boys of bummer Vol.1, et j'ai trouvé ça, comment dire... un peu bancal. Avec un son pas jojo, des compos pas révolutionnaires, des guitares accordées trop bas, bref, un truc un peu chiant qui ne me donnait pas vraiment envie d'en savoir plus. Mais ne souhaitant pas rester sur une mauvaise impression, et après avoir lu ton avis dithyrambique à propos de l'unique album Enemies, j'y suis allé un peu à reculons... et là, j'ai tout compris. 8 titres, 14 minutes de bordel sans nom, un son pour le coup approprié au style, un batteur qui sait manier le charley à la Tommy Ramone ("Don't wanna keep fallin' down"), avec une succession de riffs tranchants (tous les titres !) et cette alternance de chanteurs (dont un qui me fait penser au chant de Till GxP) qui va bien. 8 titres qui claquent, tout simplement. Hardcore, punk, peu importe les étiquettes, car ça joue vite, ça joue fort et (sur ce disque en tout cas) ça joue bien ! Les morceaux sont courts, c'est sanguin, c'est aussi fat que fast, bref, c'est du bon. Turbonegro ? The Bronx ? ouais, pourquoi pas. De toute façon, on lorgne du côté du rock 'n roll high energy. Je suis allé également gratter du côté de Beetlejuice! Beetlejuice! Beetlejuice! et dès les premiers accords, j'ai compris pourquoi tu aimais tant cet EP. On ne serait pas dans de la repompe en bonne et due forme de Hot Water Music ? Distrayant mais un poil trop emo/mélo. Pour le coup, je lui préfère The black album, son successeur, bien plus frontal. Mais j'ai clairement un faible (et même un fort faible) pour l'album Enemies, que je vais de ce pas placer dans mes disques à acquérir en 2023. Pour dire vrai, cet article est rédigé juste avant Noël 2022 et je me verrais bien le commander genre là, maintenant, tout de suite mais après avoir reçu ma commande de chez SBÄM Records. J'ai promis à ma descendance que c'était ma dernière commande de l'année ! Campaign, c'est validé !!

Place à ma suggestion, que dis-je, mon petit trésor secrètement gardé. Sans GG avec nous pour ce coup-ci, je n'aurais jamais lâché la bombe qui s'apprête à vous pulvériser, les gars ! Quelques recommandations toutefois avant de lâcher la bête :
1/ faire de la place dans votre salon/votre chambre/votre transport en commun/bref, tout endroit où vous vous trouverez quand vous lancerez la lecture de Concrete Jungle, l'unique album de mon tuyau, histoire de mosher en paix.
2/ le volume doit être à son maximum pour prendre un max de sensations (tu sais, comme à la fête foraine, quand le patron du manège faisait monter la sauce).
3/ ne rien prévoir dans l'heure suivant l'écoute de mon tuyau car de toute façon ton cerveau ne suivra pas, tellement il aura été écrabouillé par la puissance de Fusion Bomb.
AHHHHHHHH, voilà, le nom est lâché ! Fusion Bomb les gars, from Luxembourg City s'il vous plaît. J'ai beau habiter à 100 bornes de la frontière séparant notre beau pays vice-champion du monde de football (toujours à la pointe de l'actu !) du Grand-Duché, je n'avais jamais entendu parler de cette bombe atomique avant qu'un de mes informateurs, qui souhaite garder l'anonymat de peur d'être harcelé, ne me recommande ce putain de groupe de thrash. Fier de mon camarade qui n'est jamais avare de bons plans, j'ai lancé un bon matin de 2019 la lecture de ce premier album rentre dedans, technique et tape à l'oreille. Trente-sept minutes de déluges sonores, de riffs en veux-tu en voilà, avec un mur de grattes, une basse qui ronronne et une batterie techniquement irréprochable. Qu'on se le dise, à la fin de "Knuckleburger", deuxième morceau de la tracklist, on a déjà pris 666 informations dans la tronche... et il reste encore huit titres à prendre en pleine poire ! C'est clairement pour moi le disque idéal pour décompresser d'une journée de taff un peu relou. Trente-sept minutes au compteur, pile-poil le temps de mon trajet pour rentrer à la maison par transport en commun, et pas une seule seconde de mauvais goût. Je possède très peu de disques de cette trempe dans ma rockothèque, et je ne suis pas un fin spécialiste du genre, mais j'ai un plaisir fou à écouter encore et encore ce disque au premier abord agressif mais tellement jouissif. Mon bon Circus, on est loin de Wet Leg, là !

