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Interview : hoboken Division, Hobokenterview (juin 2015)

hoboken Division / Chronique LP > Psycholove

hoboken division Psycholove Originaire de Nancy, Hoboken Division est influencé par les mouvances du garage rock, du krautrock et du delta blues. Dans les premières heures, le projet est porté par Camille Rieffly au chant et Mathieu Cazanave à la guitare. Le duo sort un premier EP en 2012. Pour la suite de l'aventure, ils sont rejoints par Thibault Czmil à la batterie. La formation sort ensuite les albums Arts & crafts (2015) et The mesmerizing mix up of the diligent John Henry (2017). Cette année, le groupe présente Psycholove.

Globalement, Hoboken Division revient avec un son très psyché avec bien souvent des ambiances assez lumineuses. "Lover's limbo" est un morceau pop rock qui sème le trouble avec quelques éléments grungy. Dans "Legion", Camille Rieffly s'appuie sur ce type d'ambiance pour poser sa voix envoûtante. Elle conduit ensuite un morceau qui grimpe en intensité. "It ain't moving" suit le même chemin avec quelque chose de plus groovy.

Le groupe aime souffler le chaud et le froid. Les enchaînements "Discipline"/"Légion" ou encore "Fool moon"/"Home" sont surprenants. Nous pourrions dire : deux salles, deux ambiances. Hoboken Division a dans son ADN une part de loufoque. Le clip "Fool moon" met en scène un homme qui suit les cours de fitness de Claudia Schiffer sur VHS pour tuer les heures. Seul titre en français, "Jackie" est paradoxalement celui dont l'univers est le moins abordable.

Psycholove, c'est aussi un certain nombre de pépites. "Discipline" est le morceau le plus sauvage. Il grésille en tout sens. Ici, Hoboken Division donne vraiment l'impression de vouloir sortir des standards radiophoniques. La fin du morceau bascule carrément vers une dimension plus noise. "Twice as sharp" propose une approche plus blues. Un style qui colle à la peau de la chanteuse. Le groupe termine à pas feutré sur "Blue". La note douce de l'album est un beau final.

Publié dans le Mag #62

hoboken Division / Chronique LP > The mesmerizing mix up of the diligent John Henry

Hoboken Division - The Mesmerizing mix up of the diligent John Henry Bonnie & Clyde auraient-ils vécu plus longtemps avec un troisième porte-flingue pour tenir la chandelle ? Malins, les Nancéiens d'Hoboken Division ont en tout cas décidé de transformer leur duo de malfaiteurs en power-gang. Alors que Marie (chant) et Mathieu (guitare) se reposaient jusqu'ici sur une boîte à rythmes parfois handicapante en live, un batteur a en effet été recruté depuis quelques temps. Et comme tout malfrat qui se respecte, il fallait bien qu'il apparaisse enfin sur un album, « for the record ».

C'est chose faite avec ce second album au titre tiré par les cheveux. Un album qui prend donc un peu à revers au premier contact puisqu'on ne retrouve pas les coups de boutoirs métalliques du premier opus. Cependant le son reste rugueux et gentiment saturé. Quant à la frappe elle reste toujours aussi roots tout en se payant cette fois le luxe d'être humaine. D'ailleurs tout est plus humain cette fois-ci, puisque l'on sent bien que les deux autres se sont ainsi libéré de la place et de l'esprit pour explorer d'autres horizons sonores.

Là où Arts & crafts (2015) paraissait plus punk et direct (en réalité plus contraint donc) son successeur se permet de creuser le même sillon en prenant plus de risques. Le trio nancéien révèle alors tout son talent de compositeur et de mélodiste. Un talent qu'on avait certes aperçu auparavant mais qui ici s'exprime pleinement.

Au final on a donc un deuxième petit chef d'œuvre super varié, bourré de bonnes idées et d'arrangements efficaces. On navigue avec aisance entre une intensité bluesy, une énergie grunge, une urgence rock et des vapeurs psychédéliques. Les lignes de chants de Marie marquent la cervelle au burin alors que ses deux comparses tissent une toile aussi compacte qu'aérienne. La guitare chantonne tout autant qu'elle placarde et la batterie sait rester à sa place tout en faisant monter la sauce. Et surtout, cette fois, ça groove pour de vrai !

De quoi donner l'envie d'aller voir très vite ce que tout ça va donner sur scène. Mais attention ! Un batteur c'est sympa, mais contrairement à la beatbox, il boit et quand il boit il accélère !

(Ah et, inutile de le préciser, mais l'artwork de Jean-Luc Navette est encore superbe)

Enjoy plutôt deux fois qu'une !

Publié dans le Mag #30

hoboken Division / Chronique LP > Arts & crafts

Hoboken Division - Arts & Crafts Le blues à deux, c'est mieux. Quatre ans que Marie et Mathieu font du bruit comme cinq. Après un EP en 2012 et de nombreux concerts, il était temps pour le duo nancéien de sortir son premier album. La qualité vient à celui qui sait attendre. On a l'habitude de dire d'un album qu'il ne déçoit pas. Arts & crafts, lui, surprend.

En délaissant les sons radiophoniques pour plonger dans une fosse industrielle en fusion, Hoboken Division s'assume désormais pleinement comme un groupe garage. La prod fangeuse - même si elle empêche parfois Marie de s'approprier toute la place qui lui est due - plonge les chansons du groupe dans un écrin de chaleur aussi gluant qu'envoûtant, leur conférant la magie du mystère et du non-dit. Malgré ce brouillard sonique le duo surnage comme un poisson dans le noir et touche à tout. Il nous entraîne vers des abysses psychédéliques ("Desertion") tout en laissant percer de froides lumières depuis la surface pour ne pas nous étouffer avant la fin ("Everything's fine").

Mais pour se frayer un chemin dans cette soupe primordiale il faut des outils tranchants. Les imposantes boîtes-à-rythmes qui constituent les fondations de cet album s'en chargent. Si elles produisent effectivement le son de forges en action, ce sont des forges fantomatiques, mortes et froides invoquées par les supplications de Marie et les slides telluriques de son acolyte. Malgré cette sensation d'assister à une séance vaudou dans une usine désaffectée de la Lorraine post-industrielle, Arts & crafts, probablement là aussi grâce au chant de Marie, possède une force intimiste, apaisante et douce amère comme la fin d'une histoire sans lendemain. Cette ambiance doit aussi beaucoup à ces superbes mélodies tissées par le duo et enveloppées d'instruments additionnels tout aussi étranges que rassurants.

Autant dire qu'on ne sait jamais trop où l'on va mettre les pieds, l'ensemble étant soigneusement varié et imprévisible. Arts & crafts déclenche chez sa victime une explosion d'émotions et de souvenirs contradictoires avec une inquiétante simplicité. Plus dangereux encore, cette expérience, aussi étrange soit-elle, nous rappelle sans cesse à elle pour nous dévoiler une autre partie de ce qu'elle tenait encore caché jusqu'alors, et ce, semble-t-il, jusqu'à l'infini.

Hoboken Division s'offre avec Arts & crafts le pouvoir de proposer un phénomène qui peut toucher tout le monde tout en étant sombre et étrange et sans que l'on puisse pour autant l'attraper ou même l'identifier. Une musique toute aussi triste que sublime qui tient indéniablement du blues mais qui a eu la bonne idée de s'offrir les armes d'un rock psychédélique essentiel et incontournable. Et surtout, une musique 100 % authentique.