Né en 2004 entre Leeds, York et Leicester en Angleterre, Her Name is Calla est un quintet anglo-saxon a géométrie parfois variable qui se caractérise autant par sa musique, faite de mélodies intimistes et de post-rock "à cordes" évoquant autant GY!BE qu'iLIKETRAINS, que par son étonnante productivité. En effet, après 7 démos et singles autoproduits publiés sous le manteau entre 2004 et 2007, HNIC sort son premier album en 2008 via Denovali Records (The heritage NDR). Celui-ci est alors repressé plusieurs fois un peu partout et permet surtout au groupe d'enchaîner, dès l'année suivante avec un CD/DVD limité intitulé A blood promise puis deux nouvelles sorties courant 2010 : l'EP Long grass puis l'album The quiet lamb.
Infos sur Her Name Is Calla
> Lire la dépêche
> Lire la dépêche
> Lire la dépêche
Her Name Is Calla discographie sélective
lp :
Navigator
...
cddvd :
Kinship : the full cycle
...
lp :
The quiet lamb
...
ep :
Long grass
...
lp :
The heritage
...
Liens Internet
- label-athome.com : site du label
- MusikMania : tabs, paroles, traductions...
- Rock en scène : Webzine Rock, Metal, Fusion du sud de la France
Rock > Her Name Is Calla
Biographie > Maria ?
Her Name Is Calla / Chronique LP > The quiet lamb
Aux frontières du silence, alors même qu'une légère brume ambient enveloppe la nuit, quelques accords de clavier qui résonnent au loin comme dans un halo, "Moss giant", la plage d'introduction de The quiet lamb ouvre l'album en plongeant l'auditeur dans un univers où minimalisme de façade et musique néo-classique règnent en maîtres. Sur "A blood promise", nos hôtes daignent à peine nous jeter un regard pendant de longues et interminables minutes d'un calme presque absolu, pesant sinon énigmatique... jusqu'à ce qu'enfin les premiers sons sortent de l'ombre en prenant la forme d'une brève apartée pendant lesquelles les orchestrations donnent de la voix pendant que le chant laisser enfin parler son humanité... avant de replonger tout aussi mutique qu'au début du morceau, dans le royaume du silence, quelque part entre Amiina, Les Fragments de la Nuit, Sigur Ros et Radiohead.
Une complainte post-rock à cordes portée par une mélancolie déchirante et un chant toujours sur le fil ("Pour more oil"), Her Name is Calla va explorer son univers plus avant avec un "Condor and river" fleuve et pièce centrale de l'album (plus de dix-sept minutes tout de même), s'offrant par la même occasion l'opportunité de se laisser par instants porter par les courants électriques qui balaient de temps à autre une musique où le minimalisme feutré est le plus souvent de rigueur. Pour autant, on le sait maintenant, le collectif anglo-saxon sait également transporter son auditeur dans un autre monde, comme sur "Long grass", déjà présent sur l'EP du même nom, ou "Thief" précieux et envoûtant. Entre les morceaux, deux nouveaux "interludes" (parce-que oui quand ça fait deux minutes ou à peine plus, chez HNIC, on dit que c'est un interlude) et en guise de final : un triptyque répondant au doux nom de "The union". Des arrangements à cordes célestes, des compositions ciselées comme personne, The quiet lamb n'est certes pas forcément facile d'accès, mais une fois que l'on choisi de s'y perdre, c'est là une petite merveille...
Her Name Is Calla / Chronique EP > Long grass
Entre deux albums plus ou moins "long-play", Her Name is Calla ne chôme jamais. Toujours avec un projet de disque ou de tournée dans les cartons, les anglais enchaînent les prestations live, les collaborations (ils ont enregistré cet été un disque avec The Monroe Transfer) et livrent cette fois un EP, Long grass au format vinyle 10''+CD paru chez l'incontournable Denovali Records (Heirs, Mouse on the Keys, Nadja, Omega Massif), préfigurant un nouvel album, sorti quelques mois plus tard (The quiet lamb NDR).
Avec cet opus, le groupe livre trois titres pour une nouvelle escapade au coeur de territoires post-pop/rock à cordes intimistes, aux instrumentations racées et au minimalisme absolu, déjà plus ou moins explorés sur The heritage. Mais ici, on oublie le côté épique et symphonique de l'album précédent pour n'en garder que le raffinement délicat. Morceau-titre de l'EP, "Long grass" est ainsi une merveille du genre. En livrant un morceau qui semble suspendre la courbe du temps, Her Name is Calla distille une musique qui est en prise directe avec l'âme de l'auditeur. Sans la moindre fioriture ou début de superflu, le collectif fait avec peu de choses ce que beaucoup de formations qui leur sont contemporaines auraient fait avec bien plus. Et le résultat n'en est que plus réussi.