Comme moi, vous êtes des curieux et vous avez toujours envie de savoir qui sont les gars qui jouent les disques qu'on aime tant. Bah, au risque de vous décevoir, je n'ai pas énormément d'informations à vous communiquer concernant ce groupe de thrash un poil crossover. J'ai bien capté, au gré d'informations glanées sur les Internet, que le quatuor avait été formé quand ses membres avaient une quinzaine d'années et que le groupe joue quelques concerts de temps en temps (dont un la semaine passée à la frontière, arghhhhhhhh !). Mais rien de bien plus précis. Ce qui ne m'empêche pas de prêcher la bonne parole et de vous conseiller de vous luxer la nuque (euh, c'est possible ça ?) à l'écoute des 10 bombes composant Concrete Jungle (dont "Zest of scorn", ouvrant l'album avec ce plan de gratte à 2min10, et "Knucklurger", sont mes préférées). Clairement, on va perdre Guillaume Circus, mais je sens qu'on va exciter les conduits auditifs de Guillaume Gwardeath. Pas vrai les gars ??? Et matez moi la pochette du skeud, du grand art !!!

Gwardeath : Salut les Gui + Gui !
Je suis désolé, mais on s'est fait tirer un zine. Enfin, VOUS vous êtes fait tirer un zine. J'avais bien réceptionné le képa de numéros 1 de HuGui(Gui) les bons tuyaux, pour en dealer les exemplaires à prix libre au gré des stands improvisés ici ou là, le long de mes pérégrinations. J'avais déposé un tas de zines, joliment agencés dans la plus pure tradition de l'artisanat du merchandising, à proximité des disques et T-shirts des artistes musicaux, le soir du concert de Vanilla Blue + Burning Heads au Marché Gare, à Lyon. Pendant que JBe des Burning était au stand (ou bien j'étais en train de checker Vanilla Blue, ou bien j'étais allé me resservir une part de délicieux couscous vegan au catering) , un individu non identifié a pris un zine sans payer en expliquant que c'était vu avec "Guillaume" et qu'il devait écrire dans un prochain numéro. Comme JBe est sympa, il a laissé faire. Il apparaît clairement à présent que le gars serait un chapardeur sans vergogne. Purée, mais jusqu'où va aller l'insécurité dans ce pays ? Je vous avoue que j'ai un temps soupçonné Dudu, le tech son des Burning Heads, mais après une rapide enquête de proximité, et en dépit d'une bonne tête de délinquant, il serait bel et bien innocent. Le mystère reste entier.

Après avoir été tuyauté par mon conseiller de Champi, j'ai bien écouté Concrete Jungle de Fusion Bomb sur Bandcamp. Je me demandais quelle serait la nature des sélections des deux Gui historiques. Je flippais un peu à l'idée de me retrouver à me taper de pointues déclinaisons modernes du sous-genre post-hardcore dans son versant dit "émotionnel". Je ne connaissais pas du tout Fusion Bomb (dont le nom ne donne a priori pas trop envie, en tout cas pas en 2022, ou 2023, ou quel que soit le chiffre de cette nouvelle année dans laquelle nous venons de passer). Je dois dire que j'ai été rassuré de voir sur la photographie horizontale de leur page Bandcamp une brochette de mecs avec des ripes longues, lunettes de soleil façon imitations de Ray Ban Aviator et blousons de moto. Soulagement. On est en terrain connu (moi, en tout cas, car pour paraphraser Gui de Champi : on a sans doute déjà perdu Circus)... Sur l'illustration de pochette, peinturlurée façon Ed Repka : un voyou des rues qui combat à la machette un spectre électromagnétique géant dévoreur de cerveau ! OK, avant même d'écouter le moindre riff, je savais qu'il s'agirait de thrash/crossover !

fusion bomb - you re a cancer to this world Mince alors, ça vient du Luxembourg. Ça paraît incongru, à brûle-pourpoint, mais pour notre Gui de Champi, rien de plus logique : il joue la carte "thrash brutal de proximité". Pour lui, le Luxembourg (en sus d'un intéressant potentiel de placement de ses liquidités), c'est une zone naturelle de prospection. Quand il part en bagnole faire un saut au Leroy-Merlin de Champigneulles pour remplacer les clous tordus de ses bracelets de force, il suit la Moselle plein nord pendant 150 bornes, emporté dans son élan par la puissance de son CD-R gravé maison des meilleurs morceaux de Testament, et hop, il enchaîne par une visite chez ses potes thrasheurs du Grand Duché, et vazy que tout ce beau monde prend aussitôt la pose en T-shirts aux manches coupées devant des murs de briques, trinque plus que de raison à la liqueur de cassis et passe un excellent week-end. NB : je mentionne les "murs de briques", parce que c'est ce que l'on peut trouver de plus "rock" comme décor au Luxembourg.

