Horsegirl - Versions of modern performance Horsegirl est un jeune groupe de Chicago formé par trois filles dont l'une était encore au lycée au moment de la sortie de leur premier album, Versions of modern performance, en juin 2022 sur le mythique label Matador (Algiers, Queens Of The Stone Age, Interpol). Il semble naturel de penser en l'écoutant qu'elles sont tombées au bon endroit tant leur indie-rock partage pas mal de similitudes avec des groupe passés par le label, comme Yo La Tengo ou Sonic Youth. Et c'est encore plus évident lorsque l'on découvre que Lee Ranaldo et Steve Shelley (respectivement guitariste et batteur du dernier groupe cité) participent à la dernière chanson de ce disque, "Billy", et qu'aux manettes de ce premier album se trouve le producteur John Agnello, qui a notamment façonné le son de disques de Dinosaur Jr., Kurt Vile, Capsula, et plus récemment Duquette Johnston. De l'indie-rock, en veux-tu en voilà, si bien qu'on se retrouve renvoyé dans les années 90 avec des mélodies qui nous parlent presque instinctivement.

À commencer par "Anti-glory". Ce titre passant après une introduction ambiant à la fois relaxante et angoissante, faite de nappes et de guitare plaintives, joue sur un couplet motorique avec des voix qui s'entrechoquent puis dérape et lâche ses mélodies sur un refrain absolument magique. Plus on avance dans ce disque, plus on perçoit le rôle important que jouent les guitares dans cette œuvre. Elles peuvent autant former un mur du son plus ou moins épais (le refrain de "Beautiful song", "Bog bog 2"), que venir appuyer une rythmique tenace (notamment sur l'excellente "Option 8" ou "Billy"), ou bien illustrer des ambiances sombres ("The fall of horsegirl") ou lumineuses ("World of pots and pans", "Dirtbag transformation"). Fait drôle, seul "The guitar is dead", comme son nom l'indique, ne présente aucune trace de guitare, remplacée par le piano pour l'occasion. Ce Versions of modern performance est globalement ample en terme de son et rend un bel hommage à cette scène indie 90s avec quelques gimmicks musicaux bien sentis comme ces "ouuuuuuuh" envoyés sur un "Dirtbag transformation (Still dirty)" très Pixies dans l'esprit.

Il n'y a pas grand-chose à lui reprocher au final, on se rassure même de voir que la nouvelle génération continue de s'inspirer dans ce que le rock a donné de meilleur pour nous sortir des galettes dignes d'intérêt. Quand le rock traverse les âges aussi bien, cela nous apporte encore une lueur d'espoir sur le futur de cette scène.