Une économie de moyens artistiques qui confère à son oeuvre un esprit de liberté absolue, une écriture toute en subtilité mélodique, évoquant à plusieurs reprises les travaux de Radiohead sans pour autant renier ce qui a fait sa réputation naissante, HNIC ne se cache pas, se met à nu et sublime son art. Brillant... comme sur "A sleeper", où, en raccourcissant considérablement le format, le groupe livre une nouvelle pépite aux accents bucoliques qui ne sont pas sans renvoyer par instants aux passages les plus acoustiques des Islandais volants de Sigur Ros. En guise de final, Her Name is Calla offre "The white and the skin", titre post-folk/pop acoustique intense et déchirant, qui laisse le groupe s'abandonner dans un océan de mélancolie douloureuse avant un final plus enlevé et plus proche de ce à quoi nous a habitué le groupe. Vibrant et (très) classe.
Her Name Is Calla / Chronique LP > The heritage
A la fois épique et brumeux, grandiloquent mais ténébreux, le post-rock à cordes des Anglais de Her Name is Calla s'exprime avec emphase, appuie ses effets de manche et ne lésine pas sur les crescendo sur-saturés pour faire briller sa musique. Mais malgré les risques que ces partis-pris supposent, dans les faits on ne peut que constater l'évidence : cela fonctionne. Et pas qu'un peu. En six mouvements et quelques cinquante et une minutes de musique, c'est à un véritable grand huit musical que l'on assiste, comme une sorte de symphonie post-moderne couplée à un ballet post-rock baroque. Avec "Nylon", le groupe s'offre une ouverture toute en raffinement et élégance mélodique. Le chant y est omniprésent et l'on sent bien les anglais désireux de mettre leurs instrumentations en retrait pour capter l'émotion pure de l'instant présent. Du grand art. Dans l'esprit, on pense alors pas mal à des références comme Codeine, mais Her Name is Calla a encore beaucoup d'atouts dans sa manche pour démontrer que sa science de l'incandescence harmonique et du crescendo ascensionnel peut faire exploser toutes formes de comparaisons trop hâtives. On oublie les étiquettes et on laisse "New Englan" reprendre les bases de son prédécesseur avant de changer de voie pour laisser les crescendo instrumentaux s'emparer de la seconde partie du morceau. A ce moment là, le groupe joue avec les éléments et c'est une véritable tornade post-rock orageuse qui s'abat sur nous sans prévenir. Tensiomètre à son maximum, emballement saturé et atmosphères néoromantiques chargées en désespoir, le morceau exhale alors une atmosphère baroque, presque gothique qui renvoie d'ailleurs au visuel de The heritage. Et Her Name is Calla de s'apparenter à la petite sœur un peu torturée d'iLIKETRAINS, autre collectif post-rock à cordes britannique spécialisé dans les crescendo post-rock brûlants aux harmonies particulièrement ciselées. Ambiances à la noirceur palpable sur "Paying for your funeral" (tout est dans le titre.), saturation oppressante et retenue pudique de rigueur, puis plongée sans filin dans un univers musical labyrinthique, fait de dédales tortueux et de brume sonique angoissante ("Wren"), l'album pousse ses propres limites à leur paroxysme. Arrangements à cordes frénétiques, tempo ralenti et voix légèrement étouffées (on pense étrangement à Radiohead), Her Name is Calla nous entraîne alors dans un océan d'incertitude, fait de questionnement intime et de mélancolie fiévreuse domptée par des orchestrations cuivrées sur lesquelles plane le fantôme de Godspeed You ! Black Emperor. Une poignée de notes qui pleuvent sur un clavier mystérieux, un sens de la dramaturgie parfaitement maîtrisée ("Motherfucker ! It's alive and it's bleeding"), quelques cordes délicatement frottées et des chœurs qui se font toujours plus lointain, une voix qui conduit l'ensemble musical vers des eaux familières de groupes comme At Silver Mt Zion et les entités gravitant tout autours du label Constellation Records, on est en terrain connu. Ou presque. Le temps de se poser la question et c'est une petite lueur d'espoir qui s'extirpe des ténèbres avec "Rebirth" pour refermer l'album. Une manière pour Her Name is Calla de tirer sa révérence en se drapant d'un halo lumineux, avant de s'en aller explorer de nouveaux horizons musicaux...