Je percute d'entrée sur le fait que Fusion Bomb concluent leur album par une reprise d'Excel (groupe de "fusion" thrash/crossover, précisément, originaire de Venice Beach en Californie, surtout actif dans la deuxième moitié des années 80 - et non pas le logiciel de tableurs mis au point par Microsoft, technologie pourtant très prisée au Luxembourg). Reprendre Excel, c'est évidemment se positionner dans l'héritage fin 80's, et dans l'amour des riffs metal joués avec l'énergie du punk hardcore et la garde-robe du skateboarding. Excel fait partie de la liste des groupes les plus sous-estimés de l'histoire, source d'inspiration (ou carrément pompés) par pas mal de groupes, dont sans doute Metallica pour les plus illustres. Sur l'album original d'Excel, le morceau que reprend Fusion Bomb est celui placé juste avant la reprise par Excel du morceau "Message in a bottle" de The Police, subtilement rebaptisé "Message in the bottle", ruse a priori imparable pour ne pas se faire gauler par les sociétés de droits d'auteur. J'ai gardé mes Excel en version cassette et LP pour vérifier tout ça, et bien m'en a pris, car quand tu tapes "Excel band" sur Google, voilà la réponse que tu obtiens : "accédez à l'onglet Affichage, où vous pouvez figer des volets pour verrouiller des lignes et des colonnes spécifiques, ou fractionner des volets pour créer des fenêtres séparées au sein d'une même feuille de calcul."

Fusion Bomb (trente ans après Excel, donc) jouent un néo-thrash très fidèle aux canons du genre, très puissant et très technique (ils pourraient monter un groupe de death tech dans la foulée, sans souci) quoique totalement générique. Leur fusion penche complètement vers le côté metal, avec moult dextérité et célérité dans le maniement de la guitare électrique - instrument que je soupçonne chez eux d'être en forme de V (et comme dit le proverbe, mieux vaut avoir la guitare en V que la bite en W). Pour ce qui est de leur univers, j'apprécie que le groupe ne soit pas tombé dans le piège caricatural du genre "bières, pizzas et soirées vidéo devant des VHS des Tortues Ninja". Conclusion : merci de m'avoir conseillé ces compos, j'ai apprécié. Si vous êtes dans le délire, retrouvez ces mecs en ligne, ou sous cellophane en format disque compact ou carrément en tant que fans au premier rang des concerts sur les prochaines tournées européennes de Heathen, Death Angel ou Exodus.

J'ai bien téléchargé et écouté la disco de Campaign sur WeTransfer. Pas sans mal d'ailleurs car niveau réseau internet, ma maison est en zone blanche. Ce n'est pas Campaign ici, c'est la Campagne, mec. Après avoir consacré la période entre Noël et jour de l'an à télécharger les fichiers à l'aide d'une clé 4G au débit descendant de 229 KB/s, j'ai pu avoir confirmation de mon intuition : Circus, lui, ne balancerait pas de metal ! Ce qu'il écoute de plus metal, ça doit être Propagandhi, je présume, et peut-être l'album Van Weezer de Weezer ! Je me suis en tout cas adonné à l'écoute de Campaign sans appréhension, totalement mis en confiance par la triple reco Frank + Till + Circus.

J'ai apprécié écouter ce band d'Atlanta, mais je ne pense pas que j'achèterai un jour leurs skeuds, même si je tombe dessus dans un bac à soldes. Je pense que j'en ai eu ma ration, du punk rock des années 2000 avec des "oh oh", des "oh oh oh" et des "oh oh oh oh". Tu vois, sur le EP Beetlejuice, le titre que j'ai préféré est "Old blues", mais dès que les chœurs ont commencé à moduler les "oh oh", ce fut un peu too much pour oim. J'ai trouvé leur Black album (quelle audace, quand même, ce titre) intéressant avec son côté noise... même si on est pas lâché par les "waoh waoh" et les "oh oh oh oh", décidément ! Pour ce qui est du pourcentage de filiation avec Turbonegro, quand on lance l'album Enemies, c'est flagrant (période plutôt Ass cobra). Comme dit maître Folace dans Les Tontons Flingueurs : "y'en a". Bon, plus ça avance, plus ça donne en fait l'impression qu'il pourrait s'agir d'une reprise de Screeching Weasel par Turbonegro.

