Noire est la pochette de ce tout premier album où un Roi est transpercé de clefs, encagé dans un cadre rempli de symboles cabalistiques, comme une nouvelle carte de Tarot énigmatique. Noirs sont les thèmes traités dans ce premier chapitre, qui s'interrogent sur le devenir de l'humanité avec une propension à penser que la fin est proche. Noir est le dress code de cette formation montpelliéraine qui a vu le jour (ou plutôt la nuit) en 2021, à l'initiative d'ADG, auteur-compositeur. Noire est l'ambiance déroulée tout au long des huit titres qui composent ce double album dont The cage and the crown : chapter I forme évidemment la première partie. Malgré cette persistance de cette noirceur esthétique, la musique d'Headkeyz, n'est pas à classer dans le black metal ou la dark wave. Le quintet s'oriente plutôt sur un très bon pop rock, plutôt rock que pop d'ailleurs, avec des guitares qui tranchent parfois dans le plus incisif, car il y aura un petit peu de fuzz, voire de psyché, et quelques riffs stoner ou grunge de-ci, de-là.
Pour un premier album, Headkeyz fait preuve d'une très belle maîtrise et d'une production impeccable. Enregistré dans le studio de NB Records, puis masterisé par Jean-Pierre Chalbos au Studio La Source à Paris pour la version CD, et par Howie Weinberg (je donne pas les références, c'est indécent) à Los Angeles pour la version vinyle. Il en ressort 8 titres propres et carrés, qu'on pourrait estimer étonnamment aboutis pour un premier album. Mais Headkeyz ne semble pas avoir besoin de faire des maquettes ou des covers pour exister. Ils savent envoyer un premier single ("Killing god") avec un bon riff de guitare qui accroche les tympans, ils déroulent les titres rock pop toujours nuancés d'influences diverses. Ils peuvent même lâcher une petite instru pertinente ("Ctrl + Z") en fin de LP, ou s'essayer à l'exercice toujours casse-gueule de la petite ballade et en sortir un track impeccable et classe ("Speak"). Bref, ADG aka Adrien Girard (chant et clavier), accompagné de Timothée Bertram (guitare), Baptiste Willaume (guitare), Benjamin Michel (basse) et Sylvain Molina (batterie), ont écrit un très beau premier chapitre, on attend évidemment celui qui viendra clore ce The cage and the crown. Et on espère que la bibliothèque saura se remplir d'autres ouvrages.
Publié dans le Mag #55