En tout cas, ce que j'ai entendu me fait visualiser ce que j'imagine être le groupe typique de l'affiche de The Fest à Gainesville (les éditions d'avant le passage aux années 2020, disons). Je serais bien allé en Floride voir ce festival, dont le concept me plaît (le festival idéal pour celles et ceux qui n'aiment pas les festivals). De plus, j'ai toujours eu envie de passer une soirée d'Halloween aux USA ! Il n'est pas trop tard, certes, mais je me suis aussi mis en tête de ne plus prendre l'avion, dans une optique écoresponsable. Je le prendrai probablement encore dans ma vie, je suppose, mais je ferai tout pour m'en passer. Pour aller en Floride, cela impliquerait de naviguer pendant une vingtaine de jours à bord d'un cargo porte-containers entre le port du Havre et celui de Port Everglades. Et une vingtaine de jours de plus pour le retour. Bon, cela ferait une expérience intéressante, à condition de bien s'organiser pour le télétravail. Faut aussi espérer que le cuisinier de bord sera coopératif au niveau des menus vegan, sinon caramba, adieu l'optique écoresponsable ! Écoutez les amis, déjà, je remets la main sur mon gilet de sauvetage, puis je vous tiendrai au courant (au courant nord-atlantique, précisément).

En ce qui concerne mon tuyau, je ne vais quand même pas vous recommander le dernier Maiden ? Ou pire encore, le dernier Gwar ? Bon, les gars, je vais vous mettre entre les pattes ma "feel good music" - celle qui fait de l'effet en cas de p'tit coup de mou, pour reprendre l'expression de Guillaume Circus.

Je sais que Guillaume Circus connaît déjà, car un hasard de la vie nous avait conduit à aller voir ensemble un concert du groupe (peut-être en 2014 à Paris au Nouveau Casino ?). J'avais découvert The Devil Makes Three à l'occasion de leur toute première tournée européenne, qui était en fait une tournée strictement... française... dans des réseaux tout à fait underground. C'était en 2004. Ils étaient revenus l'année suivante, et je les avais interviewés avant leur concert dans une toute petite cave à Bordeaux. L'interview avait été publiée dans le n°6 du zine Kérosène (celui avec Powersolo en couverture), puis rééditée dans le n° "best of" des 10 ans de Kérosène. Ce groupe semblera assez obscur à bon nombre d'entre-vous, je le concède, mais avec les années, il est devenu carrément gros aux USA. Si vous êtes curieux, allez donc mater leurs vidéos sur les tubes (ça vous changera des tuyaux). En tout cas, pour un savoureux mélange de raisons objectives et subjectives, ce groupe est un jour rentré dans la liste de mes groupes préférés, et n'en est plus sorti depuis. Musicalement, j'appelle ça de l'americana. Certains appellent ça de la "country alternative" (ou alt country) mais il me semble que le groupe s'est éloigné de la country depuis un bon moment déjà.

J'espère que vous apprécierez le calme et la solennité des chansons de cet album, y compris quand on n'y entend que des chœurs à peine soutenus par un discret motif d'harmonium. Ça vous paraîtra peut être un peu trop propre, mais puisqu'il est de bon ton d'écouter de nos jours des anciens du punk rock passés à l'interprétation acoustique, autant écouter ces authentiques folk punkers qui sont passés très tôt de l'écoute religieuse de Black Flag à celle des classiques de blues, de old time, de ragtime et de bluegrass ! The Devil Makes Three seront en tournée européenne ce printemps 2023, mais la date la plus proche de chez nous sera au casino de Saint-Nicolas dans les Flandres belges... Hey, j'ai déjà mon billet en poche.

Ah, et Cooper McBean (qui joue du banjo dans le groupe) s'est fait tatouer les lettres V.E.R.M.O.N.T. (son état d'origine) sur le cou et je me demande quelle serait ma vie au niveau des interactions sociales si j'avais sauté le pas et que j'avais orné mon propre cou, dans mes folles années, d'un tatouage P.Y.R.E.N.E.E.S.A.T.L.A.N.T.I.Q.U.E.S. ?

Le plus important :
Ce que j'aime le plus, dans les fanzines comme dans les échanges entre potes, ce sont les recommandations. Que l'on se dise quoi écouter, et pour quelles raisons. Je trouve que cela donne du sens à ce que l'on écoute, et cela aide vraiment à trouver son chemin dans la jungle des propositions musicales qui nous sert de géographie (j'achète encore pas mal de disques sortis récemment, parfois au petit bonheur la chance et je ne suis pas encore lassé d'aller voir des groupes en concert - l'année dernière j'ai même vu Wet Leg et, oh, j'ai aussi vu Testament et Exodus). Bonne Saint-Guillaume à tous, même aux plus païens d'entre-nous ! Saint-Guillaume reconnaîtra les siens ! Continuez à tuyauter avec amour car comme le proclame Antonio Fargas dans La Classe Américaine : « C'est pas une raison, parce que je donne à tout le monde des bons tuyaux, que je mérite pas un peu d'amour ».

The Devil Makes Three - chains are broken Champi : Le monde est fou, mes chers amis. Vous vous rendez compte, se faire tirer, que dis-je, se faire ruser un fanzine sur une table de merch ! Merci pour l'information Monsieur l'enquêteur Gwardeath. Et merci d'avoir disculpé très rapidement Dudu (Guillaume de son prénom, et oui !) : ce n'est pas son genre de faire ça (surtout à ses collègues de prénom et encore plus à son collègue de la technique quand je suis autorisé par le quintet d'Orléans à lancer avec parcimonie des stroboscopes depuis la console lumières pendant les concerts des BH). Et puis, entre nous, il a d'autres cordes à fouetter en ce moment.
Je suis ravi, mon cher Gwardeath, d'avoir visé juste avec Fusion Bomb, groupe dont tu parles (beaucoup) mieux que moi. En même temps, tu parles et écris mieux que la team HuGui(Gui) réunie ! Tu as su, avec exactitude, décrire à ta manière (et quelle manière) la musique du génial quatuor Luxembourgeois. En grattant encore un peu plus, je me suis rendu compte que le groupe avec joué le printemps dernier Chez Paulette (un club mythique perdu dans la pampa Touloise à quelques dizaines de kilomètres de Nancy et donc de Champi) avec Insanity Alert et les excellent Illegal Corpse (dans lequel mon pote Dick - ex The Early Grave / Muscu / True Believers tient brillamment le micro). Comme dirait Jean-Jacques, à nos actes manqués, ohé ohé ! Je te tiens au jus (de tomate ou de banane, au choix) avec un rapport circonstancié quand il m'aura été donné l'occasion de prendre une bonne dose de thrash metôl. Ça ne sera pas du luxe (ou du Lux si je veux maintenir le niveau de ta prose).
Je suis également heureux de savoir que ton tuyau concerne The Devil Makes Three. C'est une semi-découverte pour moi. Car, aussi incroyable que cela puisse paraître, et bien que le nom de The Devil Makes Three ait été détecté par mes radars suite à l'interview du Kero 6, je n'ai jamais pris le temps de jeter une oreille sur le trio américain. Gravissime erreur car l'écoute de Chains are broken me remplit de joie et de quiétude. Et j'imagine que le reste de la discographie, à te lire, est également de qualité. Je vais donc tenter de rattraper le temps perdu et de me plonger sans retenue dans la discographie fournie de Pete, Lucia et Cooper. À en croire mon lecteur de streaming, Chains are broken est le dernier album studio en date. Dès les premières notes du titre ayant donné son nom à l'album, je me suis senti en bonne compagnie. Dès la première écoute, je me suis senti apaisé. Comme si tous mes tracas quotidiens, toutes mes angoisses et mes frustrations s'évaporaient le temps d'un disque. Ça m'a fait le même effet quand j'ai écouté Altitude de Kimon Kirk (et que je vous conseille vivement mes amis). Pour revenir à notre trio du Vermont, rien n'est à jeter, tant tout est limpide : les voix sont chaleureuses, les harmonies lumineuses, le rythme léger mais solide, et les instruments à corde s'accordent à merveille. J'éprouve d'ailleurs un plaisir immense à entendre de la musique (de qualité comme celle-ci) douce à l'oreille et créatrice de frissons qui te parcourent le corps tout entier. Tu l'auras compris, j'adore ton tuyau que je vais poncer sans retenue. J'adore ton tuyau, d'autant qu'à défaut d'être surprenant, il se révèle être d'une majestueuse sensibilité et révélatrice de ta personnalité : attachante. Merci pour tout ça mon cher Gwardeath. Oui, merci.

Circus : Nan mais qu'est ce que je vais bien pouvoir rajouter à tout ça, moi ? Vous avez déjà tout bien balisé les gars. Bon, sauf les balises qu'on met en interne sur le site du Fenec autour des noms d'albums et de groupes, afin qu'ils soient bien référencés et qu'en cliquant dessus, ça te renvoie direct sur les articles des chroniques ou interviews des groupes en question. Je suis clair ? Hum, pas sûr mais en tout cas, celui ou ceux qui vont se coller à cette pénible tâche, à la relecture des huit pages Word de ce HuGui(Gui) au cube et à la mise en page pour le Mag vont bien nous détester. Coucou Ted, coucou Oli, n'oubliez pas qu'on vous aime.
Gui de Champi, j'ai lancé ton Fusion Bomb sur bandcamp. Pas la peine de me prévenir que c'était un tuyau spécifique pour Gwardeath. Entre l'artwork horrifique, la typo du groupe qu'on n'arrive pas à déchiffrer et les têtes chevelues de nos 4 gaillards, j'avais une petite idée d'où je mettais les pieds. Enfin les oreilles. J'ai adoré le premier morceau, ça tabasse, ça dégouline dans le cornet, c'est parfait. En revanche je crois que j'ai pas dépassé la piste 3. Ahaha ! Tiens, petit placement de produit, Ça dégouline dans le cornet c'est le nom d'une émission de radio hebdomadaire du côté d'Angers (coucou Fred, coucou Philippe !), qui existe depuis... pffiou, plus longtemps que le W-Fenec dites-donc ! 1992 ! Et depuis peu, c'est également une webradio qui balance du très bon rock 24h/24. Là aussi y a du tuyau à gogo, n'hésitez pas à fouiner.
Mon cher Gwardeath, effectivement je me souviens très bien de The Devil Makes Three. Enfin plutôt je me souviens t'avoir accompagné à un de leurs concerts parisiens mais le Nouveau Casino ça ne me disait rien. Heureusement, depuis l'été 2011 et mon premier vrai téléphone intelligent, je fais chaque année une note avec le récapitulatif des concerts où je vais. Ça me permet de t'affirmer que c'était très exactement le 8 avril 2015 au Social Club. J'ai donc lancé moi aussi l'album Chains are broken et je dois avouer que la quiétude qui s'en dégage a un effet très relaxant. J'y reviendrai pour sûr. Là, comme ça, à brûle pourpoint, "Need to lose" et "Bad idea" sont les deux titres qui se sont un peu plus démarqués. Tiens, c'est marrant, je me suis replongé dans ton itw "Dans l'ombre" de 2015 pour le Fenec et ton coup de cœur musical du moment était... The Devil Makes Three. T'es un mec sûr et constant, ne change rien.
J'en ai profité pour traîner sur le site (plutôt que de terminer mes chroniques ou ce papier), à cette rubrique donc, en (re)lisant les mises en lumière des personnes que je connaissais. La première que j'ai relue c'est le "Dans l'ombre" de Frank Frejnik en 2014, interrogé par Gui de Champi. Et son coup de cœur musical à lui c'était... Campaign ! Que mister Champi n'avait donc pas daigné creuser, ahaha ! Heureusement que ce Hugui(Gui) existe ! On se chambre souvent dans notre groupe Messenger W-Fenec et l'un des running gags c'est le : « lis le mag ! » quand l'un d'entre nous pense découvrir ou évoque un groupe qui a précédemment été chroniqué. Souvent c'est notre camarade JC qui prend mais là mon Gui tu ne vas pas y couper : lis le mag ! Content que Campaign vous ait plu, malgré le trop plein de "oh oh oh" !
Quant à cette histoire de vol de zine à l'étalage, cela me laisse pantois et je vais donc m'arrêter là. C'était un plaisir endiablé de faire ça à trois (The Devil Makes Three, vous l'avez ?), merci les Gui(Gui), on se retrouve en mode plus classique pour les prochains tuyaux.